Amnesty international a présenté son rapport 2021/2022 sur la situation des droits humains dans le monde le 29 mars 2022. Sur le plan sanitaire, le rapport a dénoncé l’inégalité d’accès aux vaccins du Covid-19, en ce sens que « les pays à revenu élevé ont accumulé des millions de doses, bien plus que ce qu’ils pouvaient utiliser ». Dans le rapport, il est également inscrit que la pandémie a mis en exergue le manque criard d’investissements dans les hôpitaux en Afrique. Ce qui a rendu laborieuse, la prise en charge des malades de Covid-19 dans la plupart des pays africains.
« A la fin de l’année, moins de 8 % des 1,2 milliard d’habitant·e·s que comptait l’Afrique présentaient un schéma vaccinal complet, ce qui faisait de ce continent le moins vacciné au monde, bien loin de l’objectif de 40 % fixé par l’OMS pour la fin de l’année 2021 ». Le rapport 2021 d’Amnesty international explique cela par le fait que les entreprises pharmaceutiques ont livré les vaccins en priorité aux pays à revenu élevé, lesquels ont accumulé plus de doses que nécessaires. Les pays riches ont aussi fait barrage aux tentatives visant à augmenter l’approvisionnement des pays à faible revenu et des pays à revenu intermédiaire grâce à la levée temporaire des droits de propriété intellectuelle et au partage accru de technologies et de savoir-faire. Nonobstant cela, les Etats africains ont reçu des vaccins grâce au dispositif COVAX du Fonds africain pour l’acquisition des vaccins (AVAT) et de dons bilatéraux. Ces canaux de ravitaillement avaient leurs limites. En effet, trop souvent, les livraisons étant insuffisantes ou leur arrivée imprévisible, il était difficile pour les gouvernements d’obtenir la confiance de la population et de structurer des campagnes de vaccination efficaces. Dans le rapport, il ressort que dans plusieurs pays comme le Malawi, la RDC et le Soudan du Sud, des lots de vaccins ont été livrés peu avant leur date de péremption, obligeant les autorités à les détruire ou à les retourner afin qu’ils soient réaffectés à d’autres pays. Au nombre des facteurs internes qui ont nui à l’efficacité des campagnes de vaccination en Afrique, le rapport cite « les inégalités, les hésitations face aux vaccins et l’insécurité sur le territoire national ».
Des faits de corruption, présumés liés aux fonds affectés à la lutte contre le Covid-19
Par ailleurs, la pandémie de Covid-19 a contribué à mettre en lumière « le manque chronique d’investissements dans le secteur de la santé, observé depuis de nombreuses décennies. Et dans la plupart des pays, les systèmes de santé déjà déficients ont été mis à rude épreuve, en particulier lors de la troisième vague ». Dans le rapport, on note que les hôpitaux publics et les cliniques privées de la province du Gauteng, en Afrique du Sud, ont eu du mal à faire face aux besoins, avec un taux d’occupation des lits de 91 % en juillet. Au Congo, au Nigeria, en RDC et au Togo, le personnel soignant s’est mis en grève ou a organisé des sit-in pour dénoncer les dysfonctionnements des systèmes de santé ou réclamer des mois d’arriérés de salaire. Au compte des malversations, il y a eu des faits de corruption présumés, concernant les fonds affectés à la lutte contre le Covid-19. Toutes choses qui ont mis encore plus en difficulté le secteur de la santé dans de nombreux pays, notamment en Afrique du Sud et au Cameroun, a souligné le rapport d’Amnesty international.
Par Françoise DEMBELE