Covid-19 : le domicile d’une patiente de 9 ans, désinfecté

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Après un test positif au Covid-19, l’équipe de la Commission Prévention et contrôle des infections (PCI) passe au domicile de la  malade pour le désinfecter. Le mercredi 7 mai 2020, elle s’est déportée à Taabtenga, dans une zone à habitation spontanée située dans la périphérie de Ouagadougou pour une opération de pulvérisation du foyer d’une patiente hospitalisée au Centre hospitalier universitaire de Tengandogo  (CHU-T) qui accueille les patients de la pandémie à coronavirus.  

 

Malgré la sensibilisation, la psychose de la pandémie à coronavirus règne toujours au sein de la population. Les journalistes ne sont pas épargnés. «Donnez-nous des gants, et des bavettes », lance un confrère. Un autre renchérit « on espère qu’on ne sera pas contaminé en allant dans ce domicile ». Ce sont les premières réactions des hommes et femmes de médias qui doivent se rendre au domicile d’un patient atteint de Covid-19, pour constater de visu la désinfection du logis. Pour répondre aux inquiétudes des journalistes, Kamboulbé Dah, après le briefing, rassure : « Vous n’avez rien à craindre. Sur les lieux, ne touchez à rien ». Vers 10h, ce 7 mai 2020, l’équipe s’ébranle vers la périphérie Est de Ouagadougou. Le domicile à désinfecter se trouve à Taabtenga, dans une zone non lotie. Pour y arriver, c’est la croix et la bannière. L’équipe met environ une heure de temps pour retrouver la cour de la patiente. Nous arrivons sur les lieux à 11h moins, sous un soleil de plomb, après avoir emprunté des voies qui serpentent entre les maisons. A l’accueil, Issa Zabré, mécanicien et papa de la patiente atteinte de Covid-19. Elle se nomme Mamounata Zabré, elle est âgée de 9ans. Dans quelles circonstances a-t-elle contracté la maladie ? « A vrai dire nous l’ignorons », répond Issa Zabré, le chef de famille. Il confie que l’enfant ne sort pratiquement pas étant donné que les écoles sont fermées. Mais, relate-t-il, « nous l’envoyons souvent acheter de la bouillie. Sinon, soit il est chez lui à la maison ou dans la cour voisine». Mais comment tout cela a-t-il commencé ? « J’ai constaté que l’enfant toussait beaucoup. J’ai appelé le 3535 pour qu’on vienne faire le prélèvement. Ils sont venus prélever nos salives pour faire les examens et il s’est trouvé qu’un enfant avait contracté la maladie, celui qui toussait beaucoup », témoigne le chef de famille. Il nous fait comprendre que c’est après cela que l’enfant a été admis à l’hôpital pour des soins il y a de cela 9 jours aujourd’hui (Ndlr : 7 mai 2020). Cette admission s’est déroulée non sans problème, parce que la maman de la petite Mamounata s’étaient opposée à ce que l’ambulance amène sa fille à l’hôpital. En effet, « la mère a refusé que sa fille soit hospitalisée parce que selon elle, sa fille n’a pas le coronavirus », raconte Issa Zabré qui dit qu’il a fallu l’intervention de son frère pour témoigner que le nom de l’enfant figure réellement sur la liste des personnes malades, pour que la maman la laisse partir avec l’ambulance car pour elle « tout ça c’était des histoires ».

Issa Zabré, le père de la patiente dit ne pas savoir comment elle a contracté le virus (Ph. A.O)

Issa Zabré revient sur ce moment avec beaucoup d’amertume parce que depuis que l’ambulance s’est garée devant sa porte et que les voisins ont su qu’il y avait un malade chez lui, « les relations sociales se sont affaiblies parce que les voisins ont peur d’être contaminés ». Il reconnaît que même après avoir été déclarés négatifs lui et les six autres membres de sa famille ont toujours peur car, « quand on écoute la radio, parmi les malades il y a des cas de décès». Tout compte fait, papa Zabré dit rendre grâce à Dieu parce que « sa fille va mieux ». Issa Zabré souligne, par ailleurs avoir vu sa fille une fois après son hospitalisation. Mais après « quand nous y allons, les médecins nous disent qu’on ne peut pas entrer la voir ».

Tout va bien pour la petite patiente mais pour ses parents c’est tout autre chose. « On nous avait dit de ne pas sortir et qu’on nous enverrait une aide mais jusqu’à présent, nous n’avons rien vu ». Du reste, il apprécie le fait d’avoir croisé la route des médecins « car toute la famille profite de certains conseils pratiques ». Issa Zabré se réjouit également de la venue de l’équipe de désinfection à son domicile. Pendant qu’on échange avec le chef du foyer, l’équipe est à pied-œuvre. Avant toute chose, elle réclame de l’eau. Il lui est donné un bidon de 10 litres d’eau. L’équipe renverse l’eau dans un seau et y ajoute 30 comprimés effervescents de chlore. Après cette séquence, l’opération de désinfection peut commencer. Mais avant, celui qui doit désinfecter les lieux endosse un équipement particulier qui le couvre de la tête aux pieds. Il ressort que cet équipement d’une valeur de 30 000 F CFA n’est utilisable qu’une seule fois hormis les lunettes et les bottes. Après s’être bien protégé, il peut alors s’introduire dans les maisons et y pulvériser la solution de chlore.

Kamboulbé Dah, technicien en génie sanitaire, membre de la Commission Prévention et contrôle des infections (Ph. A.O)

Deux maisons sont désinfectées : « la maison dans laquelle dormait la patiente et là où elle avait l’habitude d’aller jouer », renseigne Kamboulbé Dah, technicien en génie sanitaire, membre de la Commission Prévention et contrôle des infections (PCI) du CORUS. Il signale que cela fait la deuxième fois que le domicile de la patiente est pulvérisé. Et l’opération en elle-même consiste à désinfecter, à lever tout ce qui est source de contamination dans la maison. Selon ses explications, « dès que l’équipe sort pour le prélèvement d’un cas suspect, une équipe de la Commission Prévention et contrôle des infections désinfecte la maison du patient et le confine dans une chambre en attendant les résultats ». Si les résultats sont positifs, le malade est transporté à l’hôpital et son domicile désinfecté une deuxième fois. Des réticences, Kamboulbé Dah dit les avoir rencontrées au début parce que les populations ne comprenaient pas la portée de l’opération. Mais à ce jour, affirme-t-il, « ça va » puisqu’il soutient être à plus de 500 pièces désinfectées aussi bien les services que les domiciles des patients. Quant à la dangerosité du produit utilisé pour la pulvérisation, le sieur Dah rassure : « 30 minutes suffisent pour tuer le virus et après la maison peut être fréquentable sauf pour les personnes asthmatiques ou qui ont des problèmes respiratoires ».

Par Françoise DEMBELE

 

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