Prise en charge gratuite des enfants diabétiques : une bouffée d’oxygène pour les parents

In A la Une, A propos de

Les enfants diabétiques se sont constitués en association pour une prise en compte de leurs besoins sanitaires. Ils sont soutenus dans ce sens par les ONG Santé diabète et Life for a Child à travers la prise en charge gratuite des enfants diabétiques. Un acte qui soulage les parents car le coût du traitement du diabète, une maladie à vie, est exorbitant. Le 20 mars 2022, Life for a child et l’ONG Santé Diabète ont organisé, pour la première fois, une Journée d’éducation thérapeutique au bénéfice des enfants et adolescents diabétiques.

 

Sous le hangar d’un parc d’attraction situé dans la commune de Saaba, les petits protégés de l’ONG santé diabète et de Life for a child ont élu quartier. Le dispositif est tel que l’on se croirait à un atelier de création tellement les enfants sont studieux. Détrompez-vous, il s’agit d’une Journée d’éducation thérapeutique organisée le 20 mars 2022 par l’ONG Santé diabète et Life for a child au profit d’une quarantaine d’enfants et d’une dizaine de parents. Questions d’aider les enfants et les parents à se « familiariser » avec le diabète et les complications qui peuvent survenir. Le plus jeune des enfants a 6 ans. Il s’appelle Fayçal Traoré. Discrètement, nous prenons sa maman, Mariam Traoré, de côté.

 » C’est à l’âge de deux ans que nous avons découvert que Fayçal est diabétique », confie Mariam Traoré (Ph. DO)

« C’est à l’âge de deux ans que nous avons découvert que Fayçal est diabétique. Quand il était bébé, il était tout le temps malade, je partais prendre des tisanes pour le soigner parce qu’on me disait que c’était telle ou telle maladie mais ça n’allait pas. Il perdait du poids », confie-t-elle. Evidemment, ces tisanes ne pouvaient rien y faire car le petit Fayçal est encore tombé malade. Il a été transporté à la pédiatrie. « Le pédiatre nous a prescrit des vitamines mais ça n’allait toujours pas. J’ai remarqué qu’il pissait beaucoup et il buvait trop. Mais pour nous, c’était la chaleur, jusqu’au jour où ça n’allait plus », avoue la maman. C’est toute désespérée qu’elle a amené son enfant dans une clinique. « Là-bas, ils ont fait un test de glycémie et ils ont découvert qu’il avait un diabète. J’étais choquée.  Il n’avait que 2 ans. J’ai eu tellement mal parce que voir un enfant de son âge atteint du diabète était trop dur à supporter », marmonne Mme Traoré.

 

« Maman, pourquoi c’est moi qu’on pique tous les jours ? Pourquoi pas les autres enfants ? »

 

Dans l’optique de trouver des solutions à la maladie du petit Fayçal, son papa l’a emmené en France pour des consultations. « Quand ils sont revenus, beaucoup de choses ont changé. Il a beaucoup appris sur comment suivre le traitement, comment s’alimenter. Aujourd’hui, tout ce qu’on a fait au cours de la Journée thérapeutique est un acquis pour nous puisque son papa fait tout le temps des recherches sur le diabète et il partage le fruit de ses recherches avec nous », avance-t-elle. Néanmoins, Dame Traoré trouve que « la Journée thérapeutique est une bonne chose car elle permet à Fayçal de savoir qu’il n’est pas seul à vivre avec le diabète ». En effet, « souvent il pose des questions : « Maman, pourquoi c’est moi qu’on pique tous les jours ? Pourquoi pas les autres enfants ? Pourquoi vous-mêmes vous ne vous piquez pas ? ». Le souhait de la maman de Fayçal est que tous les parents qui ont des enfants diabétiques s’informent sur la maladie car eux ils ne pouvaient pas savoir qu’un enfant de deux ans pouvait avoir le diabète. « Au village, on peut attribuer une telle maladie à autre chose », laisse-t-elle entendre. Tout compte fait, elle apprécie énormément le fait que la prise en charge de son enfant diabétique soit gratuite grâce à l’ONG Santé diabète et Life for a child à travers le don gratuit d’insuline, de bandelettes.

Le but du camp, c’est de leur apprendre à gérer leur diabète, à gérer leur médicament, et à gérer leur alimentation (Ph. DO)

 Contrairement à Fayçal, Samira Sawadogo a été dépistée à 19 ans, aujourd’hui, elle en a 24. « Avoir le diabète n’est pas une fatalité. Et je le dis tout le temps à mes petits frères de l’association », soutient Samira Sawadogo, présidente de l’Association des jeunes diabétiques du Burkina Faso. Elle apprécie positivement la Journée thérapeutique organisée au profit des enfants diabétiques et de leurs parents car elle permet aux enfants et aux parents de partager les difficultés qu’ils rencontrent. Au nombre des difficultés que les jeunes diabétiques rencontrent, la présidente de l’association évoque les difficultés d’accès aux médicaments et au médecin. En effet, explique-t-elle, « pour les enfants qui sont dans les autres provinces, certains sont obligés de se déplacer pour venir à Ouagadougou pour voir le médecin et prendre l’insuline, les bandelettes qui sont gratuits mais ils payent les frais de déplacements. Cela devient de plus en plus difficile à cause de l’insécurité ». La preuve est que des enfants diabétiques sont venus de Dori et de Kaya pour participer à la Journée thérapeutique.

Samira Sawadogo, présidente de l’Association des jeunes diabétiques (Ph. DO)

« Je suis très fière des organisateurs de cette activité qui nous accompagne dans toutes les activités que nous tenons d’ailleurs. Et aussi l’équipe des médecins qui sont toujours à notre disposition », se réjouit-elle, car parents et enfants diabétiques sont impliqués. « C’est une très belle activité et elle va permettre aux enfants de pouvoir s’épanouir », mentionne-t-elle. Et visiblement, les enfants aiment bien cette activité. « C’est la première fois que nous recevons les enfants dans un cadre hors hospitalier pour une Journée d’éducation thérapeutique. Nous souhaitons que l’activité se pérennise et soit organisée de manière régulière », affirme Dr Patrice Sawadogo, endocrinologue en médecine interne au Centre hospitalier universitaire Yalgado Ouédraogo (CHU-YO).

 

Apprendre aux parents des enfants à vivre avec le diabète

 

A entendre Dr Sawadogo, il y a un suivi régulier des enfants diabétiques et dans le cadre de Life for a child, de l’insuline, des intrants pour contrôler la glycémie, sont offerts aux enfants diabétiques pour qu’ils puissent bien se prendre en charge.  « Et un contrôle se fait une fois par trimestre pour nous assurer que le traitement est bien fait », insiste-t-il. De son avis, « cette prise en charge permet aux enfants diabétiques d’avoir une bonne espérance de vie, de vivre avec le moins de possibilité de faire des complications et d’avoir des handicaps ». Mais Dr Patrice Sawadogo énonce quelques difficultés qui plombent souvent leurs efforts. « Les enfants sont confrontés à un niveau de vie très bas. Donc, ils n’ont pas accès tout le temps à ce qu’il faut comme examen paraclinique. A part la glycémie et l’hémoglobine glucosé qui sont entièrement pris en charge, il y a d’autres examens que l’on demande parfois et qui ne font pas partie de la gratuité », déplore Dr Sawadogo qui affirme qu’il y a également un problème de distance qui se pose parce qu’il a un patient qui habite la ville de Dori, à plus de 200 kilomètres de Ouagadougou.

Dr Patrice Sawadogo, endocrinologue (Ph. DO)

« S’il doit faire toute cette distance pour se faire prendre en charge, ce n’est pas évident dans ce contexte d’insécurité », fait remarquer Dr Sawadogo. Et à Dr Yempabou Sagnan,  endocrinologue au Centre hospitalier universitaire (CHU) Sourou Sanou de Bobo-Dioulasso, de préciser qu’il y a plusieurs sites de prise en charge. « Les principaux sont Ouagadougou, Bobo-Dioulasso et il y a des sites accessoires où il y a des médecins internistes et diabétologues. C’est Ouahigouya, Tenkodogo, Koudougou, Fada N’Gourma », énumère-t-il. A en croire Dr Sagnan, dans la prise en charge du diabète, qu’il soit de l’adulte ou de l’enfant, il ne s’agit pas simplement de donner des médicaments, il s’agit d’apprendre aux parents des enfants à vivre avec le diabète parce que le diabète des enfants est dû à un manque d’insuline. « Et comme nous leur apportons de l’insuline en médicament, il faut qu’on leur apprenne à gérer cette insuline et également à gérer l’alimentation », argue le co-responsable de la prise en charge du diabète de l’enfant au Burkina Faso. En somme, dit-il, « le but du camp, c’est de leur apprendre à gérer leur diabète, à gérer leur médicament, et à gérer leur alimentation en sachant que c’est une alimentation qui doit rester normale comme les enfants qui n’ont pas de diabète ».

Le père de Zeinab apprécie positivement l’aide de l’ONG Santé Diabète et Life for a child (Ph. DO)

Le père de Zeinab, âgée de 12 ans et diabétique, apprécie positivement l’aide que l’ONG Santé diabète et Life for a child leur donnent à travers la gratuité des médicaments contre le diabète. Il a demandé aux parents des enfants qui ont le diabète de bien vouloir s’adresser aux agents de santé pour un traitement adéquat de leurs enfants.

 

Françoise DEMBELE

 

You may also read!

Lutte contre le paludisme : Le vaccin antipaludique R21/Matrix-M™ reçoit une autorisation de mise sur le marché au Burkina

Ceci est un communiqué de presse publié le 23 juillet 2023 par l’Unité de recherche clinique de Nanoro de

Read More...

Pr Georges  Ouédraogo : «Fumer favorise l’augmentation de la glycémie»

Diabète et tabac ? Peu de gens savent que « le tabagisme est diabétogène ». Dans cette interview, Pr Georges Ouédraogo, coordonnateur

Read More...

Centre de radiothérapie de Bogodogo : « Il y est prévu la gratuité des soins pour une catégorie de malades », dixit le premier ministre Apollinaire Kyelem

Le premier ministre Apollinaire Kyelem a exposé la situation de la nation à l’Assemblée législative de transition (ALT), ce

Read More...

Leave a reply:

Your email address will not be published.

Mobile Sliding Menu



GRATUIT
VOIR