La France a franchi le premier pas pour une autorisation du cannabis thérapeutique, jeudi, avec l’avis positif du comité d’experts nommé par le gouvernement. Mais la voie reste longue avant son arrivée sur le marché.
Dans un avis rendu le jeudi 13 décembre, le comité d’experts mis en place par l’Agence française de sécurité du médicament (ANSM) juge « pertinent d’autoriser l’usage du cannabis à visée thérapeutique (…) dans certaines situations cliniques et en cas de soulagement insuffisant ou d’une mauvaise tolérance des thérapeutiques » existantes.
Si une première étape vers l’autorisation est ainsi franchie, une éventuelle mise sur le marché de ce produit reste encore lointaine.
Ces experts reconnaissent les bienfaits de la substance pour des « douleurs réfractaires aux thérapies accessibles », « certaines formes d’épilepsies », « des soins de support en oncologie » (cancers), des « situations palliatives » ou encore des contractions musculaires affectant les malades de sclérose en plaques.
Beaucoup reste à faire
Ce premier avis sera suivi de plusieurs mois de travail pour définir les modalités de mise à disposition du cannabis, si le comité d’experts est suivi par l’Agence du médicament. Suivra une décision politique, pour décider d’une éventuelle modification législative légalisant l’usage du cannabis thérapeutique.
« Il n’est pas sûr » que le cannabis médical puisse être mis à disposition des patients avant 2020, a estimé prudemment le professeur Nicolas Authier, président du Comité scientifique, auprès de l’AFP.
Beaucoup reste à faire : il faut encadrer la mise sur le marché et le suivi des patients. Le cannabis médical ne pourra être utilisé en première intention mais seulement en complément d’autres traitements, car les études sont trop lacunaires. « On n’a pas un niveau de preuve permettant de le prescrire en première intention », souligne le docteur Authier.
Pas de joint, nocif pour la santé
Le Comité préconise qu’« un registre national pour assurer une évaluation de son bénéfice/risque (soit mis en place), qu’une évaluation des effets indésirables soit régulièrement faite par les réseaux de pharmacovigilance et d’addictovigilance, et que la recherche soit favorisée ».
Le Comité exclut d’emblée « la voie d’administration fumée », c’est-à-dire notamment le joint, compte tenu des risques de la combustion pour la santé, tout aussi cancérigènes que le tabac.
D’autres voies d’administration vont être étudiées: sprays, inhalation, gélules, gouttes, suppositoires, huiles, voie sublinguale, patch…
La délivrance des produits, que certains préfèrent restreindre aux pharmacies des hôpitaux, ainsi que les modalités d’un éventuel remboursement restent à définir.
Une trentaine de pays dans le monde dont de nombreux états américains et le Canada autorisent le cannabis thérapeutique, dont 21 de l’Union européenne ainsi que la Suisse, la Norvège, Israël et la Turquie.
Source : France 24