Grève du syntsha : mot d’ordre diversement suivi à ouaga

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Pour soutenir un camarade du nom de Nonguezaga Kaboré, infirmier de son état, poursuivi pour non-assistance à personne en danger, le Syndicat national des travailleurs de la santé humaine et animale (SYNTSHA) a décrété un mot d’ordre de grève de 24 heures. Pour constater l’effectivité de ce mot d’ordre, nous avons sillonné quelques formations sanitaires de la ville de Ouagadougou, le 31 janvier 2018 dans la matinée. Constat !

 Il est 8h30mn au CSPS (Centre de santé et de promotion sociale) du secteur 30 de Ouagadougou, quand nous y mettons pied. De prime à bord, pas de signe visible de grève. Dès l’entrée de la salle de consultation, nous constatons un attroupement de jeunes filles en blouses. Ce sont des stagiaires. On les reconnaît facilement à l’écriteau indiquant leur école de provenance, figurant sur leur blouse, côté cœur. Au fur et à mesure que nous avançons, nous sommes envahis par les odeurs de médicaments. Nous voyons des malades en attente de soins. Mais quand nous débouchons sur la salle d’attente de la consultation générale, nous sommes accueillis par un monde fou. Tous les bancs sont occupés. Dans la salle d’attente, une stagiaire est chargée de prendre la température et le poids des patients. Et ceux-ci entrent à tour de rôle pour se faire consulter. Nous nous introduisons dans la salle de consultation. Là, nous sommes face à l’équipe qui consulte : nous déclinons notre identité et la raison de notre présence au CSPS. Toute chose qui a entraîné un déclic au sein du groupe. Et rapidement, comme pour se débarrasser de nous, une voix nous indique que personne n’est habilité à nous répondre si ce n’est le major. Alors nous progressons vers le bureau du major, mais il n’y est pas. Nonobstant l’absence du major, nous décidons de faire le tour des services du CSPS. Tous les services affichent complet ; du dispensaire au service de la  SMI (Santé maternelle et infantile), en passant par la maternité et le service de planification familiale. « Tout fonctionne », nous confie un interlocuteur qui est finalement venu à nous. Désirant garder l’anonymat, cet agent de santé nous confie que « cette fois-ci, la grève du SYNTSHA est inopportune ». Pour lui, « nul n’est au-dessus de la loi, et le syndicat aurait dû attendre la décision de Justice, selon qu’elle est favorable ou défavorable à leur camarade incriminé, au lieu de décréter le mot d’ordre le jour même du jugement». En tout cas, « s’il est condamné, on va en grève. On fait bloc derrière lui», lance-t-il. C’est sur cette confidence que nous prenons congé de notre interlocuteur. Nous mettons le cap sur l’Hôpital de district de Bogodogo. Là-bas, nous sommes reçus par la Directrice générale dudit Hôpital, Diane Kaboré.  A l’entendre, « des dispositions ont été prises pour que ceux qui souhaitent observer le mot d’ordre de grève puissent le faire, mais en même temps que nous puissions éviter toute casse en faisant en sorte qu’il y ait un service minimum au niveau des services d’urgence, des services d’hospitalisation et des services médicotechniques qui sont la plateforme d’aide au diagnostic ». Comment cela est-il organisé ?

Diane Kaboré, Directrice générale de l’hôpital de district de Bogodogo (Ph.E.Kafando)

 

La Directrice générale explique : « Pour le cas d’espèce, nous avons procédé à des réquisitions d’un certain nombre d’agents pour dispenser le service minimum au niveau de l’hôpital, afin qu’il n’y ait pas de rupture de soins. Et ceci s’est fait à 00h. Nous avons procédé à la remise d’un certain nombre de réquisitions à des agents de garde pour que les soins puissent se poursuivre jusqu’à la fin de la garde ». Et la Directrice de faire le point. Elle estime qu’au niveau des urgences médicales, il y a une équipe constituée de médecins, d’infirmiers et de personnel de soutien (garçons et filles de salle). Pour constater de visu la situation, nous nous sommes rendus aux urgences médicales. Et là, Dr Salifou Napon, Chef de service aux urgences médicales, nous informe que la grève a un impact sur le service, parce qu’il y a certains agents qui ont respecté le mot d’ordre  et d’autres ont été réquisitionnés pour offrir le service minimum aux patients.

Dr Salifou Napon, chef de service urgences médicales

A la question de savoir si le service n’est pas débordé, Dr Napon répond par la négative. « Je ne sais pas si les patients sont informés qu’il y a grève mais curieusement, l’affluence a diminué par rapport aux autres jours », confie-t-il. Des urgences médicales, nous mettons le cap sur les urgences pédiatriques. Dès la porte du service, nous sommes accueillis par les odeurs de médicaments et autres. Nous longeons un couloir  où l’on peut apercevoir « les petits patients » couchés sur les lits et leurs mamans à leur chevet.

La surveillante d’unité de soins, Lise Ouattara (Ph. E.Kafando)

Au bout du couloir, nous rencontrons la surveillante d’unité de soins, Lise Ouattara. « Quelles sont les conditions dans lesquelles vous travaillez ? », lui avons-nous  lancé? « Nous travaillons difficilement, parce que beaucoup d’agents sont en grève. Tous les lits sont pleins », nous révèle cette dernière. Si l’Hôpital de district de Bogodogo fonctionne avec un service minimum, au Centre hospitalier universitaire Yalgado Ouédraogo, il en va tout autrement. A 11h, nous apercevons toujours au sein de certains services, quelques malades désabusés, murmurer leur déception. Au service de la chirurgie cervico-faciale, toutes les portes sont fermées. Le vigile, vautré dans un coin et qui semble s’ennuyer, nous informe qu’« ils sont là mais ne travaillent pas ». Même constat au service d’ophtalmologie où portes et fenêtres sont fermées. Sur notre trajectoire, nous rencontrons un patient en ophtalmologie, qui souhaite garder l’anonymat. Pour lui, la grève du SYNTSHA peut être appréciée diversement, selon le camp dans lequel on se trouve. Le patient en question a déploré le fait qu’il n’y ait même pas de service minimum pour offrir les soins aux malades. Au sein du service de néphrologie, l’heure n’est pas à la grève, ni au service minimum. Nous constatons que personnel soignant et patients, aux mines défaites, sont là. Et jusqu’à midi, certains patients attendaient toujours d’être reçus en consultation.

 Françoise DEMBELE

 

 

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