ARTHROSE OU ARTHRITE : POURQUOI FAUT-IL LES DISTINGUER ?

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Arthrose ou arthrite ? Maladie chronique ou maladie aiguë? Quel diagnostic est-il préférable de s’entendre poser face à des douleurs articulaires? Les Anglo-Saxons, qui englobent les deux termes avec arthritis, ne font pas cette distinction, pourtant significative à la fois sur le plan clinique et en termes de santé publique. Ils comptabilisent 25 % de personnes atteintes de douleurs articulaires, dont au final deux tiers sont atteintes d’ostéo-arthrite – l’arthrose – que certains considèrent comme inévitable puisqu’elle est liée au vieillissement des cellules du cartilage. Arthrose ou arthrite, ces deux rhumatismes n’ont pas la même évolution, donc pas les mêmes traitements.

L’arthrose, qui touche 17 % de la population en France, est en effet une maladie chronique qui, une fois enclenchée, poursuit inexorablement son évolution et dont le traitement reste aujourd’hui symptomatique. L’arthrite regroupe un ensemble de maladies inflammatoires plus rares – la plus fréquente touche 0,4 % de la population -, plus intenses et plus graves puisqu’elles peuvent être mortelles et qui touchent des patients plus jeunes. Elle a bénéficié, au cours des dix dernières années de progrès thérapeutiques significatifs qui permettent de ralentir et même de prévenir son évolution et de sauver des vies.

Une simple radio

Les rhumatologues français ont établi une différence entre ces deux maladies de l’articulation dans les années 1930, sur la base des symptômes et de l’évolution qui, aujourd’hui encore, sont essentiels dans un diagnostic différentiel qui nécessite peu d’examens. «Inutile de charger le patient et la Sécurité sociale d’examens lourds comme le scanner ou l’IRM, qui ne donnent aucune information pertinente », martèle le Pr François Rannou, responsable du service de rééducation à l’Institut de rhumatologie de l’hôpital Cochin, à Paris, de même que tous les spécialistes interrogés… «Quelques questions offrent déjà des réponses importantes, à la fois pour le diagnostic et la prise en charge.»

Des douleurs chez une femme plutôt jeune, située plutôt dans les doigts des deux mains, qui la réveillent la nuit avec des articulations qu’il faut longuement «dérouiller» tous les matins, aiguilleront déjà le médecin vers une polyarthrite. À l’opposé, des douleurs présentes uniquement d’un côté chez un patient de plus de 50 ans et qui s’aggravent en utilisant l’articulation l’orienteront plutôt vers l’arthrose.

Le médecin généraliste ou le rhumatologue pourra prescrire une simple radio des seules articulations douloureuses, qui peut révéler un pincement articulaire et des modifications de la structure osseuse, ainsi qu’un bilan sanguin destiné à identifier des facteurs d’inflammation comme la C-Réactive Protéine, le facteur rhumatoïde, ou divers anticorps présents en cas d’arthrite.

Chez le rhumatologue bien équipé, la ponction du liquide synovial d’un genou gonflé sera même suffisante pour compter les cellules au microscope et orienter instantanément le diagnostic: un petit nombre de cellules synoviales et de lymphocytes signe la présence d’une arthrose alors que de nombreux polynucléaires signalent une arthrite inflammatoire ou septique.

Traiter les symptômes

«Jeter le liquide synovial est un crime», insiste le Pr Pascal Richette, responsable du service de rhumatologie de l’hôpital Lariboisière, à Paris. D’autres examens permettent en effet d’identifier une infection ou des cristaux, autres causes d’arthrite. Ces biomarqueurs objectifs permettent également d’éliminer les douleurs liées à une fibromyalgie afin d’orienter ces patients dans une direction plus appropriée.

L’arthrite se caractérise par un niveau d’inflammation très élevé qui concerne la membrane synoviale, le cartilage étant parfois endommagé par «contact» avec cette inflammation. Dans les formes auto-immunes, d’origine génétique, l’évolution est souvent rapide, sur quelques années, et remet rapidement et parfois radicalement en question la qualité de vie du patient. Les traitements s’attaquent de manière plus ou moins ciblée à cette inflammation systémique d’origine immunologique et peuvent conduire, désormais, à une rémission complète.

L’inflammation également présente dans l’arthrose est de bas grade, évoluant sur des dizaines d’années et peut être prise en charge par des traitements moins lourds. Cette maladie du vieillissement se produit le plus souvent après 50 ans et/ou chez des patients atteints d’obésité. Elle est parfois qualifiée à tort de maladie de l’usure alors qu‘«une activité régulière qui favorise une activité anabolique dans le cartilage et une musculature tonique qui protège l’articulation prévient son apparition et son aggravation», rappelle le Pr Jérémie Sellam, du service de rhumatologie de l’hôpital Saint-Antoine, à Paris.

Une information essentielle en termes de prévention mais également pour le traitement: les médicaments disponibles ne permettent, aujourd’hui, que de traiter les symptômes de l’arthrose.

Source : Santefigaro

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