Le tabac tue. On ne cessera de le dire. Arrêter de fumer est possible avec beaucoup de volonté. Dans l’anonymat, une dame raconte comment elle s’est débarrassée de la cigarette. Lisez-plutôt !
« Je suis madame X en sevrage tabagique réalisé avec succès depuis 6 mois. Je fume depuis que j’ai 19 ans. Cela fait environ 20 ans de tabac. De deux à trois bâtons par jour, je me suis retrouvée à un certain moment à plus d’un paquet par jour. Cela entraînait forcément des impacts sur ma santé et sur mon entourage. Le déclic est arrivé quand j’ai été consultée un pneumologue pour mon fils qui est asthmatique. Dans les échanges, le pneumologue a voulu savoir quel était le cadre de vie de l’enfant. En fouillant, on s’est rendu compte que le tabac ne favorisait pas la prise en charge de son asthme. C’est dans cette optique que le professeur Martial Ouédraogo m’a recommandée à cette unité de sevrage tabagique où j’ai été prise en charge par Dr Edem, sous la supervision du Pr Georges Ouédraogo. Nous avons eu des échanges libres et intéressants au cours desquels j’ai pu m’exprimer et dire mes difficultés parce qu’à plusieurs reprises, j’ai essayé d’arrêter de fumer. Depuis près de 10 ans, c’est mon combat. J’ai commandé pas mal de produits à l’extérieur, je suis passée même par des séances d’hypnose. Je suis passée également par les tradipraticiens. Tout cela s’est soldé par des échecs. Dr Edem a vraiment été disponible. Même en dehors des heures de service, il n’hésitait pas à répondre à mes questions, que ce soit par messages ou par appel.
Nous utilisions trois procédés qui sont les échanges permanents, les gommes qui contiennent de la nicotine avec des degrés de grammages différents et il y a les patchs.
« Maman, quand tu finis de faire tes trucs blancs, tu sens mauvais »
A un moment donné, j’ai laissé tomber et je ne venais plus au contrôle. A l’approche du mois de décembre, j’ai pris la résolution d’arrêter de fumer. Je suis à nouveau entrée en contact avec Dr Edem pour lui dire qu’il faut que j’arrête de fumer pour de vrai. Mon fils grandit, il me pose des questions sur ces « trucs blancs ». Et il me disait également « Maman, quand tu finis de faire tes trucs blancs, tu sens mauvais». C’était des paroles choquantes pour moi. La goutte d’eau qui a fait déborder le vase est qu’une fois, je l’ai surpris en train de fumer, en cachette dans sa chambre, une de mes cigarettes qu’il a volée. J’ai dit non, je ne veux pas de cette vie pour mon fils. Je suis à nouveau entrée en contact avec Dr Edem qui a été beaucoup présent.
La méthode par anticipation
Le 11 décembre, j’étais une récipiendaire des décorations et le Dr m’a dit : «Tiens, et si tu fumais ta dernière cigarette le 10 décembre et le 11 décembre, tu pars te faire décorer ? » Je lui ai demandé : « Est-ce que je pourrai ? » Il m’a répondu «Oui, tu vas y arriver, mais on va changer de processus ». Avant, la méthode était de mâcher les gommes ou nicorettes lorsque l’envie de fumer se présentait. Les patchs, je les mettait le soir, une fois que l’envie de fumer se présentait. La nouvelle méthode était qu’on allait fonctionner par anticipation. Cette méthode a été salutaire parce que l’envie de fumer ne se profilait même pas à l’horizon. Mon cadre idéal pour fumer était à la maison une fois descendu du service.
Deux semaines après, j’ai été envoyée en mission dans une ville du Burkina. J’ai fait mon stock de cigarettes pour ne pas être en manque. C’était une mission de cinq jours. Pendant cette mission, je n’ai fumé que deux cigarettes. Quand j’allume la cigarette, au bout de deux ou trois bouffées, je suis dégoûtée. Donc j’ai ramené les paquets de cigarettes. Je les ai déposés dans ma chambre et je les regardais. Après une semaine, deux semaines, je n’avais aucune envie de la cigarette. Je me suis dit autant s’en débarrasser. Cela a été mon divorce avec la cigarette.
Le tabac, c’est comme un conjoint dont on veut se débarrasser, mais qui refuse de partir
Mais je tiens à dire à ceux qui veulent faire le sevrage tabagique qu’il faut parler. Cela fait six (6) mois que j’ai arrêté de fumer mais j’évite les milieux où il y a des personnes qui fument. Le plus souvent, je me mets à l’écart. Le tabac, c’est comme un conjoint qui est là dont on veut se débarrasser, mais qui refuse de partir. C’est très délicat, au point que j’ai interdit à mes connaissances qui fument de le faire chez moi.
Je recommande fortement l’unité de sevrage tabagique de l’hôpital Yalgado. J’ai eu à faire à des cabinets privés à l’extérieur mais cela n’a pas marché, alors que la solution était tout près, au Burkina. Fumer tue. Fumer nous coupe de la société. Fumer dérange les autres. La cigarette, n’y touchez pas du tout ».
Propos recueillis par Françoise DEMBELE