L’épidémie de coronavirus a fait un premier mort à Shanghai, ont annoncé les autorités dimanche matin 26 janvier. L’épidémie « s’accélère » et place la Chine dans « une situation grave », a reconnu samedi le président chinois. La Chine peut « remporter la bataille » contre le nouveau coronavirus, a assuré Xi Jinping. Cette épidémie représente un défi politique sans précédent. Le dernier bilan fait état de 56 morts et plus de 2 000 malades.
En Chine, la situation est « grave », l’épidémie « s’accélère » : ce sont les mots du président chinois Xi Jinping. Alors qu’un mystérieux virus a déjà contaminé 1 610 personnes dans le pays, le chef d’État s’est exprimé à l’occasion d’une réunion du bureau politique.
C’est la deuxième fois que le chef de l’État communique officiellement sur la situation et il l’assure la Chine « peut remporter la bataille ». Le président veut s’afficher comme l’homme providentiel, mais cette crise pourrait bien fragiliser longuement son pouvoir.
Plus que la guerre commerciale avec les États-Unis, ou que les manifestations qui ont secoué Hong Kong, la crise du coronavirus représente un défi politique sans précédent pour le président chinois, car pour une fois il ne peut accuser les puissances étrangères de manipuler la situation.
Toutes les décisions qui ont été prises depuis quelques jours : les mises en quarantaine, les annulations de festivités liées au Nouvel An lunaire, ont pour but de montrer que le pouvoir central a les choses en main, et qu’il agit, mais dans les faits cette crise révèle les limites de la gouvernance de Xi Jinping.
D’abord, à cause de la censure, la presse locale n’a pas pu diffuser d’informations sur les personnes contaminées alors que la première infection date du 8 décembre.
Ensuite, les autorités locales, qui avaient organisé une grande fête début janvier avec les responsables de la région, ont minimisé la situation pour ne pas s’attirer les foudres du pouvoir central. Il y a quelques semaines, elles ont même arrêté 8 personnes, accusées d’avoir diffusé des rumeurs sur le virus en assurant qu’il était lié au SRAS de 2003, une information pourtant confirmée depuis par les autorités médicales.
Wuhan en état de siège
Des rues quasi désertes, des pharmaciens en combinaison intégrale qui vendent des masques et des désinfectants, plus de trains ni d’avions et des routes barrées : la ville de Wuhan est comme coupée du reste du monde tout comme 17 autres agglomérations de la province du Hubei. Au total : 56 millions de personnes se retrouvent isolées.
« Je ne peux absolument plus sortir de chez moi et même si je le voulais, il n’y a plus aucun moyen de se déplacer, il n’y a plus personne qui circule en ville, nous raconte Farouk, un étudiant nigérien que nous avons joint par téléphone à Wuhan. Je dirais que Wuhan est une ville fantôme ; c’était pourtant une ville pleine de vie, mais il n’y a plus personne, personne… »
A Wuhan, des dizaines de pelleteuses s’activent pour monter à la hâte un deuxième hôpital. Il doit avoir une capacité de 1300 lits, qui s’ajouteront aux 1000 lits prévus dans un premier hôpital pour les patients atteints du virus. Sa construction dans un délai de 10 jours a été annoncée vendredi par les médias officiels. 450 médecins militaires et autres membres du personnel médical ont été dépêchés dans la zone interdite.
Wuhan abrite plusieurs grosses entreprises occidentales dont le constructeur français Peugeot. Les autorités consulaires françaises ont commencé à prendre contact avec les expatriés pour organiser leur évacuation par autocars. Les États-Unis ont pour leur part décidé d’affréter un avion chargé d’évacuer leurs ressortissants et le personnel diplomatique.
Pour éviter au maximum la propagation du virus, les autorités chinoises ont suspendu l’ensemble du réseau de bus reliant Pékin aux provinces du pays. Tous les voyages organisés en Chine et à l’étranger ont été annulés.
Source : RFI