Les parlementaires de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), de la Mauritanie et du Tchad tiennent une rencontre de haut niveau à Ouagadougou, du 20 au 22 juillet 2017. L’objectif étant de se pencher sur le financement adéquat de la santé, le dividende démographique et les politiques de population et de développement.
Selon les statistiques, l’espace CEDEAO compte plus de 335 millions d’habitants. Et au stade actuel de la fécondité, 7,6 enfants par femme, la région pourrait voir sa population doubler d’ici à 2050. Ce qui pourrait être un avantage pour la zone, à condition que des mesures appropriées soient prises en matière de santé et d’éducation. Toute chose qui ne peut se faire sans les parlementaires, dignes représentants du peuple. Ceux de l’espace CEDEAO, de la Mauritanie et du Tchad ont décidé de prendre à bras le corps la problématique de la croissance démographique. « Nous parlementaires, avons un grand rôle à jouer. Nous devons, avec davantage d’audace, inscrire la question de la santé au premier rang des priorités et faire des arbitrages conséquents lors des examens des projets de budgets soumis par les exécutifs à nos parlements respectifs, pour permettre à nos Etats d’atteindre l’objectif de 15% prévu dans la déclaration d’Abuja », argue Me Stanislas Bénéwendé Sankara, 1er Vice-président de l’Assemblée Nationale du Burkina Faso, pour qui les efforts d’améliorer le financement de la santé afin d’atteindre la déclaration d’Abuja, seront vains s’il n’y a pas de solutions urgentes à l’explosion démographique dans les différents Etats.
C’est pourquoi Me Stanislas Bénéwendé Sankara estime qu’« il apparaît impérieux pour les Etats d’agir pour maîtriser la poussée démographique hors normes si l’on veut se donner des chances de traduire nos potentialités en termes de développement durable », car dit-il, « avec moins de personnes à scolariser, nourrir et soigner, on dispose de plus d’opportunités pour favoriser ou pour induire une croissance économique forte et durable ». En paraphrasant Anne Paugam, Directrice de l’agence française de développement (AFD), Me Bénéwendé Stanislas Sankara a affirmé que « la situation démographique de l’Afrique peut constituer un formidable potentiel ou au contraire, une bombe sociale à retardement ». Il a donc invité les parlementaires à inciter les pouvoirs exécutifs à créer des opportunités pour le développement harmonieux et durable de leurs pays respectifs, grâce à un financement adéquat de la santé et une croissance maîtrisée des populations.
La rencontre des 20, 21 et 22 juillet 2017 devra permettre de faire non seulement le point de la mise en œuvre de la déclaration d’Abuja dans la sous-région, mais également de renforcer l’engagement des parlementaires des pays membres de la CEDEAO, de la Mauritanie et du Tchad à plaider auprès de leurs gouvernants respectifs pour une allocation conséquente en faveur de la santé et du dividende démographique. Et Dr Xavier Crespin, Directeur général de l’Organisation ouest africaine de la santé (OOAS), y adhère quand il affirme que « créer des opportunités pour le développement harmonieux de la région devrait constituer la boussole de toutes les actions ». Tout compte fait, il a reconnu que les efforts consentis par les gouvernants, les budgets alloués à la santé demeurent insuffisants, puisqu’aucun pays n’est parvenu à respecter l’engagement pris en avril 2001 à Abuja, à savoir allouer 15% du budget national à la santé. L’allocution du Directeur général de l’OOAS a été axée sur les fruits du dividende démographique qui est « l’accélération de la croissance économique résultant d’une réduction du nombre de personnes dépendantes par rapport à la population active ». Ramené à la sphère familiale, Dr Xavier Crespin définit le dividende démographique comme étant « les opportunités d’épargne et d’investissement liées à la baisse de la charge familiale ». C’est pourquoi il a déclaré que « récolter les fruits du dividende démographique appelle à prendre des mesures courageuses en matière de population et développement, à travers la mise en œuvre de programmes intégrés visant à promouvoir les changements démographiques et à investir davantage dans l’économie et le développement du capital humain ».
Pour mener à bien les travaux, une séance préparatoire se tient les 20 et 21 juillet. Ensuite, une réunion de haut niveau des présidents des Assemblées nationales interviendra le 22 juillet pour discuter et adopter des recommandations et engagements des parlementaires de la CEDEAO, de la Mauritanie et du Tchad au sujet du financement de la santé et du dividende démographique.
Françoise DEMBELE