S’il y a une maladie des enfants qui fait des ravages au Sahel ces dernières années, c’est bien la malnutrition. L’enquête nutritionnelle au Burkina Faso, effectuée en 2015, a montré des prévalences élevées de malnutrition aigüe et chronique, respectivement 10,4% et 30,2%. A l’intérieur du pays, les prévalences les plus élevées sont dans la région du sahel avec 15,5% pour la malnutrition aigüe et 46,6% pour la malnutrition chronique, des chiffres supérieurs aux seuils critiques de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). C’est dire que beaucoup d’enfants souffrent de malnutrition dans le Sahel dont la petite Maïrama Boureima, admise au Centre de récupération et d’éducation nutritionnelle en interne (CRENI) du Centre hospitalier régional (CHR) de Dori le 26 juillet 2016.
N’eut été la toux et la diarrhée, Maïrama Boureima, serait toujours à la maison, à Tonguel, un village situé à une trentaine de kilomètres de Dori, chef-lieu de la région du Sahel. Mais, le sort en a décidé autrement. On devait la conduire au CHR de Dori pour soigner la toux et la diarrhée qu’elle avait. Sauvée par la toux et la diarrhée. Si ce n’est pas trop cynique on pourrait le dire dans le cas de la petite Maïrama Boureima, âgée de deux ans, qui a été admise au (CRENI) du CHR de Dori cet après-midi du 26 juillet 2016. Dans les bras de, Haoua Hama, bébé Maïrama Boureima, chétive et visiblement très mal en point, poussait de petits cris non pas parce qu’elle le voulait mais parce qu’elle n’avait plus de force pour pleurer. Haoua Hama que l’on croyait être la maman de la petite Maïrama Boureima n’est en fait que sa tante. « Sa maman est à la maison et est enceinte de six mois. Et depuis qu’elle a su qu’elle est enceinte Maïrama ne tête plus ». A la question de savoir ce qui a conduit la petite Maïrama à l’hôpital, sa tante nous confie : « Depuis 4 jours de cela, l’enfant fait la diarrhée et tousse. C’est la raison pour laquelle je l’ai amenée à l’hôpital. Sinon elle serait restée à la maison ». Malgré son état chétif ? « Oui, puisqu’à part la toux et la diarrhée elle se porte bien » a déclaré la tante Haoua Hama. Ce qui ne semble pas confirmer le diagnostic clinique.
En effet, Dr Jean Marie Ouédraogo, référent médical, qui a reçu la petite patiente dans la salle qui sert de service d’urgences au CRENI, a affirmé que « l’examen clinique montre une déshydratation et une infection pulmonaire. Donc en résumé, l’enfant souffre d’une pneumopathie associée à une gastro-entérite et d’une malnutrition ». Le mot est lâché. Même si cela était évident à vue d’œil, il fallait la confirmation du médecin. Et celui-ci d’indiquer que pour savoir qu’un enfant souffre de malnutrition, il faut faire le rapport poids/taille et prendre le périmètre brachial. Là, il s’agit des données anthropométriques. Et il se trouvait que le rapport poids/taille chez Maïrama est inférieur à moins 3 qui est un critère d’admission au CRENI. Et selon Dr Jean Marie Ouédraogo, « la petite Maïrama souffre de malnutrition sévère avec complication raison pour laquelle elle a été internée au CRENI ». Si Maïrama est logé dans le bloc des enfants malnutris en « situation critique », le petit Hamadou Mahamoudou, âgé d’un an, est hors de danger, même s’il séjourne toujours avec sa maman au CRENI. Et même que celle-ci est en train d’apprendre à préparer la bouillie, dans le cadre du projet Alimentation du nourrisson et du jeune enfant (ANJE), afin de bien alimenter le petit Mahamoudou, à la maison après qu’il soit sorti du CRENI. Elles sont nombreuses les femmes qui sont internées avec leurs enfants souffrant de malnutrition et qui bénéficient des séances de sensibilisation de Kadidja Katari, animatrice de l’association Kholesmen : « je suis au CRENI pour sensibiliser les femmes afin d’éviter la malnutrition des enfants ».
Il faut dire qu’à ce niveau, l’UNICEF intervient dans « la prise en charge des enfants de moins de 5 ans en approvisionnant les malades de Plumpy nut, de lait thérapeutique F75, F100, de matériels anthropométriques. L’ONG renforce aussi les capacités du personnel qui assure la prise en charge des enfants souffrant de malnutrition. En un mot, il s’agit de la mise en œuvre d’actions intégrées pour la réussite de la lutte contre la malnutrition au Sahel », nous confie Dr Fidèle Rima, spécialiste en nutrition à l’UNICEF.
Anavah Koeta