CONJONCTIVITE APOLLO : DES CONSEILS POUR L’EVITER

Depuis un certain temps, une maladie des yeux dénommée « apollo » sévit dans plusieurs contrées du Burkina Faso. Tout le monde est exposé à la conjonctivite apollo. Dr Sankara Paté, chef de service du Centre national de lutte contre la cécité (CNLC) nous parle de la conjonctivite apollo, les mesures à prendre en cas d’infection et évidemment les conseils à suivre pour ne pas attraper la maladie.

Qu’est-ce que c’est ?

Actuellement on a une recrudescence du nombre de cas de la conjonctivite que l’on appelle « apollo ». En fait, son nom médical est conjonctivite hémorragique épidémique tropicale. Le nom conjonctivite apollo est donné par la population. Pourquoi ce nom ? Parce qu’en 1969, c’était la première grande épidémie de cette maladie. Le point de démarrage de l’épidémie était dans la zone de Accra au Ghana. Et cela a coïncidé avec l’alunissage de apollo 11 sur la lune. Et l’imaginaire populaire dit que c’est parce que les gens ont été sur la lune qu’il y a eu comme une sanction céleste. Mais en réalité, c’est dû à un virus que l’on appelle antéro virus 70. Des recherches autour du premier foyer qu’est Accra au Ghana a permis de savoir que c’était un virus qui est d’origine animale et qui a migré vers l’homme. Quand vous l’avez cela va vite parce que cet antéro virus 70 a un tropisme pour la conjonctivite. La conjonctivite étant la muqueuse qui couvre la partie blanche de l’œil et la partie interne des paupières. La conjonctive est transparente et son inflammation constitue la conjonctivite. Mais le virus dès qu’il agresse la conjonctive, non seulement ça s’enflamme mais aussi ça saigne dans la conjonctive. Donc on remarque des tâches d’hémorragies. C’est un virus nu, qui peut tenir 10 jours en milieu sec et en milieu humide 2 semaines. Il a une contamination très rapide et a un tropisme non seulement pour la conjonctive mais aussi pour la gorge. Comme c’est un antéro virus, il est aussi dans les selles. C’est pourquoi la contamination va vite.

Manifestions

Quand quelqu’un contracte le virus, dans les 24 heures il a des larmoiements, l’œil rougi. Il peut même avoir un gonflement de la paupière et de la conjonctive, des saignements à l‘intérieur et des douleurs au début à type de sensation de grain de sable dans les yeux puis de cuisson, de brûlures. Mais dans 90 à 95% des cas, ça se passe bien dans la semaine qui suit. Mais il faut que le malade consulte parce qu’on peut observer certaines complications à type d’opacité sur la cornée, à type d’uvéite et même des complications d’ordre générale parce que le virus qui a un tropisme au niveau oculaire a aussi un tropisme pour le système nerveux. Mais ce sont des cas rares qui ont été observés lors de la première grande épidémie au niveau de l’Asie. Le virus crée des opportunités pour que d’autres germes puissent rentrer. Souvent dans une famille où plusieurs personnes sont atteintes on envoie une seule personne en consultation et on multiplie l’ordonnance. Alors que c’est lors de la consultation que nous prodiguons les conseils qui permettent à l’épidémie de ne pas se propager et de ne pas rester longtemps parce que le virus est peu immunisant en ce sens que si vous l’avez tout de suite vous allez faire la conjonctivite. Mais si d’ici un mois vous l’avez encore vous risquez fort de refaire la conjonctivite.

Que faire ?

Pour ceux qui sont atteints, d’abord s’ils sont porteurs de lentilles, qu’ils enlèvent les lentilles et qu’ils consultent. S’ils sont loin des services ophtalmologiques, il faut observer des mesures d’hygiène strictes de telle sorte que les doigts qui se souillent ne touchent pas à tout parce que l’on peut servir de vecteur de contamination. Il faut aussi régulièrement se laver les mains, le visage et les yeux. Cela diminue la charge virale au niveau de la conjonctivite et amoindri les signes.
Pour ce qui ne sont pas atteints et qui sont dans un public, si vous avez du gel vous pouvez vous frotter les mains avec, mais dès que vous rentrez il faut vous laver les mains. Et quand les yeux grattent, il faut se laver les mains avant de les frotter.

Anavah Koeta