Quarante tonnes de faux médicaments ont été saisis dans un quartier d’Abidjan, a annoncé jeudi la ministre ivoirienne de la Santé, Raymonde Coffie-Goudou, qualifiant l’opération menée mercredi de « victoire » et promettant une « action pérenne contre ce cartel ».
Baptisée « Opération éléphant », la saisie avait été menée tôt mercredi par près de 700 policiers, gendarmes et militaires dans le quartier « Roxy » du grand marché d’Adjamé, un quartier populaire d’Abidjan, conduisant à la destruction d’échoppes en tôle pour en extraire de nombreux cartons de faux médicaments.
« C’est une grande victoire du ministère de la Santé. 40 tonnes de faux médicaments ont été saisis hier » a souligné jeudi lors d’un point de presse Mme Coffie-Goudou.
La ministre a promis « une action pérenne contre ce cartel et non pas des effets d’annonce ».
« On s’en va, on sévit et le lendemain on recolonise le secteur. On ne veut pas ça » a-t-elle lancé. La ministre a assuré avoir mené ces derniers mois des actions de sensibilisation à l’adresse des quelque « 8.000 femmes » opérant dans ce secteur de vente de faux médicaments.
Selon le docteur Parfait Kouassi, ancien président de l’ordre des pharmaciens de Côte d’Ivoire, ce marché à Abidjan « est le plus grand marché de médicaments de rue d’Afrique de l’Ouest » et représente 30% des ventes de médicaments en Côte d’Ivoire, a-t-il précisé à l’AFP.
Le secteur pharmaceutique légal enregistre chaque année « une perte de 40 à 50 milliards de francs CFA (76 millions d’euros) dont plus de 5 milliards destinés à l’Etat, due à l’existence d’un marché de rue des médicaments », estime M. Kouassi.
Ce marché de rue est surnommé par les Ivoiriens « la pharmacie par terre », car les vendeurs – en majorité des femmes – installent souvent les médicaments sur des couvertures posées à même le sol.
Le 10 mars dernier, les autorités ivoiriennes avaient incinéré 50 tonnes de faux médicaments, pour une valeur estimée à plus d’un million d’euros.
Les faux médicaments représentent « probablement » 10% du marché pharmaceutique mondial, soit un chiffre d’affaires estimé à 85 milliards de dollars, selon l’Institut international de recherche anti-contrefaçon de médicaments (Iracm), basé à Paris.
Près d’un médicament sur trois utilisé en Afrique est illicite ou contrefait, ce qui en fait la région du monde la plus touchée par ce trafic contrôlé par le crime organisé.
Les criminels profitent du fait qu’à l’inverse du trafic de stupéfiants, le commerce de faux médicaments demeure largement impuni dans le monde, étant considéré comme un simple délit de violation de la propriété intellectuelle, alors qu’il est pourtant responsable de centaines de milliers de morts par an, déplore l’Iracm.
Source : VOA