Pourquoi parler de sexualité avec les jeunes ? Est-ce de leur âge ? Est-ce vraiment nécessaire ? D’aucuns diront oui, d’autres par contre répondront par la négative. Et pourtant, il faut le faire. Pour s’en convaincre, nous avons effectué une intrusion dans l’univers des jeunes filles et jeunes garçons, scolarisés ou qui n’ont pas eu la chance d’aller à l’école. Avec eux, nous avons abordé des questions relatives à la santé de la reproduction. Certaines filles, à cause de leur ignorance en la matière, se retrouvent enceintes très jeunes, avec tout ce que cela peut entraîner comme conséquences. Afin de protéger celles qui sont tombées dans les affres de la maternité précocement, nous avons utilisé des initiales pour les désigner.
« C’était ma première fois d’avoir des rapports sexuels avec mon copain qui a 25 ans », nous relate ZM, âgée de 16 ans, que nous avons rencontrée dans un centre qui accueille des jeunes filles en situation de grossesse précoce et sur lesquelles s’abattent le poids de la tradition. La tête baissée, son bébé de 7 mois dans les bras, elle poursuit, d’une voix à peine audible : « C’était la seule et unique fois et je suis tombée enceinte. Quand mon copain a su que j’étais enceinte, il m’a abandonnée ». TR, une autre jeune fille, à peine âgée de 18 ans, autrefois aide-ménagère, se retrouve dans la même situation ; très jeune avec un bébé sur les bras. Toutes deux, non scolarisées, regrettent qu’on ne leur ait rien dit relativement à tout ce qui concerne l’évolution de leur corps, a fortiori leur montrer comment faire pour ne pas tomber enceinte. Mais comme une piqûre de rappel, la grossesse leur a fait prendre conscience de ce qu’elles auraient pu faire pour éviter d’être précocement mère. « Je demande à mes sœurs de chercher à connaître leur corps et ne pas céder aux avances des garçons. Je demande aussi aux parents de parler de la sexualité avec leurs enfants. Cela peut éviter qu’elles tombent précocement enceinte comme moi », nous confie ZM, avec une petite voix, comme dans un confessionnal. TR, quant à elle, opte pour la protection : « Souvent tomber enceinte n’est pas le pire des cas. Le problème, ce sont les maladies sexuellement transmissibles comme le Sida. Donc il faut se protéger. Si le garçon refuse cette option, tu te lèves et tu pars le laisser ». Dans sa lancée, elle poursuit, « il y a aussi le Norplan, la pilule ou les injections que les filles peuvent utiliser. Si je connaissais tout cela avant, je n’allais pas tomber enceinte à cet âge ».
« Beaucoup de jeunes gens ont souvent des informations erronées concernant la sexualité »
Le degré d’ignorance des jeunes varie selon que l’on se trouve dans un milieu scolarisé ou non. Yohan Zougmoré, élève dans un lycée de la place, dit lire les informations concernant la santé de la reproduction des jeunes dans des ouvrages. Et souvent, dit-il, des causeries sont organisées par les pairs éducateurs dans son lycée. Doumia Sawadogo, une jeune fille que nous avons rencontrée fortuitement, est pair éducateur, une initiative de l’Association burkinabè pour le bien-être familial (ABBEF) qui consiste à mettre à contribution des jeunes filles ou des jeunes garçons pour faire passer les messages relatifs à la santé de la reproduction auprès d’autres jeunes. Comme l’explique Doumia Sawadogo : « Je suis appelée à donner l’information sur la sexualité et autres à mes camarades jeunes. Et ce, à travers des séances de causeries-débats. Et celles-ci nous montrent que beaucoup de jeunes gens ont souvent des informations erronées concernant la sexualité ». Des causeries-débats qui incitent souvent certains jeunes, surtout les filles, à s’approcher des pairs éducateurs pour se renseigner. « Surtout quand on parle de la contraception, elles sont nombreuses à nous demander comment s’en procurer. On les réfère alors vers les Centres d’écoute pour jeunes de l’ABBEF ».
Quant à la prise en charge des jeunes, une fois arrivés au centre, Adissa Konaté, responsable du Centre d’écoute pour jeunes de l’ABBEF de Ouagadougou, créé en 1992, nous situe. « Dans le centre, nous recevons, pas moins de 25 à 30 jeunes de 10 à 24 ans par jour, filles comme garçons, scolaires ou non scolaires, qui pour des loisirs, qui pour la bibliothèque, qui pour des consultations en clinique. Les filles viennent vers nous pour des consultations gynécologiques ou parce qu’elles veulent adopter une méthode de contraception. Et nous les aidons ». D’entrée de jeu, Adissa Konaté a fait comprendre que les méthodes contraceptives ne se distribuent pas comme des cacahuètes. « Nous faisons la promotion du comportement sexuelle responsable. Donc par rapport à cela, nous recevons et aidons tous les jeunes sexuellement actifs. Il n’en demeure pas moins qu’au cours de nos sorties, nous encourageons l’abstinence », a-t-elle indiqué. Mais c’est un fait, nombreux sont les jeunes qui vont à l’acte sexuel précocement. Faut-il les laisser à eux-mêmes ? Faut-il leur parler des méthodes de protection ? De l’avis de Mme Konaté, « il faut protéger ces jeunes gens au lieu de se voiler la face ».
Françoise DEMBELE
One commentOn SANTE DE LA REPRODUCTION DES JEUNES : QUAND LE MILIEU DE VIE JOUE SUR L’OFFRE DE SERVICE
Bonjour j’ai un problème au niveau de mon sexe je sent des douleur quand je pisse et y’a un liquide jaunâtre qui sort de mon sexe.svp aidez moi merci