Le diabète est une maladie chronique qui se caractérise par un taux de sucre trop élevé dans le sang, appelé hyperglycémie. Au Burkina Faso, la prévalence du diabète est de 7,6% chez les adultes. Pour soutenir l’Etat dans la lutte contre cette maladie pernicieuse, l’ONG Santé diabète, avec d’autres structures, s’investit dans la prévention et la prise en charge de la pathologie. De quelle manière ? Dr Julie Patricia Kamouni, Cheffe de projet Offre de soins et appui politique à l’ONG Santé Diabète, nous le fait savoir.
« Santeactu.bf» : Pouvez-vous nous présenter l’ONG Santé Diabète ?
Dr Julie Patricia Kamouni : L’ONG Santé diabète dont le siège se trouve à Grenoble, est une organisation de droit français créée en 2001. Elle intervient en France, dans les Iles Comores, au Mali et au Burkina Faso, depuis 2012 dans le cadre de la lutte contre le diabète, mais aussi d’autres affections qui y sont liés, notamment la co-pathologie diabète-VIH et diabète-tuberculose. Sa mission principale est de sauver des vies à travers la prévention et la prise en charge du diabète sur tous les aspects.
Quelle est la contribution de l’ONG Santé Diabète dans la prise en charge des enfants diabétiques ?
Depuis 2012, l’ONG Santé Diabète, en partenariat avec le programme Life For A Child et le service de médecine interne du CHU-YO, assure une disponibilité gratuite de l’insuline ainsi que du matériel de suivi auprès de 254 enfants atteints du diabète. Ces actions ont permis de sauver des vies d’enfants et de soulager un tant soit peu, les coûts liés à leurs traitements antidiabétiques. Par ailleurs, l’ONG Santé diabète a mis en place un cadre de dialogue national regroupant des acteurs-clés intervenant dans la lutte contre le diabète, notamment le ministère de la Santé, les partenaires institutionnels et les organisations de la société civile. Ce cadre d’échanges a pour objectif de renforcer l’accessibilité géographique et financière aux médicaments antidiabétiques et des consommables liés à la prise en charge du diabète.
Santé diabète a également fait du renforcement de la prévention secondaire et tertiaire son cheval de bataille, à travers l’« éducation thérapeutique » afin de réduire le fardeau des complications dues au diabète, d’où l’organisation des journées d’éducation afin de mieux accompagner les enfants et leurs parents dans leur vécu quotidien.
Quelle est la spécificité des enfants diabétiques relativement à la prise en charge ?
Le diabète de l’enfant et de l’adolescent constitue non seulement un problème de santé, mais aussi un véritable problème de développement au regard de l’impact socioéconomique considérable et particulièrement marqué pour les familles qui sont déjà éprouvées par la pauvreté. Il est donc nécessaire d’élaborer des solutions pérennes pour offrir aux enfants vivant avec le diabète de type 1, des soins disponibles, accessibles et de bonne qualité.
En réponse à ce problème, l’ONG Santé diabète a orienté ses interventions sur différents axes liés à la prise en charge du diabète. Il s’agit, entre autres, du renforcement des compétences et des cursus de spécialisation des professionnels de santé médecins et paramédicaux provenant des structures de santé au niveau régional et district afin de mieux prendre en charge le diabète chez les enfants et les adolescents. En outre, l’éducation thérapeutique reste un pilier essentiel dans la prise en charge du diabète, d’où l’initiative d’organiser des journées d’éducation en faveur des enfants atteints du diabète de type 1 et leurs parents.
La prise en charge s’étend-elle aux adultes ?
Les interventions de l’ONG Santé diabète s’orientent également à la prévention et à la prise en charge du diabète chez les adultes et personnes âgées. Leur prise en charge s’est beaucoup améliorée depuis quelques années, avec une nette amélioration de l’accessibilité géographique aux centres de santé. En 2013, seulement 4% des districts prenaient en charge le diabète et aujourd’hui, tous les districts (100%) ont un personnel formé à la prise en charge du diabète. Avec l’accompagnement de l’ONG Santé diabète, tous les districts sanitaires du Burkina Faso ont reçu un renforcement des compétences des professionnels de santé d’au moins un médecin et d’un paramédical pour diagnostiquer et prendre en charge davantage les cas de diabètes. Cette prise en charge comprend également un accompagnement éducatif par le personnel de santé et par les associations de patients formés par l’ONG Santé diabète pour permettre aux patients de mieux comprendre leur maladie et de jouer une part active dans leur propre prise en charge.
Quelles difficultés rencontrez-vous ?
Je citerai principalement l’insuffisance de diagnostic des enfants atteints du diabète de type 1, échappant ainsi au système de soins burkinabè ; la nécessité de renforcer la prise en charge des enfants atteints du diabète car le coût du traitement reste onéreux ; la difficile organisation des OSC et l’insuffisance de leur capacité à mettre en œuvre des activités de plaidoyer et de prévention.
Quels sont les acquis et les perspectives ?
Les besoins restent énormes en termes de prévention et de prise en charge du diabète aussi bien chez les enfants que chez les adultes.
Des enjeux restent. Il s’agit du renforcement des capacités des OSC pour des actions de plaidoyer, de la prévention et de l’éducation thérapeutique par la société civile, de la poursuite du renforcement de l’offre de soins en soutenant la formation des professionnels de santé et les pairs éducateurs sur la PEC du diabète et ses FDR, du renforcement des actions de prévention des facteurs de risque du diabète afin de dépister les patients atteints de diabète et favoriser une prise en charge précoce afin de prévenir les complications qui y sont liées.
Cela se traduit dans les deux programmes triennaux de l’ONG Santé diabète, à savoir :
– la « convention-Programme » qui s’intitule : « Renforcement des capacités et de l’implication des OSC au Burkina Faso afin d’améliorer la prévention et la PEC du diabète » ;
– le projet initiative phase 2 intitulé « Renforcer les systèmes de santé du Burkina Faso en poursuivant l’intégration de la prévention et la prise en charge conjointe du diabète/tuberculose et diabète/VIH ».
Propos recueillis par Françoise DEMBELE