Les hémorroïdes sont causées par « la constipation, la diarrhée ou l’alternance diarrhée-constipation » (Dr Aboubacar Coulibaly)

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Dr Aboubacar Coulibaly est Maître de conférences Agrégé en Hépato-gastroentérologie et titulaire du DIU (Diplôme Inter Universitaire) de Proctologie. Il nous renseigne sur les hémorroïdes. Lisez-plutôt!

 

Qu’est-ce qui provoque les hémorroïdes ?

 

Vous voulez certainement parler de la maladie hémorroïdaire parce que nous avons tous des hémorroïdes. Ce sont des formations vasculaires normales présentes dans le canal anal (hémorroïdes internes) et la marge anale (hémorroïdes externes) dès la naissance. Elles participent à l’occlusion fine de l’anus et à la continence anale empêchant la fuite de gaz et selles liquides par l’afflux de sang en leur sein augmentant ainsi leur taille.

La maladie hémorroïdaire est définie par la répétition de symptômes anormaux d’origine hémorroïdaire.

Si l’on revient à votre question ; plusieurs causes ont été évoquées mais de nos jours, celles qui ont fait l’objet d’une preuve scientifique sont les troubles du transit : la constipation, la diarrhée ou l’alternance diarrhée-constipation. Les efforts de poussée joueraient particulièrement un rôle important dans la survenue des hémorroïdes.

 

Quels sont les symptômes qui montrent que l’on souffre d’hémorroïdes ?

 

Les symptômes varient en fonction du siège des hémorroïdes.

Les hémorroïdes internes vont se manifester par :

  • une douleur anale, le plus souvent à type de pesanteur ou de chaleur lors du passage de la selle.
  • des saignements qui sont typiquement faits de sang rouge vif indolore survenant pendant ou juste après la défécation et éclaboussant la cuvette des toilettes.
  • un prolapsus qui est la conséquence d’une laxité du tissu de soutien et qui entraine une extériorisation des hémorroïdes internes à travers l’orifice anal. Le patient ressent une sensation de grosseur ou de « boule ». Le prolapsus hémorroïdaire est classé en fonction de l’interrogatoire du malade et de l’examen clinique. Le grade I correspond à des hémorroïdes internes congestives non extériorisées, le grade II correspond à une extériorisation des hémorroïdes lors d’un effort de défécation se réintégrant spontanément, le grade III lorsque cette extériorisation impose une réintégration manuelle et le grade IV à une extériorisation permanente non réductible.

Les hémorroïdes externes se manifestent par une douleur anale, de début rapidement progressif, intense, invalidante, associée à la perception d’une tuméfaction anale, on parle de thrombose hémorroïdaire externe.

 

Les hémorroïdes, est-ce une affaire de femme ou d’homme ?

 

La maladie affecte l’homme et la femme avec une fréquence identique.

Mais en sous population, les femmes en grossesse (surtout au 3ème trimestre) et post partum immédiat (dans les 24 premières heures après l’accouchement) sont plus exposées.

 

On a l’impression que le nombre de personnes souffrant d’hémorroïdes augmente car c’est une maladie dont on entendait peu parler. Et actuellement, beaucoup de jeunes en souffrent. Cela peut-il être dû à quoi ?

 

Aux modifications des habitudes alimentaires. Nous consommons de plus en plus des aliments pauvres en fibres alimentaires. Ce qui favorise la constipation, facteur de risque important de la maladie hémorroïdaire.

 

Peut-on guérir des hémorroïdes ?

 

Il faudrait plutôt parler de stabiliser, parce que l’objectif du traitement, c’est de soulager des symptômes hémorroïdaires et prévenir leurs récidives. Pour atteindre cet objectif, plusieurs moyens existent : médicaux, instrumentaux et chirurgicaux ; la chirurgie étant le dernier recours.

 

Quid de ceux qui les traitent par la médecine traditionnelle ?

 

Nous n’avons pas d’informations documentées sur la prise en charge des hémorroïdes par la médecine traditionnelle.

Des études réalisées au Burkina sur la maladie hémorroïdaire ont montré que le délai moyen de consultation était de 889,37 jours avec des extrêmes de 24 heures et 30 ans. Les raisons de ce retard à la consultation étaient entre autres le recours aux tradithérapeutes ; ce qui veut dire qu’ils contribuent à la prise en charge des hémorroïdes avec les limites qui sont les leurs.

 

 Les hémorroïdes ont-elles un impact sur la sexualité de la personne malade ?

 

A ce jour il n’a pas encore été établi un lien direct entre les hémorroïdes et la sexualité de la personne malade. Cependant la maladie hémorroïdaire comme toutes maladies (paludisme et autres …) peut entrainer une diminution de l’envie sexuelle.

 

Quels comportements adopter quand on souffre d’hémorroïdes ?

 

C’est d’abord confirmer le diagnostic en allant consulter dans une structure de santé. Les symptômes des hémorroïdes sont banaux et peuvent se retrouver dans certaines pathologies plus graves comme le cancer du côlon ou du rectum.

Ensuite respecter le traitement prescrit qui met l’accent sur les mesures hygiéno-diététiques. Il a, en effet, été démontré que le respect de ces mesures permet de diminuer le prolapsus, la douleur et le saignement et même de prévenir les récidives.

Ces mesures consistent à lutter contre les facteurs de risque :

  • la constipation par la consommation d’aliments riches en fibres et également la consommation de fruits
  • la diarrhée par une bonne hygiène alimentaire
  • surtout éviter les efforts de poussée. Il ne faut pas rester longtemps sur les toilettes (au maximum 3-4 minutes). Il faut réussir à déféquer sans trop pousser ; ceci est surtout important pour les populations à risque de thrombose telles que les femmes enceintes. Le cas échéant ne pas hésiter à consulter un médecin.

 

Quel régime alimentaire adopter ?

 

Il faut consommer surtout des aliments riches en fibres alimentaires tels que le pain complet, le petit pois, le soja, le haricot rouge, les cacahuètes grillées, le chocolat noir etc…beaucoup plus riche en fibres que la salade et le haricot-vert.

 

  Des conseils pour se préserver des hémorroïdes ?

 

C’est tout simplement lutter contre les facteurs de risque ci-dessus cités :

  • privilégier une alimentation qui régule le transit intestinal afin de lutter contre la constipation (légumes, fruits, céréales complètes).
  • boire de l’eau, au moins 1,5 l d’eau par jour
  • pratiquer une activité physique régulière
  • aller à la selle à heure fixe et éviter de déféquer en faisant des efforts de poussée intenses.

 

Propos recueillis par Françoise DEMBELE

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