Dans le cadre du renforcement du partenariat avec les médias dans la lutte contre le VIH, le Sida et les IST, le Secrétariat permanent du Conseil national de lutte contre le Sida et les IST (SP/CNLS-IST), en collaboration avec le projet PACTE VIH, a organisé le deuxième forum des acteurs médiatiques. Ce forum vise à offrir un cadre d’échanges entre acteurs médiatiques sur leurs expériences en matière de collecte et de traitement de l’information sur les IST/VIH/SIDA en lien avec la problématique des populations clés au Burkina Faso. Le forum a eu lieu le mardi 14 février 2017 à Ouagadougou.
En matière de lutte contre le VIH au Burkina Faso, le taux de prévalence dans la population en générale est de 0,9 %. Cette prévalence relativement faible cache dans la proportion générale des niveaux de prévalence considérablement plus élevés dans les populations clés. En effet, en 2013, à Ouagadougou, le taux de prévalence chez les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH) était de 4,7 %. A Bobo-Dioulasso, dans la même année, elle était de 4,7%. Chez les travailleuses de sexe (TS), dans la même période, cette prévalence était encore plus élevées ; 8,9% à Ouagadougou et 32,9% à Bobo-Dioulasso. Mais il se trouve qu’il existe des disparités aussi bien dans les différentes régions que dans les différentes catégories de populations clés. Il urge donc de s’intéresser à ces catégories de population pour éradiquer définitivement le sida d’ici l’an 2030. Selon Guillaume Sondo Sanon, Chef du service chargé de la communication et des relations publiques au Secrétariat permanent du CNLS/IST, l’atelier du 14 février dernier visait à instaurer un partage d’expérience entre hommes de médias afin de se donner des idées dans le contexte de la réponse au VIH/SIDA et principalement dans la prise en compte des populations clés sans pour autant paraitre faire la promotion de ces populations et soutenir les revendications identitaires. Les populations clés, selon Guillaume Sondo Sanon, sont « des groupes spécifiques porteurs du risque de rebond. Et pendant que dans la population générale, il y a une baisse de la prévalence, au sein de ces populations clés, il y a une prévalence assez élevée. Au Burkina, ces populations clés se composent des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH), les travailleurs du sexe, les orpailleurs, les routiers, les jeunes, les femmes, les personnes vivant avec le SIDA, les orphelins et autres enfants vulnérables». Ces populations étant un terreau fertile de la propagation du SIDA, « nous sommes arrivés à conclure qu’en intervenant sur cette population, nous parviendrons à changer le cours de l’épidémie. Les journalistes doivent alors jouer un grand rôle dans le cadre de la sensibilisation parce qu’il est porteur d’un message qui est perçu comme étant la vérité. En s’investissant dans la diffusion de l’information au sein de la population, ils vont susciter la reprise de conscience », a-t-il déclaré. Le chef du service chargé de la Communication et des relations publiques au Secrétariat permanent du CNLS/IST a reconnu que le taux de prévalence est faible mais que la réalité est toute autre. En effet « chaque jour que Dieu fait, des milliers de personnes s’exposent au VIH/SIDA, s’infectent. Et bien que le traitement existe, on ne guérit pas du SIDA et cette maladie constitue un poids économique considérable », a-t-il fait savoir. Pour lui, « le dernier tournant est le plus difficile ». Il a aussi tenu à signifier, pour un changement de mentalité, que « c’est la maladie du SIDA qui est dangereux et non le malade du SIDA. Et en cela, le journaliste peut être un acteur de changement de comportement et d’amélioration en faveur de la réponse au SIDA ».
De façon pratique les journalistes ont suivi des communications. Et le premier communicateur a été Zakaria Zoungrana du projet PACTE-VIH qui prend d’ailleurs fin en mars 2017 après 05 ans d’existence. Alors Zakaria Zoungrana, a présenté le projet et le travail que PACTE-VIH a abattu sur le terrain en matière de lutte contre le sida sous l’angle des populations clés. Au cours de la formation, les journalistes du Burkina Faso ont eu à s’inspirer des leçons apprises des « expériences de travail collaboratif, entre acteurs de la réponse au VIH et acteurs médiatiques en cours, au Togo et au Sénégal ». Au terme de l’atelier, le principal formateur, Abdoulaye Konaté de African consulting international (ACI), ONG américaine basée à Dakar, a affirmé qu’il y a un changement positif au niveau des journalistes burkinabè et ce changement se situe sur le plan de la vision, du comportement et du jugement.
Pour rappel, le premier forum médiatique sur le sida a eu lieu en juin 2016. Il a contribué à édicter des directives pour les journalistes dans le traitement de l’information relative à la lutte contre le SIDA.
Anavah KOETA