Maladie du sommeil : un pas de plus dans l’amélioration du diagnostic

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Cytosquelette de Trypanosoma brucei, protozoaire parasite responsable de la maladie du sommeil transmise par la mouche tsé-tsé ou glossine en Afrique. 

Le trypanosome africain Trypanosoma brucei gambiense est un parasite responsable de la trypanosomose humaine africaine chronique, plus connue sous le nom de maladie du sommeil. Le diagnostic de la maladie du sommeil implique généralement deux étapes : un dépistage sérologique (recherche d’anticorps contre les parasites dans le sang), suivi de la détection de parasites vivants dans le sang ou dans une ponction ganglionnaire au microscope. Cependant, les parasites vivants peuvent rester non détectés chez certains individus séropositifs. Alors que les chercheurs de l’Institut Pasteur et leurs collègues du consortium TrypaDerm ont précédemment montré que la peau constituait un réservoir pour les trypanosomes, ils viennent aujourd’hui de confirmer et quantifier ce phénomène chez l’Homme, permettant une meilleure compréhension épidémiologique de la maladie.

Les trypanosomes sont transmis à l’homme par la piqûre d’une mouche tsétsé infectée, puis ils prolifèrent dans le sang et la lymphe, et enfin dans le système nerveux central, avant de provoquer la mort du malade. Au cours des 30 dernières années, de massives campagnes de lutte ont permis de réduire le nombre de nouveaux cas annuels à moins de 1000 en 2018. Forte de ce succès, l’OMS vise désormais l’élimination de la maladie avant 2030. Toutefois, certaines questions sur la biologie des parasites demeurent en suspens, en particulier pour expliquer la persistance ou la ré-émergence de certains foyers de transmission.

En effet, les parasites vivants peuvent rester indétectables chez certains individus séropositifs qui restent alors sans traitement. Dans différents modèles de laboratoire, des chercheurs du Groupe Transmission des Trypanosomes à l’Institut Pasteur ont récemment démontré que la peau était un réservoir anatomique majeur pour les trypanosomes qui deviennent alors facilement accessibles aux mouches tsétsés, mais difficiles à détecter dans le sang. Les chercheurs ont donc voulu vérifier et quantifier ce phénomène chez l’homme dans le foyer de maladie du sommeil de Forécariah en République de Guinée.

La peau, nouvelle piste diagnostique

« Pour tester cette hypothèse, nous avons mené une étude prospective observationnelle de cohorte dans le foyer de Forecariah en République de Guinée. Sur les 5 417 sujets sérologiquement testés pour la maladie du sommeil, 66 ont accepté de participer à notre notre étude et ont bénéficié d’un examen dermatologique » explique Brice Rotureau, responsable du Groupe Transmission des Trypanosomes à l’Institut Pasteur. Au début de l’étude, les échantillons de sang et les biopsies cutanées prélevés chez 11 séronégatifs, 8 séropositifs non confirmés (suspects) et 18 séropositifs confirmés (malades) ont été testés en vue de détecter des trypanosomes par sept méthodes moléculaires et immuno-histologiques.

Chez les suspects et les malades, les symptômes dermatologiques étaient significativement plus fréquents par rapport aux personnes contrôles. Des trypanosomes étaient présents dans le sang de tous malades, mais pas chez les suspects. En revanche, des parasites ont été détectés dans le derme de tous les suspects et de tous malades. Enfin, 6 et 20 mois après traitement, les biopsies cutanées des malades sont progressivement devenues négatives pour les trypanosomes. Ces résultats démontrent que la peau constitue un réservoir anatomique pour les trypanosomes africains, y compris chez des personnes apparemment non malades qui passent entre les mailles des campagnes de dépistage et jouent un rôle de porteurs « sains ». « Ces observations permettent donc une meilleure compréhension de l’épidémiologie de la maladie du sommeil dans le contexte de son élimination, et soulignent également que la peau pourrait devenir une nouvelle cible pour le diagnostic » conclut Brice Rotureau.

Ces travaux du consortium ANR TrypaDerm, composé entre autres, des équipes du Programme National de Lutte Contre la Trypanosomose Humaine Africaine de Guinée, de l’Université de Glasgow, de l’Institut de Recherche pour le Développement et coordonné par l’Institut Pasteur, se poursuivent actuellement, en particulier afin de renforcer ces observations épidémiologiques à plus grande échelle et de développer des méthodes de détection des trypanosomes cutanés.

Source : Institut Pasteur

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