Ceci est une déclaration de « Civil society for malaria elemination » (CS4ME) ou Société civile pour l’élimination du paludisme, qui est une plateforme mondiale des organisations de la société civile engagées pour atteindre l’élimination du paludisme. A l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le paludisme célébrée chaque 25 avril, la société civile pour l’élimination du paludisme fait, en quelque sorte, un bilan de la lutte contre le paludisme et interpelle les décideurs par rapport à certains engagements. Lisez !
« Les efforts d’investissements continus et l’engagement politique durable en faveur de la lutte contre le paludisme apparaissent inéluctablement comme les leviers majeurs pouvant conduire à l’élimination de cette maladie. Avec la pandémie de COVID-19, les perturbations dans les services de lutte contre le paludisme ont contribué à l’augmentation considérable des nombres de cas (14 millions) et de décès (69 000) entre 2019 et 2020 selon le Rapport 2021 de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) sur le paludisme dans le monde. La majeure partie de cette hausse est enregistrée en Afrique. Durant la pandémie, les pays et leurs partenaires ont réussi à éviter le pire des scénarios concernant le nombre de décès dus au paludisme, en mettant sur pied une riposte urgente et efficace. Nous félicitons la communauté mondiale et les programmes nationaux de lutte contre le paludisme pour leurs efforts visant à maintenir les programmes de prévention et de traitement et ce, malgré les défis liés à COVID-19. L’OMS dans son rapport annuel de 2021 souligne que plusieurs pays endémiques ont réussis à distribuer les moustiquaires en « porte à porte », par exemple.
L’atteinte de l’objectif de la stratégie mondiale de lutte contre le paludisme qui est de réduire de 90 % l’incidence du paludisme et de la mortalité associée d’ici 2030 dans le monde entier reste encore lointain, car nous comptons toujours des populations vulnérables qui n’ont pas un accès de qualité aux services de lutte contre le paludisme. Dans les communautés où le paludisme est plus endémique, nous assistons à certains défis tels que l’accès limité aux médicaments de qualité et à moindre coût, l’absence des moustiquaires pour certaines populations, les ressources limitées des Organisations de la Société Civile pour atteindre les populations les plus vulnérables, ainsi que l’accès limité au diagnostic des cas de paludisme. Aussi, l’on fait face à une résistance aux antipaludéens et aux antivectorielles qui sont des problèmes à résoudre.
« Nous sommes déçus par la faible efficacité du vaccin, par son coût élevé »
L’arrivée du vaccin contre le paludisme (RTS, S) est un grand espoir dans la lutte contre le paludisme. L’OMS a recommandé que les enfants vivant en Afrique sub-saharienne qui sont des populations très exposés le reçoivent régulièrement. Nous saluons cette avancée significative mais sommes déçus par la faible efficacité du vaccin, par son coût élevé et par les défis que soulèvent sa disponibilité et sa distribution. Nous demandons un investissement urgent pour accélérer la recherche et le développement, afin que nos enfants et nos communautés aient accès à un vaccin au coût abordable et disponible et dont l’efficacité serait d’au moins 80 % pour tous les enfants à risque.
L’année 2022 marque le 20e anniversaire du Fonds Mondial et coïncide avec la septième reconstitution des ressources. La mobilisation d’au moins 18 milliards $ en septembre de cette année et l’augmentation importante des fonds domestiques alloués à la santé sont un enjeu majeur pour la lutte contre le paludisme. Nous demandons à chaque pays de lutter pour ce qui compte en augmentant sa contribution au fonds mondial de 40% au moins par rapport à la sixième reconstitution, pour sauver au moins 20 millions de vie au cours du cycle 2024 -2026.
La Société Civile pour l’Élimination du Paludisme (CS4ME) appelle les décideurs et les leaders à : Promouvoir l’équité et donner la priorité à la société civile locale dans la mise en œuvre des interventions de contrôle du paludisme par les actions suivantes :
-Passer d’une approche purement médicale de la lutte contre le paludisme à une approche multisectorielle axée sur la communauté et qui tient compte des facteurs importants tels que les normes, les contextes et les réalités socio-économiques, culturels et liés au sexe des personnes vivant dans des communautés touchées par le paludisme ;
-Identifier les populations vulnérables, développer et impliquer la société civile dans les interventions spécifiques pour ses populations (les femmes enceintes, les enfants de moins de cinq ans, les réfugiés, les déplacés internes, les orphelins, les personnes vivant en zone de conflit, les personnes vivant en zone rurale, les femmes enceintes, les enfants de moins de cinq ans etc) ;
-Mettre en œuvre des programmes différenciés pour lever les obstacles à l’accès à des services et à des soins de qualité pour les populations les plus vulnérables ;
-S’attaquer aux inégalités entre les sexes dans les programmes et politiques de lutte contre le paludisme. Des données récentes, indiquent que l’incapacité des femmes à accéder à la prévention et au traitement du paludisme est le plus souvent due à leur faible statut socio-économique au sein de leur foyer et de leur communauté ;
-Reconnaître et travailler avec l’expertise et la portée des communautés locales nécessaires pour atteindre les objectifs de lutte contre le paludisme ;
-Impliquer de manière significative les organisations de la société civile locale dans la mise en œuvre afin de garantir un meilleur engagement communautaire et la durabilité des investissements dans la lutte contre le paludisme ;
-Garantir une rémunération équitable aux agents de santé communautaire, dont la plupart sont des femmes qui travaillent sans relâche pour que les communautés aient accès aux services de santé.
-Mobiliser les fonds pour la lutte contre le paludisme, le VIH SIDA et la Tuberculose dans le cadre de la 7e reconstitution du Fonds Mondial afin d’atteindre l’objectif qui est de 18 milliards de dollars au moins.
-Augmenter les budgets nationaux de santé dans les pays endémiques de 15 % conformément à la déclaration d’Abuja de 2001.
-Augmenter les bénéfices du personnel médical local, ces soldats de la lutte qui travaillent sans relâche dans les hôpitaux et les centres de santé pour veiller à la santé des populations.
Chaque minute, un enfant de moins de cinq ans meurt du paludisme. Nous avons le pouvoir de changer cela agissons maintenant !
A propos de CS4ME : Société Civile pour l’élimination du paludisme est une plateforme mondiale des organisations de la société civile engagées pour atteindre cette élimination. Notre mission est d’emmener les programmes et interventions de lutte contre le paludisme à être plus efficaces, durables, équitables, innovants, inclusifs de la société civile, centrés sur les communautés, fondés sur les droits humains et le genre et suffisamment financés. »