Utilisation de produits pour rétrécir le vagin : la mise en garde de la sage-femme Mariam Nonguierma

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De plus en plus, on rencontre sur les réseaux sociaux des groupes privés de femmes dans lesquels elles échangent « des astuces et des secrets sur leur vie intime ». Le plus souvent, ces astuces concernent la toilette intime des femmes, des « médicaments » pour soigner les pertes blanches, les mauvaises odeurs, les démangeaisons et même « des secrets de femmes » pour amener son conjoint au « septième ciel». Ces différentes pratiques se font souvent au détriment de la santé de la femme. 

 

Si ce n’est pas de l’ail, ce sont les clous de girofle que les femmes utilisent soit en bain de siège ou en toilette intime pour soigner les petits bobos qu’elles peuvent avoir. Il y a aussi celles qui ont recours aux « cristaux de menthe », aux « feuilles de djeka », au « gongoli », au « nep nep » pour rétrécir le vagin. Est-ce de bonnes pratiques ? Mariam Nonguierma, Sage-femme et présidente de l’Association burkinabè des sages-femmes, en service au Centre hospitalier universitaire (CHU) Yalgado Ouédraogo, rencontrée le 7 juillet 2020, répond par la négative. « Si les femmes veulent rétrécir leur vagin, qu’elles aillent en chirurgie, sinon il n’existe pas de produits pour faire rétrécir le vagin afin de donner du plaisir au conjoint », affirme-t-elle tout en précisant que le clou de girofle que les femmes utilisent dans leur intimité n’est qu’une fleur que l’on utilise à d’autres fins, mais pour ce qui est de son utilisation dans l’intimité de la femme, ce n’est pas prouvé qu’il ne soit pas toxique pour le vagin. Témoignage à l’appui : « Il y a une femme qui est venue en consultation parce qu’elle a mis des produits dans le vagin. Ces produits ont rongé le vagin. Après interrogation, la patiente a révélé avoir introduit en elle des produits en boule pour rétrécir le vagin. Comme ça sert, c’est devenu des plaies et ça c’est collé. Dans ce cas, il faut faire la chirurgie réparatrice et très souvent elle ne réussit pas. Et cela peut conduire à l’infertilité. Ce sont des cas rarissimes, mais ça arrive ». La présidente de l’Association des sages-femmes est ferme là-dessus : « Il n’y a pas de produits qui, introduits dans le vagin d’une femme, puissent faire jouir un homme. La femme doit simplement connaître son corps et connaître le corps de son conjoint ». Pour celles qui utilisent ces différents produits, Mariam Nonguierma prévient : « Cela peut entraîner des infections parce que ce ne sont pas des produits homologués. Quand il y a relations sexuelles dans un couple, ce sont les deux personnes qui doivent tirer du plaisir, mais pourquoi c’est la femme qui cherche toujours à donner du plaisir à son conjoint au détriment de sa santé ? ».  Une interrogation qui laisse perplexe. En poursuivant, la sage-femme explique qu’en introduisant ces produits dans leur partie intime « les femmes risquent de s’infecter et de se surinfecter ».

« La toilette intime à répétition entraîne des infections »

 Mais qu’en est-il de la toilette intime ? Relativement à cet aspect, la sage-femme fait comprendre que « l’hygiène d’une femme consiste à se laver, laver sa vulve mais non le vagin parce qu’il se nettoie de lui-même. Même les doigts, on ne doit pas les mettre à l’intérieur parce que les mains ne sont pas toujours propres surtout avec les ongles qui retiennent les microbes et autres ». Elle confie qu’il n’y a pas une hygiène particulière pour les femmes à moins qu’il y ait une infection. Quid des produits que certaines femmes utilisent pour leur toilette intime ? Pour Mariam Nonguierma, tous ces produits sont à bannir. Effectivement, « il y en a qui ont des produits de toilettes intimes déposés dans leurs douches avec lesquels elles lavent les parties intimes ». Ce sont des pratiques à éviter sinon elles risquent de perturber la flore vaginale, insinue-t-elle tout en précisant que la toilette intime à répétition entraîne des infections. Et « quand la partie intime de la femme a une forte odeur inhabituelle que la femme elle-même sent et que son conjoint sent, c’est qu’il y a une infection qu’il faut traiter. Dans ce cas, il faut aller en consultation dans une formation sanitaire ».  Même en cas de pertes blanches, la sage-femme demande aux femmes et aux jeunes filles de ne pas paniquer parce que ce ne sont pas toutes les leucorrhées qui nécessitent un traitement, car le vagin n’est jamais sec. S’il est sec, c’est qu’il y a une pathologie, sinon il doit être toujours mouillé. Mariam Nonguierma demande aux femmes et aux jeunes filles d’éviter d’introduire des produits dans leur partie intime dans le but de faire plaisir au conjoint. « Vous allez faire des dépenses inutiles pour payer des produits qui vont vous apporter des maladies », conclut-elle.

 

Par Françoise DEMBELE

 

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