Doit-on accepter l’argent du tabac même quand celui-ci finance des programmes de lutte contre le travail des enfants ? Cette question, l’Organisation internationale du travail (OIT) se la pose en ce moment à Genève. Voilà des mois que l’OIT doit couper les fonds en provenance des grands groupes cigarettiers pour ses programmes sociaux. On parle de 15 millions de dollars depuis 2011. Une générosité qui a de plus en plus de mal à passer aux Nations unies. Une centaine d’organisations demandent à l’OIT de cesser sa collaboration avec le secteur.
A trois reprises, l’OIT a échoué à trouver un accord. La dernière fois, c’était au printemps à cause, officiellement, d’une grève du personnel. Mais dans les faits, l’OIT a toujours été divisée sur la question.
Certains, comme le Canada ou l’Europe, font pression pour que l’organisation mette un terme à tous ses programmes financés par les géants du tabac. L’OIT est d’ailleurs la seule agence de l’ONU à accepter cette source de financement. Mais pour les pays producteurs – Chine, Inde, Brésil ou Etats-Unis pour les plus gros -, les liens avec les industriels sont à privilégier.
Ces derniers affirment que leurs efforts ont permis de sortir 182 000 enfants des champs de tabac depuis 2011. Des chiffres impossibles à vérifier pour les associations qui doutent de la sincérité de ces programmes.
Le paradoxe, c’est que la Suisse qui abrite l’OIT héberge aussi bon nombre de cigarettiers. Japan Tobacco International à son siège à Genève, Philip Morris, à Lausanne. L’industrie du tabac rapporte 5,7 milliards d’euros chaque année en Suisse. L’un des derniers pays au monde à ne pas remplir les exigences anti-tabac de l’OMS.
Source : RFI