Cancer du sein : des «miraculées » racontent

In A la Une, A propos de

Selon les registres d’antomie pathologique du Burkina, parmi les cancers gynécologiques, le cancer du sein occupe une place prépondérante. En effet, le taux du cancer du col de l’utérus s’élève à 26,4% tandis que celui du cancer du sein est à 55,3%. Chimiothérapie, métastases, poids financier du traitement sont, entre autres, les hantises des malades. Des jours sombres, elles en ont connu. Elles auraient voulu ne jamais passer par cette étape. Hélas ! Elles ont vécu le cancer du sein et sont sur le chemin de la rémission. Une étape que beaucoup d’autres femmes n’ont pas connue parce qu’elles ont été emportées par cette maladie pernicieuse. Des femmes ayant fait le cancer du sein nous ont raconté, au cours de la période du 24 octobre au 30 novembre 2020 à Ouagadougou, comment elles ont été éprouvées pendant des années par le cancer du sein.

 

« Le verdict a été foudroyant. C’était terrible d’apprendre que j’avais un cancer. Je me suis dit que c’était fini car, j’ai entendu dire que le cancer c’était la mort », a chuchoté Claire Ehako, la gorge nouée. Ce verdict qui bouleversa sa vie, Claire Ehako l’a reçu à Tunis, en Tunisie, lorsqu’elle y est allée pour approfondir le diagnostic du mal dont elle souffrait. En réalité, tout a commencé en 2012. La Fondatrice de l’association ONG Eurêka qui lutte contre le cancer du sein s’en est souvenue comme si c’était hier : « J’ai constaté une anomalie sur mes seins, un écoulement noirâtre qui m’a rapidement alerté et qui m’a amenée à consulter ». Il a fallu plusieurs consultations et plusieurs examens cliniques (cytologies,  échographies mammaires, mammographies, scanners,  et IRM) pour découvrir, en 2013, un nodule qui était logé dans le cadrant supérieur de son sein gauche. Après ce diagnostic, elle a fait deux opérations chirurgicales conservatrices au Burkina.  Les biopsies réalisées ont montré que la tumeur était bénigne. Mais après ces traitements chirurgicaux, elle a senti que les symptômes qui l’avaient amenée à consulter persistaient et de plus belle avec des picotements. Elle a donc décidé d’aller à Tunis pour approfondir le diagnostic. Comme un malheur n’arrive jamais seul, c’est avec une jambe cassée qu’elle a rejoint Tunis. Et c’est en étant là-bas qu’elle a découvert qu’elle avait le cancer. Après un court silence, elle s’est reprise avec peine : « C’était un vrai choc. J’ai pleuré un grand coup, toute seule, effondrée, loin des miens. Mais je me suis reprise quand j’ai commencé à penser aux conséquences qu’un certain désespoir pourrait engendrer si j’accepte que le « cancer= mort ».

Claire Ehako, fondatrice de l’ONG Eurêka qui lutte contre le cancer du sein (Ph. FD)

A ce moment, voici la première question qui est sortie de sa bouche : « Docteur, est-ce que je pourrai m’en sortir ? » Le médecin a répondu : « Si vous vous battez, vous allez vous en sortir ». A partir de cet instant, a commencé le combat de dame Ehako qui s’est armée de courage et a demandé à Dieu de lui donner la force de surmonter cette épreuve. Visiblement, sa prière a été exaucée car le jour où nous avons reçu notre interlocutrice, dans nos locaux, rien sur son physique ne montrait qu’elle a souffert du cancer du sein. Elle était ravissante et n’avait rien perdu de sa féminité. Mais des souffrances, elle en a enduré, à cause du cancer du sein. En effet, après le diagnostic, il fallait commencer le traitement, une étape « très dure et longue ». Pour celle qui en a fait l’expérience, le traitement est lourd, coûteux, douloureux, pénible pour la personne qui le fait et pour son entourage. Selon les explications de Claire, elle, elle a commencé par la chirurgie et elle en a eu plusieurs. Ensuite, est venue la chimiothérapie. Elle a souligné avoir eu son protocole à Tunis et est venue faire la chimiothérapie au Burkina. « Quand tu fais la chimiothérapie, tu es entre la vie et la mort », a-t-elle décrit en insistant sur les mots. Et selon son protocole, elle devait renouveler le traitement tous les 21 jours.

 

« Certaines familles abandonnent la malade »

 

« Tous les 21 jours, je devais mobiliser près de 341 000 F CFA. Sans oublier qu’entre la première et la deuxième cure, il y a des dépenses intermédiaires à faire à travers des examens de sang et autres. Et cela a duré plus de six mois », a-t-elle expliqué avec beaucoup d’amertume.  N’eût été le prêt qu’elle a contracté à la banque pour ses soins, elle n’aurait pas pu supporter les charges du traitement contre le cancer du sein parce que les assurances ne prennent pas tout en charge.

 Et comme le traitement n’est pas subventionné, chaque malade et sa famille se débrouillent comme ils peuvent, a commenté dame Ehako qui a ajouté que quand on n’a pas les ressources financières, on n’a pas les soins adéquats car les médecins proposent les soins et le malade les fait à la hauteur de ce qu’il peut débourser. C’est ainsi que la majorité des malades et leurs familles abandonnent les soins faute de moyens financiers et se laissent aller au découragement. Si le malade n’a pas les moyens et la famille ne fait rien, c’est la catastrophe, a relevé Claire qui fait remarquer que « certaines familles ont les moyens et abandonnent pourtant la malade parce que pour eux, guérir du cancer du sein n’est pas une certitude ». Il n’en demeure pas moins qu’il y en a qui s’accrochent aux bras tendus de leur entourage. « Dans ces moments difficiles, j’ai eu l’appui financier et moral de mes collègues, de ma famille. En gros, je n’ai pas senti de réactions désagréables sauf quand j’ai commencé à maigrir et que j’ai constaté quelques regards interrogateurs », a relaté une enseignante en rémission que nous allons nommer Rasmata. Nous l’avons rencontrée à son domicile un matin, après qu’elle a déposé son enfant à l’école. En apparence, c’est une dame calme qui nous a reçus et son physique a fini de nous convaincre de ce qu’elle a traversé à cause du cancer du sein. En abordant le sujet, nous avons senti de la peine sur le visage de celle qui venait de gagner une bataille contre le cancer.  Pour elle, tout a commencé « banalement » avec une douleur au niveau du bras gauche. « Ça faisait longtemps que je ressentais cette douleur mais je n’ai pas pris cela au sérieux », a-t-elle susurré.

Rasmata : « La chimiothérapie est un traitement vraiment pénible » (Ph.FD)

 Et comme elle n’avait pas de servante, après une journée de classe, elle devait faire les tâches ménagères elle-même ainsi que préparer les cours qu’elle devait dispenser le lendemain. Dans le même temps, son enfant était malade et elle devait lui faire la kinésithérapie. Mais comme en province, il n’y avait pas de centre habilité à le faire, elle était obligée de se rendre dans un autre centre situé à 56 kilomètres de son poste de travail.  A cause de son travail, elle a confié l’enfant à une connaissance qui se trouvait non loin du centre de kinésithérapie et elle faisait le déplacement chaque week-end après ses cours, pour assister l’enfant dans sa thérapie.  L’enseignante pense que c’est tout cela qui a accentué le mal en question. Ce qui l’a incitée à aller en consultation. « Une fois à l’hôpital, le docteur m’a consultée et m’a demandé s’il pouvait me faire des palpations, chose que j’ai acceptée. Après palpation des seins, il m’a dit qu’il avait détecté quelque chose mais qu’il ne pouvait pas me dire ce que c’était. Il m’a recommandé d’aller faire une mammographie puis une échographie mammaire », a-t-elle dit. C’est quand elle est venue à Ouagadougou pour faire les examens en question, que les résultats lui ont été apportés. Ce jour-là, le médecin lui a fait savoir que si les résultats présentés étaient ce à quoi il pensait, alors « c’est grave », sans rien dire de plus à part qu’il fallait faire une biopsie. Il a même dit à l’enseignante de continuer avec les résultats de la biopsie chez un gynécologue parce qu’il ne pourrait pas les interpréter. C’est la peur au ventre qu’elle revient à Ouagadougou pour faire la biopsie. Là encore, elle est passée de médecin en médecin jusqu’à ce qu’elle tombe sur un cancérologue sans savoir que c’en était un. Et quand elle est allée lui montrer les résultats, celui-ci lui a clairement dit ceci : « Madame, les résultats ne sont pas bons, vous souffrez de cancer ». La nouvelle est tombée tel un couperet. « J’ai été tellement choquée que je me suis mise à pleurer. Le docteur m’a consolée en me disant que le cancer du sein n’était pas une fatalité et qu’il fallait que je me ressaisisse pour qu’on trouve une solution pour sauver le sein parce qu’il ne voulait pas qu’il y ait ablation », a-t-elle raconté d’une voix à peine audible, qui laissait transparaitre la souffrance du moment. C’est ainsi que ce jour-là, le médecin a demandé à l’enseignante d’aller « se préparer » et revenir pour commencer les démarches pour la chimiothérapie.  Mais la patiente était à cours de moyens car ses examens ainsi que le traitement de son enfant l’avaient épuisée financièrement, a confié celle qui est aussi mère de trois enfants et qui n’a que son salaire pour toutes ces charges, sans oublier les dépenses pour son père retraité atteint de cancer de la prostate une année auparavant. La dame a manqué de moyens au point qu’elle n’avait même pas les 10 000 F CFA pour la consultation en clinique, sans compter les examens qu’elle devait faire régulièrement. Compte tenu de ces difficultés, son dossier a été transféré dans un hôpital public où la consultation coûte 2 000 F CFA. C’est là que le plus dur a commencé pour elle, après les douleurs annonçant le cancer en début 2014, la consultation en mai 2014 et le début de la chimiothérapie le 28 août de la même année.

 

« Tout ce qui était poils sur mon corps avait commencé à tomber »

 

Selon Rasmata, « la chimiothérapie est un traitement vraiment pénible mais il faut le vivre ou avoir vu quelqu’un qui a subi les effets de la chimiothérapie pour comprendre ». Et le médecin lui a dit que les effets secondaires de la chimiothérapie se manifestaient par « des nausées, des chutes de cheveux, des maux de tête… ». Quand elle a fait sa première cure le 28 août 2014, quelques jours après, elle a eu « de terribles maux de tête ». Selon la patiente, la cure consistait à se rendre à l’hôpital le matin avec les produits. Elle était perfusée avec les produits et le soir, elle rentrait à la maison une fois la perfusion terminée.  Elle a soutenu que c’était tellement douloureux qu’elle ne pouvait pas dormir la nuit.  Il lui fallait tenir la tête parce qu’elle ne pouvait même pas se coucher sur le lit, sans compter les nausées.  Rasmata affirme que toutes ces douleurs l’accablaient à tel point que sa famille, venue l’assister, a été terrifiée. N’étant pas habitués aux effets secondaires de la chimiothérapie, ses poches ont essayé de joindre le docteur pour en savoir davantage et c’est avec beaucoup de difficultés qu’ils sont parvenus à l’avoir au téléphone. Il leur a demandé de venir à l’hôpital le lendemain, avec la malade. Là-bas, il leur a dit que ce sont les effets secondaires de la chimiothérapie qui se manifestaient et qu’on ne pouvait rien y faire. Malgré les déclarations du médecin, son père qui l’avait accompagnée, a demandé de lui prescrire des vitamines parce qu’elle n’arrivait plus à manger. En guise de réponse, le médecin a dit qu’on ne pouvait rien y faire et qu’il fallait supporter. Néanmoins, il a prescrit de l’Efferalgan pour les maux de tête mais pour ce qui est de la prescription de vitamines, il a refusé parce que la prise de ces médicaments pourrait créer de la dépendance. Rasmata n’était pas au bout de ses peines parce que les jours à venir s’annonçaient plus douloureux. « J’ai commencé à saigner de la bouche comme s’il y avait des plaies dans ma bouche et je crachais du sang, certainement parce que je ne mangeais pas. Je faisais les séances de 21 jours. Je ne pouvais pas me peigner et peu de temps après, tout ce qui était poils sur mon corps avait commencé à tomber ; les cheveux, les poils du pubis, des aisselles, tout tombait ». Il fallait qu’elle porte une perruque « pour ressembler aux autres ». Rasmata a confié qu’au fil du temps, son corps s’est habitué aux douleurs. Puis, les douleurs ont commencé à s’amoindrir. Elle n’avait toujours pas l’appétit mais le médecin lui a dit qu’il fallait qu’elle s’efforce de manger. C’est dans ces conditions qu’elle a fait les six cures. La cure de Rasmata coûtait 150 000 F CFA. Mais en réalité, elle dépensait plus de 200 000 F CFA si l’on prend en compte les frais d’hospitalisation, les frais d’examens  (échographie mammaire et examens de sang), les frais de contrôle à faire entre les différentes cures, le scanner après chaque trois séances de chimiothérapie, le transport aller-retour entre la province dans laquelle elle servait et Ouagadougou.

 

Les chirurgies n’ont pas permis de sauver le sein malade

Pendant la chimiothérapie, Claire Ehako a également subi la perte de cheveux, de poils, d’appétit et a aussi ressenti la fatigue et autres. Après la chimiothérapie, il fallait faire la radiothérapie. Comme « il n’y a pas de centre de radiothérapie au Burkina Faso, je suis repartie à Tunis pour le faire », a raconté Claire qui a dit être restée en Tunisie pendant deux mois sur fonds propres. A son retour, elle avait tellement maigri que les siens ne l’ont pas reconnue. Pourtant, la vie doit continuer. Pour ce faire, elle s’est accrochée à la vie et à son travail qu’elle n’a pas abandonné malgré son état de santé préoccupant. Auparavant, Claire Ehako a confirmé avoir subi huit (8) opérations chirurgicales discontinues en lien avec le cancer du sein et trois autres concernant la cheville fracturée pendant la période de traitement. Si fait qu’elle a été sous plâtre tout au long de la chimiothérapie. Malgré tout, elle a essayé de garder un mental fort et positif parce qu’elle n’a pas le choix. Selon ses explications, les premières chirurgies étaient des chirurgies conservatrices avec des curages ganglionnaires. Mais les chirurgies n’ont pas permis de sauver le sein malade. Au point qu’ « à un moment donné, je ne sentais plus le sein. Je le trouvais gênant, un peu de trop et quand je me regardais dans le miroir, je me demandais à quoi il servait. Finalement, j’ai opté de le faire enlever », a-t-elle révélé. Ce n’est qu’après la mastectomie, que Claire s’est sentie soulagée et elle a supporté le traitement de la plaie jusqu’à la cicatrisation. Et c’est six mois  plus tard qu’elle a fait le constat que son bras gauche était enflé. Et cela a été un autre problème parce que dès que le bras s’enfle un peu, il faut aller faire un drainage. Et pour faire le drainage du lymphœdème ou « gros bras », le minimum c’est huit mille (8 000) F CFA par séance chez le kinésithérapeute. Quant à Rasmata, elle a également fait une opération mammaire en février 2015 pour enlever les nodules dans son sein. Et après, elle était censée faire encore une chimiothérapie mais les moyens financiers ont fait défaut. Tout comme Claire, Rasmata a dû contracter un prêt bancaire de 1 million 800 mille francs CFA qu’elle devait solder en une année.  Le prêt lui a permis de faire la chimiothérapie et après, elle devait faire une radiothérapie. Pour cela, elle devait se rendre au Ghana. Rasmata était un peu désespérée, parce qu’elle était à court d’argent alors qu’elle venait à peine de prendre un prêt qu’elle n’avait même pas encore fini de rembourser. Que faire ? C’est ainsi qu’elle a demandé au médecin de mettre sa demande dans le circuit de l’Etat afin qu’elle puisse bénéficier d’une évacuation sanitaire. Ce qui a été fait. Mais cela a beaucoup trainé, de février à décembre 2015, jusqu’à épuisement du délai prévu pour la radiothérapie, si fait que le médecin était obligé de lui prescrire des comprimés pour éviter les métastases. Malheureusement, ce qui devait arriver arriva. Malgré les comprimés prescrits, elle a quand même développé des métastases. En effet, elle a fait comprendre qu’une fois au Ghana, elle devait faire quelques examens de contrôle avant la radiothérapie et il était prévu un séjour de 2 mois. Après les examens préliminaires, on lui a dit qu’elle a des métastases dans les deux poumons et que par conséquent, elle ne pouvait pas faire de radiothérapie. C’est ainsi qu’elle est revenue au Burkina trois semaines après, sans radiothérapie.

 

« Finalement, beaucoup en sont mortes »

 

De retour du Ghana, Rasmata a tout expliqué à son médecin traitant. Celui-ci lui a prescrit une chimiothérapie avec des comprimés (capécitabine 500 mg) tout en prenant le soin de dire que si elle n’est pas sûre d’avoir les moyens pour aller jusqu’au bout du traitement, il ne fallait pas commencer parce que si elle ne parvenait pas à se rendre à temps au Ghana pour la radiothérapie, cela ramènerait la patiente à la case départ. La boite de capécitabine 500 mg comprenant 100 comprimés coûtait 265 000   F CFA. Et l’enseignante devait avaler lesdits comprimés chaque 21 jours et ce durant une année. Elle dit que quand elle a évalué le coût, elle était à 2 500 000 F CFA sans compter les frais de consultations, d’examens de contrôle entre les séances de thérapie, la scolarité de ses enfants, son alimentation qui avait changé pour l’occasion, etc. Elle était sûre que son salaire y compris un prêt ne pouvaient pas couvrir toutes ces dépenses. Elle a quand même pris l’ordonnance et l’a gardée à la maison en attendant de trouver une solution.  L’ordonnance est restée en souffrance dans la maison de la patiente jusqu’au jour où un ami qui était de passage chez elle lui a permis d’entrer en contact avec une dame en Europe, qui avaient des associations dans le Nord du Burkina. Et c’est cette « bonne samaritaine » qui a pris tout son traitement en charge en lui envoyant les médicaments dont elle avait besoin.  Elle nous apprend qu’elle n’a pas eu les mêmes effets secondaires que pendant les premières chimiothérapies mais cette fois-ci, c’était la fatigue, les vertiges au point qu’elle n’arrivait pas à dispenser les cours. Ce sont ses collègues qui l’ont aidée jusqu’en fin d’année et c’était pareil pour l’année 2019. Rasmata fait comprendre que n’importe qui ne peut pas supporter ou survivre avec le cancer du sein à cause de « l’énormité des dépenses ». « J’en ai connu certaines qui peinaient à aller au bout des traitements et qui, à chaque fois, revenaient à la case départ puisqu’il fallait prendre le temps de réunir de l’argent. Finalement, beaucoup en sont mortes », a-t-elle informé tout en précisant qu’elle a contracté le cancer à 39 ans et en 2020, elle en a 46. Donc, cela fait 7 ans qu’elle lutte contre le cancer.

La courbe présentant le cancer du sein au Burkina Faso sur 30 ans (Ph. Pr Nayi Zongo)

Au moment où nous avons rencontré Rasmata, elle nous a assuré qu’elle se sentait « mieux », à part la fatigue qui demeurait, puisqu’elle est toujours sous traitement et ce pendant une durée indéterminée car, selon son médecin, il est difficile d’en finir avec cette maladie parce que la cellule cancéreuse va toujours se cacher quelque part dans l’organisme. Et notre interlocutrice d’ajouter quil n’y a pas encore de médicament qui soigne définitivement le cancer. Sa vie est donc rythmée par le suivi périodique, tout comme celle de dame Ehako. Pour elle, le contrôle c’était tous les trois mois. Après, c’était tous les six mois, ensuite tous les ans et enfin tous les deux ans… « Il faut le faire régulièrement et ne pas se lasser de le faire avec son médecin traitant pour anticiper sur ou éviter avec l’aide de Dieu sur les récidives probables », a insisté Claire Ehako.

 

« Allez-y voir le médecin à la moindre douleur au sein »

 

La prise en charge précoce du cancer du sein permet d’éviter au maximum les dégâts. Et Bernadette Ouédraogo, 41 ans, commerçante, en sait quelque chose.  « Si vous constatez qu’il y a quelque chose d’étrange dans votre sein, il ne faut pas tarder, il faut aller vite faire la consultation ». Pour ce qui est de son cas, quand elle a senti une boule au niveau de son sein droit, elle est vite allée en consultation au CSPS. C’était en février 2019.  Ils lui ont prescrit un médicament qu’elle devait avaler pendant une semaine pour voir si la boule allait disparaître. Ce qu’elle a fait mais la boule était toujours là. Pour un diagnostic clair, on lui a demandé de faire une mammographie et une échographie. Et c’est à travers ces examens qu’on a vu la boule et on lui a demandé d’aller faire une biopsie pour confirmer si c’est un cancer ou une boule simple. Quand elle a fait la biopsie, on lui a dit qu’elle avait le cancer.

Bernadette Ouédraogo a bénéficié du soutien de son mari, de sa belle-famille et de sa famille (Ph. FD)

Bernadette, grande de taille et forte de corpulence, d’une petite voix, laisse échapper : « Cela n’a pas été facile. Mais grâce à Dieu et grâce à l’association Eurêka, j’ai pu m’en sortir parce qu’au début, je ne savais pas quoi faire et je me disais que pour moi, c’était fini ». Si certaines femmes perdent leurs conjoints à cause du cancer du sein, pendant ces moments difficiles, la bouée de sauvetage de Bernadette a été son mari, sa belle-famille et sa famille qui l’ont soutenue sur tous les plans. D’ailleurs, c’est sa belle-sœur qui l’a mise en contact avec la présidente de l’association ONG Eurêka parce qu’à un moment donné, elle ne voulait pas de l’opération chirurgicale mais c’est grâce aux conseils de la présidente de l’association et à ceux de sa belle-famille qu’elle a accepté se faire opérer. L’opération a eu lieu le 3 juillet 2019. Selon ses propos, le médecin leur a conseillé que la meilleure option, c’était d’enlever le sein parce qu’enlever la boule n’était pas l’idéal. « Je me suis soulagée en enlevant le sein », a-t-elle lâché.  Après cela, elle a fait la chimiothérapie. « Cela n’a pas été facile parce qu’il y a des effets secondaires qui fatiguent mais j’ai pu supporter jusqu’à la fin. Je continue un traitement mais de temps en temps, je fais des contrôles périodiques », a-t-elle fait remarquer. Après cette épreuve, tout ce qu’elle sait, c’est qu’ « il ne faut pas s’amuser avec le cancer du sein ». Au moment où nous l’avons rencontrée, avec un sourire, elle a dit « se sentir très bien ». Marie Claire Ouédraogo/Ilboudo, la cinquantaine bien sonnée, a également pratiquée la mastectomie avec l’approbation de son mari. Chez elle, après les examens qui ont révélé la boule, son mari a préféré qu’on enlève le sein.  C’est ainsi que l’opération a été programmée et la mastectomie a été pratiquée. « Après la phase de la chimiothérapie, je n’avais aucune métastase dans mon corps. Actuellement, je n’ai rien et je me sens bien », a-t-elle confié d’un air soulagé. Pendant la chimiothérapie, Marie Claire dit avoir souffert parce qu’à un moment donné, elle a dû abandonner son traitement faute de moyens. Pour ce faire, elle a plaidé pour que l’Etat subventionne les médicaments contre le cancer du sein parce que c’est coûteux et si tu n’as pas les moyens, c’est compliqué. A l’endroit des femmes, Marie Bernadette Ouédraogo a un ultime conseil : « Allez-y voir le médecin à la moindre douleur au sein ».

 

Françoise DEMBELE

You may also read!

Lutte contre le paludisme : Le vaccin antipaludique R21/Matrix-M™ reçoit une autorisation de mise sur le marché au Burkina

Ceci est un communiqué de presse publié le 23 juillet 2023 par l’Unité de recherche clinique de Nanoro de

Read More...

Pr Georges  Ouédraogo : «Fumer favorise l’augmentation de la glycémie»

Diabète et tabac ? Peu de gens savent que « le tabagisme est diabétogène ». Dans cette interview, Pr Georges Ouédraogo, coordonnateur

Read More...

Centre de radiothérapie de Bogodogo : « Il y est prévu la gratuité des soins pour une catégorie de malades », dixit le premier ministre Apollinaire Kyelem

Le premier ministre Apollinaire Kyelem a exposé la situation de la nation à l’Assemblée législative de transition (ALT), ce

Read More...

Leave a reply:

Your email address will not be published.

Mobile Sliding Menu



GRATUIT
VOIR