Suite à l’annonce de la présence de deux cas déclarés du nouveau coronavirus ou COVID-19 sur le sol burkinabè, l’heure n’est plus à la sérénité au sein des populations. C’est alors que le ministère de la Santé a organisé, le 11 mars 2020 à Ouagadougou, un atelier d’information et de formation sur le nouveau coronavirus au profit des journalistes afin qu’ils puissent passer « la bonne information » aux populations.
Le COVID-19 qui fait l’objet de matraquage médiatique touche 11 pays africains dont le Burkina Faso. La stupeur gagne les populations, mais Dr Jean Charlemagne Kondombo, Incident manager pour le COVID-19, rassure : « Il n’y a pas à paniquer par rapport à cette maladie. Le COVID-19 est bénin. C’est uniquement la prévention, la sensibilisation qui peuvent nous faire sortir de l’auberge ». En effet, explique-t-il, « le COVID-19 a une létalité de 3% et le paludisme tue plus que cette maladie ». Pour l’essentiel, l’Incident manager invite les populations à respecter les mesures d’hygiène individuelle et collective car « il faut se protéger et protéger sa communauté ». Dr Kondombo demande également « aux gens d’arrêter de se saluer abusivement, de se donner des accolades et les attroupements », mais les églises et les mosquées ne seront pas fermées. Et la ministre de la Santé, Claudine Lougué, d’ajouter que « le meilleur désinfectant c’est l’eau et le savon parce que si les mains sont sales et qu’on applique le gel, il va fixer davantage les germes ». Toujours dans l’optique des mesures préventives, il ressort que quand on est enrhumé et qu’on tousse, il faut prendre le soin d’utiliser des pochettes ou des mouchoirs qu’il faut jeter après usage dans des poubelles sécurisées. Quand on éternue, il faut le faire dans le creux du coude ou dans un mouchoir.
En plus, il faut observer une distance de sécurité d’au moins 1 mètre face à quelqu’un qui est enrhumé ou qui tousse. Même si tout le monde est susceptible de faire le COVID-19, Dr Kondombo fait remarquer que 90% des cas sont bénins, 10% des cas nécessitent des soins et 3 à 5% de cas sont compliqués. Ce sont des patients qui présentent des facteurs de co-morbidité, c’est-à-dire que ce sont des patients qui avaient d’autres maladies chroniques telles que le diabète, l’hypertension et autres. Et ces patients sont très souvent des personnes âgées de plus de 60 ans.
Comme dispositif médical de surveillance du territoire national, Dr Kondombo affirme que les 12 points constituant les frontières terrestres, les deux points aéroportuaires et le point ferroviaire sont soumis à une surveillance. « Aucun des points n’a été oublié », précise-t-il.
Tout le monde n’est pas soumis à l’examen pour détecter le coronavirus parce que « ce n’est pas un examen de paludisme ou de numération que l’on peut faire dans tous les laboratoires ». Selon Dr Kondombo, seuls les cas suspects qui font la fièvre, la rhinite, la toux et de manière évolutive, des infections pulmonaires sévères, sont soumis à un examen qui « passe par un prélèvement nasopharyngé et oropharyngé, pas très agréable ». Il prend le soin d’indiquer que « des dispositions sont prises pour que le réactif ne puisse jamais manquer et qu’on puisse en temps réel diagnostiquer tous les cas suspects qui pourront se présenter au Burkina Faso ». Il souligne aussi qu’un dépistage à grande échelle ne peut être envisagé parce que le réactif est cher. En tout état de cause, la prudence est de mise parce que « pour l’instant il semble que l’on puisse être recontaminé » après avoir fait la maladie. Concernant le traitement, Dr Kondombo confie qu’il dure jusqu’à la guérison.
Relativement aux idées reçues, Dr Kondombo réaffirme que le COVID-19 n’épargne personne. « Ce n’est ni une maladie du pauvre, ni une maladie du riche et tout le monde peut le contracter. Donc, nous devons faire en sorte que cette maladie n’avance pas au Burkina Faso », explique-t-il. A l’endroit de la population, l’Incident manager pour le COVID-19 suggère « d’éviter toute automédication ».
Pour faire face au COVID-19, le Burkina Faso a besoin de plus de 11 milliards de F CFA. Mais l’Incident manager confie que le Burkina Faso à lui seul mobilise plus de 9 milliards de F CFA dont plus de 632 millions de F CFA destinés à la communication. Dr Jean Charlemagne Kondombo exhorte les partenaires techniques et financiers à épauler le Burkina Faso car « nous avons nécessairement besoin qu’ils nous aident et nous accompagnent à mobiliser les ressources afin de pourvoir riposter efficacement contre le COVID-19 ».
Par Françoise DEMBELE