Dans le cadre de la commémoration de la Journée mondiale contre l’hépatite, l’association « Sos hépatites » a organisé une conférence de presse le 17 juin 2018 pour interpeller les décideurs et les populations par rapport au ravage que cause l’hépatite au Burkina Faso. La rencontre avec les médias a été le cadre du lancement de la campagne « trouver le million manquant », qui marque officiellement aussi le top départ des activités de l’association entrant dans le cadre de la commémoration du 28 juillet.
En 2016, au Burkina Faso, la prévalence de l’hépatite virale B était de 9,1% et celle de l’hépatite C était de 3,6%. Des taux qui démontrent l’ampleur de la maladie et l’insuffisance de sensibilisation au sein de la population. Le drame est que « la majorité des personnes infectées ne le savent pas ».Et il ressort des statistiques de 2016, qu’au Burkina Faso, plus de 2 400 000 personnes sont infectées par les virus des hépatites B et C.
C’est pourquoi, comme tous les ans, « Sos hépatites », association de personnes infectées et affectées par le virus a pris son bâton de pèlerin pour mener la sensibilisation sous le thème « éliminer les hépatites », dans le cadre de la commémoration de la Journée mondiale contre l’hépatite. Au cours la conférence de presse, Justine Yara, Présidente de l’association, a fait remarquer qu’une campagne de sensibilisation et de dépistage a débuté le 1er juillet dernier, et au 17 juillet, date de la conférence de presse, sur 817 personnes dépistées, 83 sont porteurs du virus de l’hépatite B, soit une prévalence de 10,2%. D’où la campagne « trouver les millions manquants ». Et le Pr Roger Sombié, hépato-gastroentérologue, a fait l’état des lieux actuels des hépatites B et C dans le monde et au Burkina Faso dans le contexte de l’élimination. Pr Sombié a décrit un tableau sombre. En effet, il a estimé que les hépatites virales, B et C, constituent la première cause de cancer du foie et de cirrhose dans les pays pauvres. Tout simplement parce que le diagnostic est tardif (entre 40 et 45 ans). C’est pourquoi, Pr Roger Sombié invite la population à se dépister. Si le résultat est négatif, cela n’épargne pas l’individu qui doit se vacciner pour se protéger, surtout de l’hépatite B. Le vaccin coûte 7500 F CFA administrable en trois doses.
La conférence de presse a été aussi une tribune pour l’association de faire un plaidoyer. Toute chose qui a conduit Hortense Sanou, chargée de communication de l’association « Sos hépatites » à demander à « tous les acteurs engagés dans la lutte contre les hépatites à multiplier les efforts par des actions concrètes pour la recherche des millions de personnes qui ignorent leur statut sérologique afin d’éviter de multiples décès ». Au gouvernement, « Sos hépatite » demande d’établir un plan de financement conséquent pour la mise en œuvre rapide du plan stratégique national de lutte contre les hépatites virales afin que le Burkina Faso ne manque pas le rendez-vous de l’horizon 2030, à savoir parvenir à dépister 90% des personnes qui ignorent leur statut. Pour ce faire, il faut une large sensibilisation et à cet effet, « Sos hépatites » a demandé que les autorités sanitaires subventionnent les associations de lutte contre les hépatites virales. Comme tout passe par le statut sérologique, Hortense Sanou à exhorter les populations à se mobiliser pour mieux connaitre la maladie en se faisant dépister afin de connaitre leur statut sérologique et bénéficier d’une prise en charge adéquate. Et l’artiste Amity Méria, acquise à la cause de la lutte, s’est aussi fait dépister et a invité toute la population à faire comme elle.
Relativement aux activités menées, en plus du dépistage et de la vaccination, « Sos Hépatites », de concert avec les autres associations, remettra un mémorandum au ministre de la santé. Le même jour, l’association fera une remise de don aux malades du service d’hépato-gastroentérologie du Centre hospitalier Yalgado Ouédraogo.
Françoise DEMBELE