Enseignement de l’éducation sexuelle au secondaire : le module qui divise

In A la Une, Santé de la reproduction

Il est prévu par le ministère en charge de l’éducation nationale, l’introduction de modules portant sur l’éducation sexuelle dans les curricula d’enseignement pour promouvoir la santé sexuelle et reproductive des jeunes en milieu scolaire. Des élèves, parents et enseignants, à Koudougou et à Ouagadougou, se prononcent sur le module en question.

De jeunes filles enceintes au premier cycle, Véronique Bonkoungou, élève en classe de 1ere  au lycée municipal de Koudougou, en connaît dans son établissement. Et de son avis, ce n’était pas le moment pour ces filles de tomber enceintes parce que non seulement, elles sont jeunes mais aussi elles seront peut-être obligées d’abandonner l’école pour s’occuper de leurs bébés quand elles vont accoucher. Véronique Bonkoungou pense qu’elles sont dans cette situation parce qu’elles sont ignorantes ou ont été négligentes ou qu’elles n’ont pas écouté les conseils de leurs parents. Véronique prend le soin de noter que chez elle en famille, on ne parle pas de sexualité. Mais elle dit en savoir un peu sur la santé sexuelle et reproductive des jeunes parce que des structures sont passées dans leur établissement pour s’entretenir avec les élèves à propos de cette thématique, mais ce n’est pas suffisant. Selon elle, l’introduction d’un module sur la santé sexuelle et reproductive des jeunes est une bonne chose à condition que ce module ne soit pas enseigné au premier cycle.

Tegawendé Ramdé, étudiant : « il serait bien que le module soit enseigné à partir de la classe de 4e (Ph. FD)

Tegawendé Ramdé, étudiant en deuxième année de géographie à l’Université Norbert Zongo de Koudougou, est partiellement du même avis. Pour lui, il serait bien que le module soit enseigné à partir de la classe de 4e et non à partir de la classe de 6e parce que cela « va contribuer à pervertir les élèves ». Une position que Osée Zongo, élève en classe de 5e au Lycée privé Pengdwendé de Koudougou, ne partage pas. Lui, il aimerait que ce module soit introduit à partir de la 6e pour permettre aux élèves d’être sensibilisés dès le premier cycle. Rahim Ouédraogo, élève en classe de 2nde au lycée privé Le Réveil à Ouagadougou, lui aussi, aimerait avoir une matière relative à l’éducation sexuelle pour comprendre certaines choses dont il n’ose pas parler avec ses parents.

Osée Zongo, élève en classe de 5e, aimerait que le module soit enseigné à partir de la classe de 6e (Ph.FD)

Si pour les élèves l’introduction du module dans les curricula d’enseignement au secondaire, peut être salutaire, il en va autrement pour une parente d’élève qui préfère garder l’anonymat. « Soit cela va contribuer à les (les élèves) pervertir davantage, soit cela va les mettre sur le droit chemin », confie-t-elle tout en ajoutant « que cela dépendra de l’âge auquel les élèves seront soumis à ce module ». En tout état de cause, elle affirme que « parler de sexualité aux jeunes de nos jours, c’est vraiment délicat mais les parents doivent s’y mettre, parce que c’est important d’en parler ».

Et si ce module doit intervenir dans le programme d’enseignement, la dame souhaite « que le ministère de l’Education encadre ce module par des garde-fous ». Adama Kaboré, enseignant au Complexe scolaire L’Aurore, veut aussi qu’il y ait des garde-fous mais pas pour les mêmes raisons. En effet, pour lui, les garde-fous qu’il faut mettre en place pour contenir les dérives comportementales des jeunes en matière de santé sexuelle et reproductive, c’est l’introduction du module sur l’éducation sexuelle. Et il s’explique.  « Etant donné que de nos jours les parents se sont lancés dans une course effrénée du gain matériel et financier et qu’ils n’ont pas le temps pour les enfants à la maison, étant donné que l’éducation sexuelle dans nos sociétés africaines constitue un sujet tabou, note Adama Kaboré, l’introduction du module d’enseignement portant sur l’éducation sexuelle sera la bienvenue en ce sens qu’elle permettra de combler un vide ».

Adama Kaboré pense que l’introduction du module d’enseignement portant sur l’éducation sexuelle sera la bienvenue

Et comme les enfants sont laissés à eux-mêmes, avec des téléphones comportant plusieurs applications, l’enseignant affirme que par ce canal, les enfants ont accès à internet notamment les sites pornographiques. C’est pourquoi, selon lui, il faut mettre en place des garde-fous pour contenir les dérives subséquentes. Même si Adama Kaboré convient que parfois dans le milieu scolaire, il y a des conférences qui sont organisées par des structures étatiques et associatives dans le sens de la sensibilisation de la jeunesse scolaire, il déclare que ces actions ne sont pas suffisantes. « Donc, il faut des mesures idoines permettant au quotidien d’instruire la jeunesse et de lui montrer ce qu’il faut faire pour éviter d’exposer sa sexualité », a-t-il conclu.

 

Françoise DEMBELE

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