Les médicaments de rue constituent une plaie en Afrique subsaharienne. Et, selon Pr Ange Désiré Yapi, président en exercice de l’ACAME, directeur général de la Centrale d’achat de Côte d’Ivoire, le pansement idéal aux médicaments de rue, c’est la Couverture sanitaire universelle (CSU) qui est d’ailleurs le thème de la 22e Assemblée générale de l’Association africaine des centrales d’achats des médicaments essentiels (ACAME) qui aura lieu du 26 au 28 mars 2020, à Ouagadougou.
Qu’est-ce que l’ACAME ?
L’ACAME, c’est l’Association africaine des centrales d’achats des médicaments essentiels. C’est une association qui regroupe toutes les centrales d’achat qui ont pour mission de rendre disponibles géographiquement et financièrement accessibles les médicaments essentiels de qualité. Nos objectifs, c’est de nous mettre ensemble pour contribuer à la réussite de cette mission. La plupart de nos pays sont en voie de développement, et l’accès au médicament est une question délicate. Le médicament se présente parfois comme un produit de luxe. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a proposé aux gouvernements d’appliquer une politique qui s’appelle la Couverture maladie universelle pour faire en sorte que les difficultés financières ne se présentent pas aux populations pour pouvoir accéder à des soins essentiels de qualité.
Quelles sont les difficultés que votre association rencontre ?
Il y a la question de la promotion des centrales d’achat. Il est important que nous puissions faire en sorte qu’à l’instar du Burkina Faso qui a compris l’intérêt des centrales, la plupart des gouvernants de tous les pays au-delà du Burkina Faso, soient réellement informés de l’importance de ces centrales d’achat et prennent toutes les dispositions pour faire en sorte qu’elles puissent réussir leur mission en termes d’autonomie, en termes de financement et ainsi de suite.
Quelle est la partition que joue l’ACAME dans la lutte contre les faux médicaments ?
Par rapport aux faux médicaments, nous sommes le circuit licite. Nous sommes le circuit dans lequel il y a une codification des actes qui permettent de mettre à la disposition des populations des médicaments de qualité. C’est l’une des raisons pour lesquelles nous pensons qu’il est nécessaire de soutenir les centrales d’achat pour qu’on puisse retrouver sur le terrain des médicaments essentiels de qualité à travers le système licite. C’est le deuxième gros enjeu de la Couverture maladie universelle. Faire en sorte que l’accessibilité financière ne soit plus un problème et que pour des raisons de financement, les populations ne soient pas détournées vers les médicaments de qualité inférieure et falsifiée, dangereux pour leur santé. La meilleure façon de lutter contre les médicaments de rue, c’est de mettre en place la Couverture sanitaire universelle. Les gouvernants ont la responsabilité de faire en sorte que la Couverture sanitaire universelle soit une réalité.
L’installation d’usines nationales de production de médicaments ne serait-elle pas une solution pour lutter contre ces médicaments de qualité inférieure ?
Nous avons dans notre plan de faire la promotion de l’industrie pharmaceutique locale pour permettre que les médicaments soient produits dans nos pays pour assurer un meilleur contrôle à tous ceux qui font de la régulation.
Propos recueillis par Françoise DEMBELE
