RESTER EN VIE POUR SES ENFANTS : L’ESPERANCE D’UNE PVVIH

In A la Une, Actualités

1er-décembre, le monde entier célèbre la Journée mondiale de lutte contre le VIH/SIDA. A l’occasion, nous avons recueilli le témoignage d’une Personne vivant avec le VIH (PVVIH) depuis 10 ans. C’était le 30 novembre 2016 à Ouagadougou dans le centre de l’association « vie positive » situé à Gounghin.

R. K sont les initiales que nous donnons à la PVVIH qui a souhaité garder l’anonymat total. A l’entendre, tout a commencé par son mari : « J’ai été infectée par mon mari. En fait, il travaillait au Niger. Il a fait cinq ans là-bas. C’est peut-être là-bas qu’il a contracté la maladie. Et c’est quand il est tombé gravement malade qu’il est revenu au Burkina Faso. Il a été hospitalisé dans un Centre médical avec antenne chirurgicale (CMA) de la ville de Ouagadougou. Ensuite, il a été transféré dans le service de  néphrologie du Centre hospitalier universitaire Yalgado Ouédraogo (CHU-YO). Nous y avons séjourné pendant plusieurs mois. On me disait que mon mari souffrait d’hypertension artérielle. A un moment donné, le médicament que lui avait prescrit le médecin était fini. Alors, on est allé lui en chercher. Ce jour-là, il a pris quatre comprimés du coup.  Et quelques instants  après il est décédé.

 » Cela fait dix ans que je suis sous ARV »

Quelque temps après son décès, je suis tombée gravement malade et j’ai fait un an couchée sans pouvoir me lever. Je ne savais pas ce que j’avais. Les uns et les autres pensaient que c’était le décès de mon mari qui était la cause de ma maladie. Les parents de mon mari m’ont traité traditionnellement sans succès. Et un jour  le petit frère de mon mari est venu me demander de le suivre. J’étais un peu perplexe. Mais je l’ai quand même suivi. C’est là qu’il m’a amenée dans le centre de l’association Vie positive où on m’a fait un examen de sang et quelques jours après je suis repartie chercher les résultats. C’est là qu’on m’a annoncé que le test était positif. En ce moment j’ai senti la terre se dérober sous mes pieds. Je me demandais comment est-ce que j’ai fait pour attraper cette maladie. Vais-je donc mourir et laisser mes enfants ? C’est en ce moment que le petit frère de mon mari m’a annoncé que mon mari est décédé du Sida. Et que moi, je ne devais pas avoir peur parce qu’on va me soigner. J’ai annoncé la mauvaise nouvelle à ma fille de 19 ans qui s’est mise à pleurer en me demandant de ne pas les abandonner comme leur papa. Ce jour-là, toute la journée je n’ai pas pu manger parce que je ne me voyais pas mourir et laisser mes cinq enfants à eux-mêmes. Je suis donc revenue au centre, on m’a donné des conseils et des médicaments. Et depuis ce temps, j’ai commencé à avoir de l’espoir. Je me sens bien et ma fille a pris l’habitude de me demander si je prends bien mes médicaments. Cela fait dix ans de cela que je suis sous ARV. Je suis bien mon traitement pour pouvoir rester auprès de mes enfants ».

« Une quarantaine de cas positifs »

Elles sont nombreuses les personnes sous ARV au Burkina Faso. Si fait qu’on a l’impression que la maladie est en nette régression. Et pourtant, « le VIH n’est pas fini », informe Dr Salfo Ouédraogo,  médecin traitant de la file active à l’association Vie positive. « Nous sommes à peu près à 600 personnes sous ARV. C’est l’efficacité des ARV qui fait qu’on a l’impression que le VIH est presque fini.  De janvier à novembre 2016, nous  avons enregistré une quarantaine de cas positifs. Dans ce lot, les femmes sont dominantes ». Et le problème est que « nous n’enregistrons pas tellement de sujets très jeunes parce qu’ils ne se font pas dépister », a relevé  Dr Ouédraogo. Mais quelles sont  les difficultés que les PVVIH rencontrent ? Le médecin a indiqué que les difficultés ne manquent. Par contre, il a reconnu que « certains médicaments utilisés dans la lutte contre le VIH appelés médicaments contre les infections opportunistes manquent très souvent. Et les PVVIH sont obligées parfois de débourser de l’argent pour payer ces médicaments et généralement la plupart de ces personnes sont démunies et veuves. L’autre difficulté que ces personnes rencontrent, c’est celle liée au suivi biologique. Avec la raréfaction des ressources, les lignes budgétaires allouées à ces examens sont biffées ». Avec ces difficultés, il y a de quoi redoubler d’effort pour pouvoir atteindre l’objectif 2030 de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), à savoir l’élimination du Sida dans le monde. C’est pourquoi Dr Ouédraogo estime qu’avec la raréfaction des ressources venant de l’extérieur, la mobilisation interne doit être plus accrue. « Le Burkina Faso est à un taux de 0,90%. Le chiffre importe peu. Ce qui compte, c’est de maintenir les acquis et garder le cap », a-t-il conclu.

Anavah KOETA

 

You may also read!

Lutte contre le paludisme : Le vaccin antipaludique R21/Matrix-M™ reçoit une autorisation de mise sur le marché au Burkina

Ceci est un communiqué de presse publié le 23 juillet 2023 par l’Unité de recherche clinique de Nanoro de

Read More...

Pr Georges  Ouédraogo : «Fumer favorise l’augmentation de la glycémie»

Diabète et tabac ? Peu de gens savent que « le tabagisme est diabétogène ». Dans cette interview, Pr Georges Ouédraogo, coordonnateur

Read More...

Centre de radiothérapie de Bogodogo : « Il y est prévu la gratuité des soins pour une catégorie de malades », dixit le premier ministre Apollinaire Kyelem

Le premier ministre Apollinaire Kyelem a exposé la situation de la nation à l’Assemblée législative de transition (ALT), ce

Read More...

Leave a reply:

Your email address will not be published.

Mobile Sliding Menu



GRATUIT
VOIR