Depuis plus d’un siècle, de fréquentes et importantes épidémies de méningites à méningocoques frappent les pays de la « ceinture africaine de la méningite », une région au sud du Sahara qui s’étend du Sénégal à l’Éthiopie. En réponse à cette urgence de santé publique, un vaccin conjugué polysaccharide-anatoxine tétanique du groupe A contre le méningocoque (également appelé MenAfriVac) a été mis au point. En utilisant les données de plusieurs études et en s’appuyant sur un modèle mathématique statistique, des chercheurs de l’Institut Pasteur ont cherché à étudier la réponse vaccinale à long-terme de ce vaccin.
La méningite est une infection des enveloppes entourant le cerveau, les méninges, causée par plusieurs types de virus, de bactéries, et de champignons. Les méningocoques (autre nom de la bactérie Neisseria meningitidis) constituent les causes majeures de méningites aiguës. Les infections à méningocoques ont un taux de mortalité élevé, à 10%, et un fort potentiel épidémique.
Dans certains pays d’Afrique endémique de cette infection, Les taux d’incidence au cours des épidémies dépassent souvent 500 cas sur 100 000, avec des taux de mortalité par méningococcie invasive de 10 à 15% 2. Neisseria meningitidis de sérogroupe A a été responsable de la plupart des épidémies dans cette région, bien que des épidémies dues à d’autres sérogroupes aient été enregistrées. Dans ce contexte, le Projet Vaccins Méningite a supervisé le développement de MenAfriVac (un vaccin conjugué contre le méningocoque A, hautement immunogène et abordable) avec le soutien du Serum Institute of India Ltd. Ce vaccin a déjà été administré à des millions de personnes dans la «ceinture africaine de la méningite», une région au sud du Sahara entre le Sénégal et l’Ethiopie. Pourtant, l’efficacité dans le temps de ce vaccin et les besoins en termes de rappels restent cependant méconnus.
La réponse vaccinale passée au crible
Une équipe de scientifiques de l’Institut Pasteur a étudié la réponse immunitaire de sujets suivis après administration de ce vaccin.
« Nous avons analysé les données des réponses en anticorps en utilisant un modèle statistique de leur cinétique. Ainsi, nous avons pu étudier la séropersistance de la réponse immunitaire et en évaluer les implications pour la durée de la protection », explique Michaël White, post-doctorant dans l’unité Malaria : parasites et hôtes à l’Institut Pasteur et premier auteur de l’étude.
Ils estiment que 20 ans après la vaccination, l’efficacité estimée diminue pour n’atteindre que 50% chez les personnes vaccinées entre 12 et 23 mois à 70% chez les personnes vaccinées entre 2 et 29 ans. Ces résultats, publiés dans The Lancet Infectious Diseases offre deux conclusions.
La première, c’est que l’immunité induite par la vaccination systématique dans le cadre du Programme élargi de vaccination mis en place par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) lancé en 1974 devrait persister à des niveaux suffisants pour conférer une protection de plus de 50% sur une période de 20 ans. La deuxième, c’est que « l’immunité au niveau de la population pourrait encore être renforcée par des campagnes de masse ou par un report de l’âge de vaccination par le biais du Programme élargi de vaccination » conclut Michaël White.
Source : Institut Pasteur