L’industrie pharmaceutique a-t-elle les bonnes réponses à la pandémie Ebola ?

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En République démocratique du Congo, on n’a toujours pas trouvé la parade sanitaire pour stopper l’épidémie de fièvre Ebola apparue il y a un an. Dans la palette des moyens à mettre en oeuvre, ceux que propose l’industrie pharmaceutique sont-ils adaptés ?

Il n’y a pas encore de médicament miracle pour guérir Ebola. C’est pourquoi l’urgence est de prévenir. Et pour cela il faut un vaccin. La pandémie qui a sévi en Afrique de l’Ouest entre 2014 et 2016 a fait plus de 11 000 morts, parce que les systèmes de santés étaient défaillants, mais aussi parce qu’il n’y avait pas encore sur le marché un vaccin à l’efficacité prouvée. La gravité de la situation finit par émouvoir la communauté internationale. L’argent des donateurs coule à flots et les start-ups de la biotech comme les grands labos se lancent dans cette course contre la mort. Pas le temps de faire des tests pendant des années, les molécules les plus sérieuses ont été administrées encore en phase expérimentale. Et ça marche. Le vaccin de l’Américain Merck réussit à endiguer la fièvre en Guinée.

C’est précisément ce vaccin qui est utilisé en ce moment en République démocratique du Congo.

Alors qu’il n’est toujours pas homologué… Quatre autres sont en cours d’expérimentation, mais aucun n’a reçu l’approbation des autorités occidentales pour le moment. Seules la Chine et la Russie ont accordé des licences à leur propre découverte, mais faute de données statistiques suffisantes sur leur portée réelle, leur usage est d’emblée écarté par l’OMS. Le vaccin de Merck a ralenti la diffusion d’Ebola en République démocratique du Congo, on dénombre aujourd’hui plus de 1700 morts, sans parvenir à la stopper. La stratégie de la vaccination en anneau, c’est-à-dire autour des personnes contaminées se révèle insuffisante. C’est pourquoi un autre vaccin est vivement recommandé depuis ce printemps. Il est développé par la filiale belge de l’Américain Johnson et Johnson, le laboratoire Janssen en collaboration avec la biotech danoise Bavarian, et avec le soutien des fonds européens. Mais cette molécule a déclenché une crise gouvernementale à Kinshasa. Le ministre de la Santé a démissionné, il refuse de valider ce qu’il estime être un essai à grande échelle.

À raison ?

Oui, il s’agit bien d’un test grandeur nature: ce vaccin qui serait efficace sur le primate n’a pas encore été testé sur l’homme. Mais il faut voir que dans l’urgence actuelle, les épisodes de pandémies sont les seuls terrains d’expérimentation pour démontrer à grande échelle l’action d’un vaccin. Ce qui est dérangeant dans le cas du vaccin de Johnson and Johnson c’est surtout qu’il faut l’administrer en deux prises, délicat dans un pays où la population est mouvante et difficile à contacter, sans parler du contexte sécuritaire explosif. Ses partisans soutiennent au contraire qu’il sera plus facilement accepté, car appliqué à grande échelle. Ce choix est motivé aussi pour des raisons industrielles : Merck n’aurait pas assez de stocks pour faire face au besoin, tandis que le laboratoire belge dit avoir 500 000 doses prêtes à l’emploi, une réserve qu’il peut facilement tripler.

Ce marché de la vaccination contre Ebola intéresse-t-il vraiment l’industrie pharmaceutique ?

C’est encore un petit marché, estimé à 56 millions de dollars l’an prochain, mais perçu comme très porteur aux États-Unis. Parce que les pandémies sont amenées à se répéter. Et aussi parce qu’étant donné l’urgence, la procédure de validation par l’administration est accélérée, ce qui est très profitable pour les labos habitués à attendre une mise sur le marché pendant des années et des années. Enfin parce que chaque fois qu’une pandémie se déclare les fonds importants sont mobilisés. C’est sans doute pour battre le rappel des donateurs que l’OMS a déclaré la semaine dernière l’état d’urgence sanitaire mondiale. L’agence estime qu’elle a besoin de 324 millions de dollars pour sa mission, trois fois le budget actuellement dédié à la lutte contre Ebola en RDC.

Source : RFI

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