Dans un avis rendu public fin juillet, l’Organisation mondiale de la santé prend position pour la première fois sur l’« édition » du génome humain, appelant les autorités internationales à s’opposer à toute expérimentation en la matière.
Cette déclaration intervient près d’un an après l’annonce, par un chercheur chinois, de la naissance de deux bébés « génétiquement modifiés ».
Les expérimentations consistant à faire naître des bébés génétiquement modifiés doivent cesser immédiatement. C’est en substance le message délivré fin juillet par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). L’organisation internationale installée en Suisse a fermement alerté contre les modifications du génome humain dès lors qu’il pourrait être transmis à la descendance. Une question qui se pose clairement moins d’un an après l’annonce, en novembre 2018, de la naissance, en Chine, de deux bébés génétiquement modifiés, aussi appelés les « bébés OGM ».
Modification du génome, l’urgence d’une régulation internationale
« L’édition du génome des cellules germinales pose des questions inédites, aussi bien sur le plan éthique que technique », a affirmé le directeur général de l’OMS Tedros Adhanom Ghebreyesus. D’où cette recommandation : « Les autorités publiques de tous les pays ne devraient pas autoriser de quelconques travaux, à l’avenir, dans ce domaine, jusqu’à ce que les implications (de ces recherches) aient été clairement étudiées. »
« Irresponsable, à ce stade »
Le directeur de l’OMS reprend en fait les conclusions d’un groupe international d’experts sur l’édition du génome humain, et dont les membres se sont réunis pour la première fois à Genève en mars.
« Il serait irresponsable, à ce stade, que quiconque procède à une modification du génome des cellules germinales en vue de procéder à des applications cliniques », avaient affirmé les membres de ce groupe, dont fait parti notamment le Français Hervé Chneweiss, qui préside le comité d’éthique de l’Inserm. Ce groupe de l’OMS a par ailleurs appelé tous les chercheurs qui mèneraient des expériences dans ce domaine à prendre immédiatement contact avec lui. Un registre répertoriant toutes les initiatives en la matière devrait être mis sur pied dans les mois qui viennent.
L’OMS a lancé en janvier ce groupe d’experts sur la modification du génome humain quelques semaines après une annonce faite fin novembre par le chercheur chinois He Jiankui.
De nouveaux “bébés OGM” en Russie ?
Ce chercheur de l’université de Shenzhen avait affirmé avoir contribué à la naissance de deux bébés génétiquement modifiés, faisant ainsi prendre conscience à la communauté internationale de l’urgence d’une régulation.
Plus récemment, c’est un biologiste russe qui a, en juin, annoncé dans Nature vouloir reproduire d’ici à la fin 2019 l’expérience menée par le chinois He Jiankui. Ce chercheur, Denis Rebriko, a l’intention d’intervenir sur le même gène que He Jiankui, à savoir CCR5, sorte de porte d’entrée dans l’organisme du virus du sida. Une manière, selon eux, de permettre à des patients porteurs du HIV d’avoir des enfants.
Source : La Croix