Chez des souris, des chercheurs lillois ont réussi à contourner efficacement la résistance à un antituberculeux ancien. Pour cela, ils l’ont associé à une molécule qui l’active une fois à l’intérieur du bacille. Un concept qui pourrait être étendu à d’autres antibiotiques.
Rajeunir un vieil antibiotique. C’est le pari des chercheurs de l’Institut Pasteur de Lille, avec le CNRS, l’Inserm, l’université et le CHU de Lille. Le 17 mars, ils ont publié dans la revue Science un sérieux gage de réussite. L’enjeu : combattre une maladie infectieuse qui sévit depuis la haute Antiquité, la tuberculose. Et qui a tué, en 2015, 1,4 million de personnes dans le monde.
L’histoire de la tuberculose fait écho à celle de ce vieil antituberculeux, l’éthionamide, remis au goût du jour par ce travail. En Occident, la tuberculose semble un fléau d’un autre âge. C’est la phtisie des romantiques et des infortunés : une épidémie qui prospère au XIXe siècle. Puis, dans les pays riches, ce mal a fini par décliner, jugulé par l’arrivée des antibiotiques et par le progrès social, dans les années 1950 et 1960.
« Les premiers antituberculeux sont apparus durant la seconde guerre mondiale, rappelle le docteur Nicolas Veziris, de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière (AP-HP, Paris). Mais c’est l’arrivée d’un antibiotique, la rifampicine, dans les années 1970, qui a bouleversé la donne. Combiné à l’isoniazide, il a une efficacité remarquable contre le bacille de la tuberculose. Si bien qu’on a cru, dans les années 1980, que le problème serait réglé avant la fin du XXe siècle. »
Tragique méprise. Car au même moment, émerge un autre fléau : l’épidémie de sida, qui favorise l’infection par le bacille Mycobacterium tuberculosis chez les sujets immunodéprimés. On redécouvre alors l’ampleur de cette « peste blanche » dans les pays en développement.
Pourquoi une telle ampleur, malgré les antituberculeux ? C’est qu’au début des années 1990, on se heurte à la contre-offensive lancée par la bactérie, qui développe des résistances, face aux attaques des antibiotiques. En 2015, 10,4 millions de personnes ont été infectées par ce bacille. Parmi elles, 500 000 sont atteintes de tuberculose multirésistante (MDR, pour multidrug-resistant) : elles ne répondent plus à la combinaison des deux antibiotiques de première ligne, l’isoniazide et la rifampicine. Environ 250 000 personnes en meurent chaque année.
Une résistance devenue mondiale
« La résistance de M. tuberculosis aux antituberculeux est un phénomène mondial, qui met en danger l’objectif de l’OMS d’éradication de la tuberculose dans le monde en 2035 », relève Jérôme…
Source : Le Monde.fr