PALUDISME : LA MALADIE LA PLUS MEURTRIERE AU NORD-EST DU NIGERIA

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L’OMS estime que d’ici le mois de novembre, jusqu’à 10 000 vies pourraient être sauvées grâce à la lutte antipaludique, à condition de lever plus de fonds.

Après plus de 8 années de conflit dans l’État de Borno, au nord-est du Nigéria, quelque 3,7 millions de personnes ont besoin d’une aide humanitaire et sont exposées au risque de contraction du paludisme. Selon les estimations de l’OMS, chaque semaine, environ 8500 personnes sont infectées par la maladie dans l’État de Borno. La saison de forte transmission du paludisme durant jusqu’en octobre, l’OMS prévoit une augmentation de ces chiffres.

Dans l’État de Borno, l’OMS estime que plus de la moitié des décès enregistrés sont dus actuellement au paludisme, soit plus que par toutes les autres causes de décès confondues, y compris le choléra, la rougeole et l’hépatite E. Une population extrêmement vulnérable, composée en grande partie d’enfants (58,8 %), est exposée au risque de flambées épidémiques.

Plus de 60% des structures de santé ne fonctionnent que partiellement, par conséquent, depuis des années de nombreuses personnes n’ont pas eu accès à des services de santé réguliers, y compris la vaccination systématique et les médicaments de base. Outre les problèmes en matière de sécurité, la malnutrition aigüe causée par l’insécurité alimentaire s’accroît dans certaines zones de l’État. Entre la malnutrition et la mort, intervient presque toujours la maladie, et en effet, avec le paludisme les cas de malnutrition deviennent bien souvent mortels.

Urgences sanitaires et paludisme

«Le paludisme, la malnutrition, les États fragiles et les troubles civils s’alimentent souvent mutuellement» indique le Dr Pedro Alonso, Directeur du Programme mondial de lutte antipaludique de l’OMS. «Toute crise humanitaire dans un pays où le paludisme est endémique, entraîne presque toujours une mortalité principalement due à cette maladie.»

Le paludisme est une maladie potentiellement mortelle causée par des parasites qui sont transmis à l’homme par les piqûres de moustiques femelles infectées appartenant au genre Anopheles. En 2015, on dénombrait plus de 200 millions de cas et 437 000 décès. Plus de 90% des décès imputables à la maladie surviennent en Afrique.

Cependant, le paludisme est une maladie évitable et dont on peut guérir. Les efforts accrus au cours des 15 dernières années ont permis de réduire considérablement le nombre de cas et de décès; en effet, le taux de mortalité du paludisme a chuté de plus de 60%, ce qui a permis d’éviter le décès de 6 millions de personnes.

«La manière la plus efficace de réduire le nombre de décès dans les situations d’urgence au sein des États fragiles, en particulier dans ceux qui sont confrontés à la malnutrition, est de promouvoir la lutte contre le paludisme. Toutefois, elle est rarement perçue comme une priorité absolue lors d’une intervention d’urgence», déplore le Dr Alonso. «Nous collaborons avec nos collègues de l’OMS et de nombreux partenaires pour que cela change.»

Suite à une récente visite dans l’État de Borno, les experts du paludisme de l’OMS ont demandé un exercice de modélisation pour estimer le nombre de cas ainsi que le nombre de décès qui pourraient être évités si un ensemble de base d’initiatives était entrepris. Le rapport a conclu que moyennant les actions conjointes adaptées, jusqu’à 10 000 décès pourraient être évités dans le seul État de Borno.

Transformer des données scientifiques en mesures salvatrices

L’OMS et ses partenaires du secteur de la santé prennent des mesures dans 4 domaines recommandés dans le rapport:

-renforcer les systèmes de surveillance pour suivre les cas et les flambées de paludisme;

-élargir l’accès aux soins dans les dispensaires et les établissements de santé;

-pulvériser des insecticides et distribuer des moustiquaires dans le cadre de la lutte antivectorielle; et

-administrer des antipaludiques aux enfants de moins de cinq ans chaque mois (de juillet à octobre).

«Plus que jamais, l’OMS est en première ligne dans les camps de personnes déplacées et met en œuvre des réels programmes de santé qui aident les personnes dans une situation d’urgence complexe», explique le Dr Alonso. «Il est incroyablement gratifiant de pouvoir constater que notre travail est véritablement mis en pratique.»

Au début du mois de juillet, la première des 4 campagnes mensuelles d’administration massive de médicaments a permis d’atteindre plus de 880 000 enfants de moins de 5 ans sur les 1,1 million qui étaient ciblés. L’OMS et ses partenaires planifient des campagnes mensuelles jusqu’en octobre.

L’Organisation espère que les 2,5 millions de dollars (US $) requis pour cette intervention d’urgence pourront être obtenus à temps pour avoir un impact significatif. Elle compte sur l’infrastructure déjà existante comprenant des milliers de vaccinateurs contre la poliomyélite pour mener à bien cette opération complexe, qui représente un véritable défi d’un point de vue logistique, dans des zones toujours confrontées à des menaces pour la sécurité posées par Boko Haram.

«Nous administrerons une dose curative de médicaments antipaludiques à une population définie, en l’occurrence aux enfants de moins de 5 ans», signale le Dr Alonso. «Dans l’État de Borno, nous les administrons aux enfants, qu’ils soient infectés par le paludisme ou non, pour veiller à ce qu’ils ne soient porteurs d’aucun parasite à ce moment-là et les protéger durant quatre semaines. Il s’agit d’une solution temporaire nécessaire pour réduire le nombre de décès causés par la maladie pendant les six prochains mois.»

L’OMS a formé des agents de santé communautaires afin qu’ils dispensent un ensemble de services de santé fondamentaux aux communautés dans lesquelles un grand nombre de personnes n’a pas eu régulièrement accès aux soins pendant plusieurs années. Les personnels de santé recherchent constamment des signes du paludisme. Ils proposent des tests de diagnostic rapide pour déterminer si les personnes sont infectées, fournissent des traitements et des conseils en matière de prévention. Par ailleurs, avec davantage de fonds, l’OMS prévoit d’atteindre plus de zones dans l’État de Borno, de fournir des médicaments antipaludiques et soutenir l’ensemble des interventions de lutte contre le paludisme.

«Nous ne connaîtrons pas pleinement l’impact de nos actions avant le mois de novembre, mais nous avons bon espoir que l’engagement sur cette voie contribuera grandement à la réduction de la mortalité et des souffrances des personnes atteintes de paludisme afin qu’elles puissent continuer à vivre normalement», déclare le Dr Wondi Alemu, Représentant de l’OMS au Nigéria.

Après le succès de l’évaluation et le lancement d’efforts plus vastes visant à lutter plus efficacement contre le paludisme dans des situations d’extrême urgence, l’OMS souhaite appliquer une approche similaire au Soudan du Sud où 10 millions de personnes risquent de mourir du paludisme, de la malnutrition et des conflits.

Source : OMS

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