« Inégalités de santé à Ouagadougou » est le résultat d’une grande enquête menée à l’Observatoire de population de Ouagadougou (OPO) sous la direction des chercheurs Clémentine Rossier, Abdramane Bassiahi Soura et Géraldine Duthé, à l’INED en France. L’ouvrage préfacé par Baya Banza fait un parallèle entre les conditions de vie et santé des Ouagalais dans les zones loties et les zones non loties. Le constat est que les uns souffrent de «maladies de la pauvreté » tandis que les autres se battent contre « les maladies dites de société ».
« La mortalité des plus de 15 ans est plus élevée dans les quartiers lotis que dans les quartiers non lotis ». C’est ce qui ressort dans l’ouvrage intitulé « Inégalité de santé à Ouagadougou » dont les co-auteurs sont Clémentine Rossier, Abdramane Bassiahi Soura et Géraldine Duthé qui soutiennent que « les adultes meurent plus dans les quartiers lotis que dans les quartiers non lotis ». Et selon ces auteurs, les causes des décès dans les « quartiers informels » relèvent de maladies infectieuses telles que la pneumonie, la tuberculose, le VIH. Et dans les « quartiers formels », les causes des décès sont les maladies non transmissibles en l’occurrence l’hypertension, le surpoids, l’inactivité physique, la consommation d’alcool et de tabac. Ainsi donc « les adultes les plus nantis restent plus protégés des maladies dites de la pauvreté grâce à un environnement plus sain et à un meilleur recours aux soins mais leur confort les expose aussi plus à un mode de vie à risque de développer ces maladies dites de société pour lesquelles la prise en charge est quasi inexistante et très chère ». Paradoxalement, « Inégalité de santé à Ouagadougou » montre que « les enfants meurent plus dans les quartiers non lotis de Ouagadougou ». Et l’explication tient au fait que « habiter dans les quartiers informels est préjudiciable à la santé des enfants » à cause de l’absence ou de l’insuffisance de services de santé modernes dans les quartiers non lotis et un recours tardif à ces services en cas de maladies chez l’enfant. L’ouvrage explique aussi cette « surmortalité » par le « fait que les ménages des zones non loties sont davantage susceptibles d’adopter des pratiques à risque dans la gestion des déchets, quels que soient leurs niveaux de vie et d’instruction. En plus de ces facteurs, les co-auteurs ajoutent « la sous-alimentation » qui est liée plus à l’incidence des maladies infectieuses qu’au faible statut socio-économique des parents.
Pour ce qui est de la santé de la reproduction, les résultats de l’OPO montrent que « les services subventionnés de santé maternelle sont maintenant accessibles et utilisés par l’ensemble des femmes et des couples à Ouagadougou et que l’information sur la contraception moderne est largement diffusée ». Mais ces services et connaissances ne suffisent pas puisque des résultats de l’OPO (2008-2012) indiquent « un ratio de mortalité maternelle de 128 décès pour 100 000 naissances vivantes, soit trois fois moins qu’au niveau national (341 décès pour 100 000 naissances selon Enquête démographique et de santé 2010). Des données qui signalent que « l’amélioration de la qualité des services offerts et de l’éducation sanitaire constitue la prochaine étape dans les efforts de promotion de la santé maternelle en milieu urbain ».
Relativement à l’ouvrage, les co-auteurs disent partir du constat, selon lequel le continent africain s’urbanise rapidement et Ouagadougou fait partie des villes africaines avec un taux de croissance élevé (7% entre les deux derniers recensements). Et projection faite, la population de Ouagadougou atteindra 6 millions d’individus en 2 030. Ce qui peut entraîner une insuffisance d’accès aux services sociaux de base notamment, un problème d’accès à la santé et aux infrastructures éducatives en ville. Et les co-auteurs affirment que le postulat selon lequel « la santé des citadins est meilleure à celle des personnes vivant en milieu rural » est faux parce que « la ville ce n’est pas un ensemble homogène ». En tout état de cause, les co-auteurs estiment que « Inégalités de santé à Ouagadougou » est un objet de plaidoyer pour la construction des politiques sanitaires.
Françoise DEMBELE