Des traces du virus de la peste porcine africaine ont été retrouvées dans les raviolis en Chine. L’un des principaux fabricants de raviolis surgelés a formulé des excuses lundi. D’autres entreprises alimentaires et d’autres produits à base de viande dont les saucisses sont désormais concernés. Si la maladie est mortelle pour les cochons, elle ne se transmet pas à l’homme. Ce qui n’empêche pas les consommateurs d’être inquiets.
Le cours de l’action Sanquan a de nouveau plongé ce mardi 19 février dans les bourses chinoises. C’est dans deux produits surgelés de la marque qu’ont été décelées vendredi 15 février des traces du virus de la fièvre porcine. Les prélèvements ont été effectués dans les provinces du Hunan (sud) et du Gansu (nord-ouest) sur des barquettes de raviolis au porc et aux champignons parfumés, ou encore au porc et au céleri, mets très appréciés par les Chinois. Le groupe Sanquan s’en est excusé lundi. Les produits incriminés ont été aussitôt placés sous scellés. Des enquêtes sont effectuées pour retrouver la provenance de la viande, sachant que l’épidémie a gagné presque tout le pays.
Raviolis aux champignons parfumés
Les raviolis aux champignons et au cèleri ont été retirés de la vente sur la plupart des boutiques en ligne, telles que Jindong ou Tianmao. Même chose dans les centres commerciaux, comme ce supermarché de la chaine Jinkelong au centre de Pékin. Devant les congélateurs, les clients plongent dans les bacs pour récupérer les barquettes de boules de riz gluant au sésame et aux cacahuètes, célèbre dessert de la fête des Lanternes célébrée ce mardi. Mais pour les raviolis au porc, les clients ne cachent pas leur inquiétude. « Je n’achète plus de raviolis congelés explique ainsi ce jeune homme les bras chargés de victuailles. J’ai peur d’attraper le virus, je ne mange plus de viande de porc en ce moment poursuit ce dernier dans un sourire gêné ». Difficile de faire confiance quand on sait la Chine lutte contre une épidémie devenue nationale : « Je fais les raviolis à la maison, j’achète rarement des surgelés, mais ça m’inquiète » affirme encore Madame Lei. « Avec la peste porcine, je ne sais plus quelle viande choisir poursuit cette grand-mère. Comment savoir si le cochon qu’on achète n’a pas été malade ? Oui je suis inquiète, et pourtant je fais la farce, je fais la pâte, je fais tout moi-même. »
Saucisses de l’Anhui
Des consommateurs d’autant plus inquiets que d’autres produits sont concernés. Selon les médias chinois, des traces de la peste porcine ont été décelées dans les raviolis surgelés de plus de huit fabricants, dont Jinluo, Kedi, Kanglesi, mais aussi dans des saucisses vendues à Hefei, la capitale de la province de l’Anhui dans le centre du pays. Même si les autorités locales tentent parfois de dissuader les journalistes de pousser leurs investigations dans les élevages, l’information n’est pour l’instant pas censurée. La marque Sanquan a tout de suite reconnu les faits et pris ses responsabilités. Le groupe alimentaire affirme coopérer avec les enquêteurs et assure de la traçabilité des produits. De leurs côtés, les autorités multiplient les messages destinés à rassurer l’opinion. « Comme l’a rappelé le ministère de la Santé, la peste porcine contamine les cochons, mais elle ne se transmet pas à l’homme », confie ainsi au téléphone de manière anonyme un chercheur de l’institut public de recherches sur l’alimentaire de Shanghai. « C’est possible d’éliminer ce virus, mais ça prend du temps. À titre personnel, je ne crois pas que ce soit une grande affaire. Malheureusement les cochons affectés par le virus vont mourir, mais il n’y a pas de risque pour la santé humaine. »
Des élevages dévastés
Des propos rassurants, même si pour l’instant les autorités ne sont pas parvenues à endiguer l’épidémie. Apparue au mois d’août dernier dans un élevage de Shenyang dans la province du Liaoning au nord du pays, l’infection dévaste le cheptel du premier pays consommateur de porc au monde. Plus d’un million de cochons ont déjà été abattus. Sur la carte montrant la propagation de l’infection, le rouge est partout. Seules les régions autonomes du Xinjiang et du Tibet, ainsi que les provinces du Guangxi, Shandong semblent épargnées par ce virus découvert la première fois au Kenya en 1921, d’où le nom de peste porcine africaine. Mais cette fois la contamination semble être arrivée du nord du pays, et pour les spécialistes chinois probablement de la Russie voisine.
Source : RFI