Ceci est une déclaration de l’Organisation Ouest-Africaine de la Santé (OOAS) à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le paludisme.
Aujourd’hui marque la 14e édition de la Journée mondiale de lutte contre le paludisme. Une journée instituée par l’Assemblée mondiale de la santé pour sensibiliser le public et faire un plaidoyer en faveur de la poursuite de l’engagement politique, de l’investissement financier ainsi que celle de l’engagement communautaire en vue de la réalisation des objectifs d’élimination du paludisme.
La célébration de cette année, placée sous le thème «Zéro palu je m’engage – Tirer un trait sur le paludisme », vise à mettre en exergue les avancées réalisées en matière de lutte contre le paludisme et à inciter les pays à accélérer leurs interventions visant l’élimination du paludisme.
L’espace CEDEAO ne cesse de subir de façon disproportionnée, la charge du paludisme dans le monde. En effet, les 112 millions de cas et les 194 000 décès survenus en 2019 représentaient respectivement 49 % et 47 % des cas de paludisme et des décès dans le monde, pour une région qui constitue 10 % de la population mondiale à risque. Environ 64 % des cas concernent des enfants âgés de moins de cinq ans. Les femmes enceintes et les personnes ayant un accès limité aux soins de santé sont les plus vulnérables et les plus touchées par la maladie. Au niveau national, le coût économique du paludisme peut représenter jusqu’à 6 % du PIB et se traduit par l’absentéisme au travail, la perte de productivité, la baisse du tourisme et des investissements étrangers.
Heureusement, entre 2015 et 2019, l’espace CEDEAO a réalisé quelques avancées, quoique modestes, en réduisant le taux d’incidence pour 1 000 habitants et le taux de mortalité par million d’habitants de 4 % et 22 %, respectivement. Le Cabo Verde s’est fixé comme objectif d’éliminer le paludisme d’ici 2023, tandis que le Sénégal et la Gambie comptent plusieurs districts où l’incidence du paludisme est inférieure à 10 pour 1 000 habitants. Ces acquis sont rendus possibles par le nombre accru de pays qui lancent leur campagne « Zéro Palu ! Je m’engage » et qui font de l’engagement politique, la mobilisation des ressources ainsi que la sensibilisation communautaire, leurs priorités absolues. Neuf pays de la CEDEAO ont lancé leur campagne et il est prévu que deux autres pays en fassent de même cette année. Par ailleurs, trois pays de la CEDEAO ont lancé une initiative « Zéro palu, les entreprises s’engagent », avec la participation du secteur privé à la lutte contre le paludisme et son élimination, afin d’accroître le financement au niveau national. Les interventions de prévention, de lutte anti-vectorielle intégrée, de diagnostic ainsi que de prise en charge des cas indiquent toutes, que nous allons dans la bonne direction. Environ 33,3 millions d’enfants âgés de 3 mois à 5 ans ont été protégés du paludisme à l’aide d’une chimio prévention du paludisme saisonnier (CPS) en 2020.
Tirer un trait sur le paludisme requiert un passage à l’échelle de l’engagement
En dépit de ces réalisations, l’espace CEDEAO reste confrontée à de nombreux défis, notamment en ce qui concerne la faible couverture des interventions, un accès limité aux services de prévention et de traitement, un faible engagement communautaire, une résistance aux insecticides et une insuffisance des apports financiers. La population de l’Afrique de l’Ouest est jeune, les personnes âgées de 15 à 24 ans représenteront 19 % de la population totale d’ici 2050. Des données récentes montrent que la jeunesse Africaine est disposée à investir de son temps pour accompagner les efforts en matière d’élimination du paludisme, à travers notamment, la distribution de moustiquaires, l’assainissement et la sensibilisation au niveau communautaire, ainsi qu’à travers le partage d’informations sur les réseaux sociaux. Malheureusement, cette jeunesse n’a pas été activement associée aux efforts de lutte contre le paludisme. C’est dans ce contexte que l’Organisation Ouest-Africaine de la Santé (OOAS) apporte son appui aux initiatives continentales visant à associer la jeunesse à la campagne « Tirer un trait sur le paludisme ». L’OOAS a une grande expérience professionnelle dans le domaine de la santé sexuelle et reproductive des adolescents, qu’elle peut mettre à profit pour appuyer les campagnes de lutte contre le paludisme.
A l’occasion de la célébration de la journée mondiale de lutte contre le paludisme en cette année, dans un contexte marqué par la pandémie de COVID-19, l’OOAS en appelle aux États membres de la CEDEAO afin qu’ils redoublent leurs efforts en vue de la poursuite harmonieuse de la fourniture des services essentiels en dépit des perturbations de la chaîne d’approvisionnement et du respect des protocoles de sécurité en matière de santé publique.
Selon le professeur Stanley OKOLO, Directeur général de l’OOAS, intervenant lors d’un récent forum ministériel de l’Initiative pour l’élimination du paludisme au Sahel, pour accélérer les progrès pour l’élimination du paludisme, il s’avère nécessaire de mettre en place des systèmes de santé résilients aux moyens d’« un plan clair et précis, le partage des responsabilités, un investissement financier accru, un capital social motivé et un meilleur engagement de nos communautés ». Au total, tirer un trait sur le paludisme requiert un passage à l’échelle de l’engagement multisectoriel, du leadership, de la transparence et du sens de responsabilité, ainsi que de la collaboration transfrontalière.
L’OOAS saisit cette occasion pour remercier les Etats membres de la CEDEAO et ses partenaires, notamment l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), le Partenariat RBM pour mettre fin au paludisme, l’Alliance des dirigeants africains contre le paludisme, les organisations bilatérales et multilatérales, les donateurs, les ONG, les médias ainsi que la société civile pour leur engagement vis-à-vis de la lutte contre le paludisme.
« Zéro Palu, je m’engage, Tirer un trait sur le paludisme, je m’engage !»