Moussa Gansonré : Ce maïeuticien qui « ne peut pas vivre sans les femmes »

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La Journée internationale de la sage-femme a été commémorée le 5 mai dernier. A cet effet, nous avons rencontré « un sage-femme homme », comme il le dit lui-même. Il s’agit de Moussa Gansonré, maïeuticien d’Etat, qui nous raconte son histoire, l’histoire qui l’a conduit à embrasser une profession majoritairement exercée par des femmes. De la répulsion pour cette profession, « aider les femmes à donner la vie » est devenu une passion pour celui qui a plus de huit (8) ans de carrière professionnelle en tant que maïeuticien.  

Rien ne le prédestinait à cette profession et pourtant il est actuellement maïeuticien d’Etat et il dit s’y plaire énormément. Et pourtant au début, ce n’était pas évident. « Au début, j’avais un rebut pour la salle d’accouchement. Je me rappelle mon premier jour de stage à l’hôpital de l’Amitié à Koudougou, quand je passais et une salle s’est entrebaillée. J’ai vu une image de femme avec du matériel accroché ; j’avoue que je n’ai pas terminé le stage », nous raconte Moussa Gansonré. C’est dire à quel point il avait intériorisé cette répugnance pour les salles d’accouchement. Mais le destin va lui jouer des tours puisqu’à la fin de son stage d’infirmier, en 2001, année où il est affecté dans une maternité. Et ce n’est pas tout. « Il s’est trouvé que dans la même année pour la naissance de mon premier fils,  c’est un maïeuticien qui s’en est occupé. Et n’eût été sa présence, beaucoup de choses négatives pouvaient se passer ». C’est à partir de ce moment que le déclic s’est produit : « j’ai eu la ferme conviction et j’ai décidé d’être maïeuticien malgré les obstacles », nous confie Moussa Gansonré, avec émotion. « Et depuis neuf ans je n’ai pas quitté la maternité et je ne peux pas compter le nombre de femmes que j’ai aidées à donner la vie », précise-t-il avec une certaine lumière dans les yeux. Pour cela,  il affirme : « je n’ai que du plaisir et de la gratitude » à tel point qu’il nous confie avec fierté et émotion : « Je ne fais pas un travail, c’est devenu une passion. Si j’arrête de consulter les femmes, je deviens malade.  La relation que j’établis avec une femme enceinte et sa famille est telle qu’on ne peut pas l’exprimer. Il n’y a pas meilleur partenaire que la femme parce qu’elle est affective et vous le rend bien quand vous vous occupez bien d’elle». Donner la vie est devenu un sacerdoce pour Moussa Gansonré, qui, même étant administratif, «  fait toujours des accouchements » et consulte toujours. Mais ce n’est pas toutes les femmes qui se laissent consulter par les hommes, comme Moussa Gansonré. Mais ce dernier n’y voit pas d’inconvénients car, dit-il, « il faut tenir compte des sensibilités et de l’éducation de tout un chacun ». Du reste,  « il vit sa passion, malgré les difficultés que rencontrent les sages-femmes et les maïeuticiens dans l’exercice de leur profession ». A ce sujet, Moussa  Gansonré, avec moins d’enthousiasme, nous énumère  les difficultés majeures : « c’est le matériel et ce sont les infrastructures ». Et il nous explique : « quand le travail est pénible pour nous prestataires, la personne qui reçoit les soins vit cela encore plus péniblement ». Au-delà de ce fait, Moussa Gansonré, du haut de ses huit ans d’expérience, demande aux autorités de revoir la formation de base des sages-femmes et maïeuticiens d’Etat. Une fausse note qui n’a pas entamé le plaisir de Moussa Gansonré qui estime que si c’était à refaire il choisirait d’être maïeuticien. D’ailleurs, il invite les hommes qui hésitent à embrasser la profession de maïeuticien à le faire parce que « ce sont les hommes qui doivent faire accoucher les femmes ».

Françoise DEMBELE

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