Diabète infantile : quand une mère ignore que sa fille souffre du type 1

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Le diabète de l’enfant est encore mal connu aussi bien au niveau des agents de santé qu’au niveau de la population. En 2017, 10 859 nouveaux cas de diabète ont été recensés en consultations externes dans les formations sanitaires dont 45 cas chez les enfants de moins de 15 ans. Sur ces lignes, Mamata Kaboré/Kaoulobou trace les péripéties par lesquelles elle est passée pour enfin découvrir que son enfant de 17 ans souffre de diabète de type 1, le diabète des enfants.

« Je n’avais jamais entendu parler de diabète pourtant ma fille présentait les signes du diabète. Quand on est arrivé à l’hôpital, j’ai vu les affiches et je me suis dit que s’il y avait eu une communication ou une sensibilisation grand public, j’allais automatiquement faire dépister mon enfant pour voir si ma fille avait le diabète », affirme  Mamata Kaboré/ Kaoulobou, la mère de Fatim, une adolescente, actuellement âgée de 18 ans. Au début de la maladie de son enfant, Dame Kaboré a pensé à un paludisme. Elle a donc administré à l’enfant un traitement de paludisme de trois jours sans succès.  Au contraire, l’enfant maigrissait et son ventre enflait. Elle expose le problème à une sage-femme qui lui donne des bulletins pour faire des examens de sang et autres. Elle amène l’enfant à l’hôpital pour les différents examens. « Il y avait une sœur assise à l’entrée de l’hôpital. Elle m’interpella sur le fait que l’enfant a du mal à marcher. Quand elle m’a dit cela, j’ai commencé à m’inquiéter un peu », déclare-t-elle. C’est ainsi que la sœur est allée prendre une poussette pour que l’enfant puisse s’installer afin que l’on amène en salle d’examen pour faire l’échographie. En salle d’échographie, on me dit qu’on ne voit rien dans le ventre de l’enfant. Pendant ce temps, en plus de la difficulté pour marcher, l’enfant a des problèmes pour respirer. A l’hôpital, on conseille à madame Kaboré d’aller consulter chez un médecin étant donné que les bulletins d’examens ont été délivrés par une sage-femme qui n’est pas habilitée à gérer une telle situation. L’enfant et la mère décident de retourner à la maison vers 10h pour reprendre des forces et repartir en consultation chez un médecin. « Je l’ai installée et je lui ai donné du café avec du sucre, je lui ai donné des bananes aussi. L’enfant a mangé tout cela », confie la mère. Après, elle a amené l’adolescente en consultation chez le médecin alors qu’elle était mal en point.  Quand elles sont arrivées à la clinique, le médecin les a rassurées qu’il peut gérer la situation. Malheureusement aux environs de 14h, les jambes de la jeune fille ne pouvaient plus la soutenir. Après cela, l’état de santé de la petite Fatim ne faisait que s’aggraver. Jusque-là, on ne sait pas de quoi l’enfant souffre. Commence alors, une soirée cauchemardesque pour la famille de la jeune Fatim qu’on évacue à la pédiatrie.

Au début de la maladie de son enfant, Dame Kaboré a pensé à un paludisme (Ph. OD)

« Quand on est arrivé à la pédiatrie, ils nous ont dit qu’ils n’ont pas de places et de grouiller arriver au CMA. C’est quand on partait au CMA du 30 que l’enfant est tombé dans le coma. Arrivées au CMA, ils nous disent qu’ils n’ont pas de place. Ma copine dit qu’on ne peut plus bouger parce que l’enfant a perdu connaissance. C’est là qu’ils nous ont dit que si nous avons un pagne de le coucher à terre. Ils ont examiné l’enfant et ils ont vu qu’il respirait toujours, ils ont libéré un malade et ils ont mis l’enfant sous gaz », relate Dame Kaboré. Comme les parents de la fille avaient les résultats des examens du matin, cela a guidé les agents de santé du Centre hospitalier universitaire de Bogodogo (CHU-Bogodogo) ex-CMA du 30. Ils ont fait un prélèvement pour envoyer au laboratoire afin de confirmer les résultats du matin. « C’est vers les 22h qu’on a eu les résultats. Ils ont dit que c’est le taux de sucre qui est élevé. On nous a fait payer l’insuline et tout ce qui va avec ; Ils ont commencé à faire des injections à l’enfant. Vers 1h du matin, ils ont pu détecter un chiffre qui était à 35. Et sur la base de cela, ils ont continué à faire les injections d’insuline pour faire baisser le taux de glycémie de l’enfant. Durant toute la nuit, ils contrôlaient et piquaient l’enfant. Vers 4h du matin, l’enfant commençait à reprendre conscience. C’est ainsi que j’ai su que ma fille avait le diabète. C’était le 23 octobre 2019 », soupire Mamata Kaboré/ Kaoulobou.

Selon Dr Yempabou Sagnan les principaux signes du diabète de l’enfant se résument, entre autres, en une envie d’uriner plusieurs fois (Ph. OD)

Et pourtant « le diabète de l’enfant se manifeste toujours par des signes bruyants », martèle Dr Yempabou Sagnan, endocrinologue au Centre hospitalier universitaire (CHU) Souro Sanou de Bobo-Dioulasso. Selon le médecin, les enfants font généralement un diabète de type 1 tandis que les adultes font le diabète de type 2. Selon les explications de l’endocrinologue, les principaux signes du diabète de l’enfant se résument, entre autres, en une envie d’uriner plusieurs fois. Et quand ce sont les petits enfants, le signe qui alerte c’est un enfant qui ne faisait pas pipi au lit et qui recommence à faire pipi au lit. Dr Sagnan souligne que les signes du diabète de l’enfant sont la fatigue, la soif. Il fait remarquer que le signe qui peut alerter est le fait que l’enfant mange beaucoup mais il perd du poids. « Dans la prise en charge du diabète de l’enfant, il ne s’agit pas simplement de donner des médicaments, il s’agit d’apprendre aux parents et aux patients à vivre avec le diabète surtout que le diabète des enfants est dû à un manque d’insuline », indique Dr Yempabou Sagnan. Tout compte fait, le médecin invite la population à se rendre rapidement dans un centre de santé, en cas de signes qui alertent, pour qu’on puisse examiner l’enfant et vérifier s’il s’agit d’un diabète.

Par Françoise DEMBELE

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