Vaccins : une assurance-vie pour l’humanité

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La France se méfierait davantage des vaccins que plus de 140 autres pays, selon une enquête mondiale sur les attitudes du public à l’égard de la science et de la santé humaine, publiée le 19 juin 2019. Pourtant, les vaccins ont largement contribué à l’allongement de l’espérance de vie et à l’amélioration de sa qualité, et ce, à moindres coûts. La vaccinologie et l’immunologie sont aujourd’hui confrontées à des défis tant sur les plans sociétaux et technologiques qu’au niveau des innovations scientifiques. Dans un article publié fin 2018 dans le Journal of Experimental Medicine, des chercheurs de l’Istituto Pasteur Italia Fondazione Cenci Bolognetti (membre du Réseau International des Instituts Pasteur) expliquent pourquoi les vaccins constituent une ceinture de sécurité et une assurance-vie pour l’humanité.

L’étude Wellcome Global Monitor, qui vient d’être publiée le 19 juin 2019, montre que la France se méfie davantage des vaccins que plus de 140 autres pays. Il s’agit de la plus grande étude au monde sur l’opinion des citoyens à propos de la science et des grands défis de la santé. Elle interroge plus de 140 000 personnes de plus de 140 pays. Interrogé récemment dans Science, Olivier Schwartz, directeur scientifique de l’Institut Pasteur à Paris, n’est pas surpris par les résultats de l’enquête et souligne que les opinions ne sont pas toujours corrélées au comportement, car « c’est le paradoxe français (…), la couverture vaccinale reste élevée. » Le journal précise que « parmi les parents français interrogés, 91% déclarent que leurs enfants sont vaccinés, ce qui correspond à la moyenne mondiale de 92%. » (extrait du journal Science). Pour pallier cette méfiance à l’égard de la vaccination, un point essentiel est de bien informer le grand public : « On se vaccine pour se protéger individuellement, certes, mais aussi et surtout pour protéger les autres », nous rappelait en juillet 2017 le Pr Philippe Sansonetti, chef de l’unité de Pathogénie microbienne moléculaire, alors que des professionnels de santé se mobilisaient en France pour soutenir le projet de l’Etat de rendre 11 vaccins obligatoires pour les tout-petits. « Pour protéger en particulier les plus fragiles : les enfants et les personnes âgées (dont la proportion ne fait qu’augmenter dans la population française), les femmes enceintes, les personnes immunodéprimés qui suivent des thérapies anticancéreuses par exemple, et qui ne peuvent pas se faire vacciner pour des raisons médicales. C’est pourquoi je ne suis pas « pro-vaccin », mais « pro-santé de l’enfant » ! Et la protection collective renforce aussi les chances d’élimination de certaines maladies infectieuses. » En 2017, Philippe Sansonetti a publié un livre (Vaccins, Ed. Odile Jacob), un cri d’alarme puissamment argumenté rappelant l’efficacité des vaccins.

Il se trouve que, depuis le début du 20e siècle, nous vivons mieux et plus longtemps. L’espérance de vie est, en effet, passée de 40 à 80 ans dans les pays développés et a également progressé, dans une moindre mesure, dans les pays en voie de développement. « Les vaccins ont joué un rôle majeur dans cette évolution sans précédent dans l’histoire de l’humanité », déclare Angela Santoni, directrice scientifique de l’Istituto Pasteur Italia Fondazione Cenci Bolognetti (membre du Réseau International des Instituts Pasteur)

Les vaccins constituent, en effet, une redoutable défense sanitaire. Tous les chiffres montrent que le moindre dollar investi dans le développement de vaccins permet au système de santé d’économiser 10 à 44 $ (pour 1$ investi). On estime, de plus, à 25 millions le nombre de décès évitables entre 2010 et 2020 grâce aux vaccins, soit cinq vies sauvées par minute. Pourtant, aussi efficaces soient-ils, les vaccins se heurtent à une opposition croissante, en particulier dans les pays en voie de développement.

Le paradoxe du vaccin

Plusieurs raisons expliquent la récente vague de scepticisme vis-à-vis des vaccins. En premier lieu, les vaccins, victimes de leur propre succès ont nourri, dans le monde développé, l’idée que les maladies infectieuses ne représentaient plus une menace. Par ailleurs, des informations mensongères, telles que le lien entre les vaccins et l’autisme, sont diffusées en masse sur Internet (et notamment les médias sociaux) et trouvent un écho tant auprès d’un public non initié qu’au niveau gouvernemental. D’autres croyances circulent également, comme celle reposant sur les bienfaits du « naturel », qui conduit certains à penser que des maladies, à l’instar de la rougeole, constituent une sorte d’entraînement immunitaire. Ils ne tiennent toutefois pas compte de la capacité immunosuppressive colossale des pathogènes. « II est de la responsabilité sociétale de la communauté scientifique de réagir et d’œuvrer pour que tous comprennent l’importance de la vaccination. À cet égard, il est réconfortant de constater l’engagement des membres des sociétés nationales et internationales d’immunologie dans des missions pédagogiques auprès du public profane et leur prise de position ferme sur les questions politiques », souligne Angela Santoni.

Un pilier de la santé mondiale

Plusieurs exemples viennent démontrer les progrès réalisés en matière de santé à l’échelle mondiale grâce aux vaccins. Plus d’un million d’enfants meurent encore chaque année faute d’accès aux onze vaccins recommandés par l’OMS (tuberculose, tétanos, coqueluche, diphtérie, polio, rougeole, rubéole, pneumocoque, rotavirus, haemophilus influenzae type b et hépatite B). C’est dans ce contexte qu’est née, en 2010, l’Alliance du vaccin GAVI, un partenariat public-privé international de promotion de la vaccination. GAVI a pour mission principale d’accélérer l’introduction des nouveaux vaccins dans les pays les plus pauvres et, plus globalement, d’y élargir l’accès aux vaccins, à l’instar du vaccin anti-HPV.

Le HPV tue près de 200 000 femmes par an, en particulier parmi les populations les plus démunies. La vaccination contre le HPV contribue, par conséquent, à améliorer la santé des femmes partout dans le monde.

Par ailleurs, l’approche immunologique des thérapies anticancéreuses permettrait aux pays en voie de développement de mieux appréhender la hausse critique du nombre de cas de cancers : une « épidémie oubliée ».

Mais ce n’est pas le seul défi à relever. Mycobacterium tuberculosis fait à lui seul 1 million de victimes par an. « En l’absence d’un vaccin plus efficace, il est peu probable qu’on puisse diminuer drastiquement le fardeau que représente la tuberculose », explique Angela Santoni. De récentes études suggèrent qu’associer une protéine à un adjuvant pourrait avoir un effet protecteur et marquer un tournant décisif dans la lutte contre cette maladie.

Retour vers le futur

Ces 40 dernières années, de nombreuses découvertes nobélisées dans les domaines de la biologie moléculaire, de la génétique, de l’immunité innée, de la biologie structurale et de l’immunothérapie sont à l’origine de vaccins qu’il était techniquement impossible de produire il y a quelques décennies.

Aujourd’hui, les vaccins relèvent d’une science pluridisciplinaire de pointe. De grands espoirs sont fondés sur le développement de vaccins capables d’offrir une vie de qualité plus longue à l’heure où la société est confrontée au vieillissement de la population. L’innovation en vaccinologie avance à un rythme effréné et pourrait bientôt favoriser la prévention et le traitement de cancers, mais également de maladies neurodégénératives comme la maladie d’Alzheimer.

« Relever les défis et saisir les opportunités qui se présentent au niveau de la société civile et du monde de la recherche est essentiel pour appréhender la réalité et le potentiel des vaccins en tant que ceinture de sécurité et assurance-vie pour l’humanité d’aujourd’hui et de demain », conclut Angela Santoni.

Source : Institut Pasteur

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