Sous la présidence des ministères de l’eau et de l’assainissement et de la santé, l’Association Burkinabè des sages-femmes et maïeuticiens (ABSFM) avec le soutien technique et financier de wateraid a commémoré en différé la célébration de la Journée mondiale des lavages des mains le 16 novembre 2017 à Ouagadougou dans le district sanitaire de Bogodogo.
Selon les statistiques, en Afrique 2,8 millions d’enfants décèdent avant d’atteindre l’âge de cinq (5) ans. 1/3 de ces enfants décèdent au cours des 28 premiers jours suivant leur naissance et 5 000 enfants de moins de cinq (5) ans décèdent chaque année des suites d’une maladie diarrhéique due à l’utilisation d’eaux contaminées. Une chose est donc de laver les mains, une autre est de trouver de l’eau non contaminée et en quantité pour le faire, comme le souligne si bien Léocadie Ouoba/Bouda, Directrice pays par intérim de Wateraid Burkina Faso. En effet, elle estime qu’il y a un lien entre la santé et l’eau potable car l’insuffisance de la disponibilité de l’eau potable, des toilettes appropriées et des installations pour le lavage adéquat des mains expose les patients, les agents de santé et toute la communauté et leur environnement à d’importants risques sanitaires. En témoigne une étude de Wateraid publiée en 2014 qui montre qu’environs 123 000 enfants de moins de 5 ans ont perdu la vie depuis 2000 du fait du manque d’accès à l’hygiène et aux toilettes. Toute chose qui doit changer. Et la commémoration de la Journée mondiale de lavage des mains en différé est l’une des activités phares de Wateraid qui introduit dans la campagne WASH et santé dénommée « Un départ sain : eau, hygiène et assainissement pour un départ dans la vie ».
Le but de cette campagne est d’influencer et de soutenir les pouvoirs publics et les partenaires pour un meilleur accès à l’eau et à l’assainissement non seulement dans les ménages mais aussi dans les hôpitaux, les centres de santé et dans les écoles. Par ailleurs, cette campagne vise à générer un engagement robuste à l’échelle national et international afin d’intégrer l’eau et l’assainissement dans les politiques et les pratiques sanitaires afin de réduire la sous-alimentation, les maladies infantiles et les décès évitables des nouveaux nés. C’est pourquoi Léocadie Ouoba/Bouda a interpellé les autorités sanitaires à prioriser l’eau, l’hygiène et l’assainissement dans les centres de santé afin de créer un environnement qui sécurise les patients et les agents de santé eux-mêmes.
Un plaidoyer soutenu par le parrain de la Journée mondiale de lavage des mains, commémorée chaque 15 octobre. En effet, Pr Charlemagne Ouédraogo a indiqué que « Quand il n’y a pas d’eau propre aisément accessible pour nettoyer les locaux ou se laver les mains, les structures de santé peuvent devenir des foyers pour les bactéries dangereuses et les personnels de santé peuvent transmettre des maladies d’un patient à l’autre sans le savoir », dit-il. Pour soutenir ses propos, le parrain a affirmé q’une enquête portant sur les infections nosocomiales (contractées pendant un séjour dans un établissement de santé) menée en 2011 dans plusieurs pays industrialisés a montré que jusqu’à un (1) patient sur deux (2) ce qui représente 45,6% sortait de l’hôpital avec une infection dont il n’était pas porteur à son arrivée. En tant que professionnel de la santé, gynécologue, Pr Charlemagne Ouédraogo, apprécie à sa juste valeur la pertinence du lien fait entre la santé et l’eau potable, l’hygiène et l’assainissement dont il est confronté chaque jour. Au nom du personnel de santé et au nom de l’Association burkinabè des sages-femmes et des maïeuticiens (ABSFM), il a remercié Wateraid pour avoir lancé une aussi pertinente campagne. Il a donc rassuré Wateraid de l’engagement des agents de santé et des écoles professionnelles pour la promotion de l’eau potable, l’hygiène et l’assainissement dans les centres de santé.
La présidente de l’ABSFM représentée par Boulguissa Konkonbo, Secrétaire générale de l’association a rappelé qu’un tiers des enfants décèdent au cours des 28 premiers jours suivant leur naissance. Une résultante du fait que les lavages des mains n’est pas un geste systématique dans les pratiques quotidiennes. Pour elle, la commémoration de la Journée mondiale de lavage des mains est une occasion pour les sages-femmes et maïeuticiens de faire un plaidoyer auprès des pouvoirs publics pour l’eau et l’assainissement afin de réduire les décès des nouveau-nés. Le cadre de la commémoration de la Journée mondiale de lavage des mains a été une occasion pour l’ABSFM de lancer le concours « Maternité propre », un leitmotiv pour rendre leur cadre de travail sain.
Après les différentes interventions, l’Association des étudiants en médecine a procédé à une démonstration de lavage des mains pour préserver la santé des bébés. Et sur le champ des kits de lavage des mains ont été remis à l’hôpital de district de Bogodogo aussi bien pour les professionnels de santé que pour les usagers des centres de santé.
En rappel, Wateraid est une ONG internationale intervenant au Burkina Faso depuis 2003 et travaillant exclusivement dans le secteur de l’eau, hygiène et assainissement. Elle accompagne le gouvernement burkinabè, les collectivités territoriales et les associations nationales afin de rendre effectif les droits d’accès à l’eau et à l’assainissement pour les populations vulnérables. Wateraid intervient dans la fourniture des services, le renforcement des capacités, la communication pour le changement de comportement mais aussi le plaidoyer pour plus de financement, pour le respect des engagements et pour l’intégration des secteurs santé, éducation, eau et assainissement.
Françoise DEMBELE