Les recherches actuelles de l’unité Microenvironnement et immunité font écho à ce que Louis Pasteur, et d’autres à la fin du XIXè siècle comme Lister, ont apporté à la société et à la santé humaine en recommandant vivement la pratique de l’hygiène. Bon nombre de vies ont été sauvées sur des gestes aujourd’hui aussi anodins que se laver les mains ou encore stériliser les instruments chirurgicaux en milieu hospitalier.
Beaucoup de maladies infectieuses (tuberculose, rage, rougeole, variole, poliomyélite) connaissent une baisse vertigineuse. A l’inverse, ce sont progressivement les maladies inflammatoires (allergies, diabète, sclérose en plaque) qui explosent. « C’est comme si il y avait un prix à payer pour s’être (presque) débarrassés des infections », s’étonne Gérard Eberl. La théorie de l’hygiène suppose que l’équilibre du microbiote pourrait être perturbé par l’absence de certains microbes. « En recherche clinique, on le constate déjà : plus un enfant est exposé aux antibiotiques tôt dans la vie, plus il sera sujet aux allergies et aux maladies inflammatoires, proportionnellement aux taux d’antibiotiques utilisés », rappelle Gérard Eberl.
Les allergènes seraient donc beaucoup plus virulents sur un sujet qui n’aurait pas été exposé à certains microbes tôt dans la vie. Ce dérèglement du microbiote intestinal pourrait avoir des conséquences diverses – y compris neurodégénératives (consulter le Grand Programme Fédérateur Microbes & Brain) – plus tard dans la vie des sujets présentant une susceptibilité accrue aux maladies inflammatoires. Alors faut-il revenir à une hygiène moins stricte avec le risque de voir ressurgir certaines maladies infectieuses ? Gérard Eberl et son équipe cherchent où placer le curseur avec une résonnance clinique immédiate : développer des méthodes préventives contre l’allergie chez les enfants confrontés à ces problèmes.
Source : Institut Pasteur