AGRESSION DES AGENTS DE LA SANTE : LE SYNTSHA NE VEUT PAS DE POLICIERS A YALGADO

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 Il était initialement prévu une marche du personnel, le 9 février 2017, qui partirait du Centre hospitalier universitaire Yalgado Ouédraogo (CHU-YO)  et qui aurait pour point de chute le ministère de la Santé. Mais, le jour-J, au lieu d’une marche, les travailleurs du CHU-YO ont observé un sit-in aux allures d’une Assemblée générale devant le service des urgences de l’hôpital, à Ouagadougou. Au cours de ce sit-in, Hamadi Konfé, Secrétaire général de la sous-section du Syndicat national des travailleurs de la santé humaine et animale (SYNTSHA) du CHU-YO, s’est attaqué à trois sujets majeurs, en l’occurrence la sécurité des agents de santé et du personnel en général, l’amélioration des conditions de travail des agents, et l’application de la loi 081 au profit des agents de l’hôpital.

 Jeudi 9 février 2017, un nouveau jour s’est levé sur le CHU-YO. Et dès le matin, des indices montraient que cette journée serait particulière. En effet, aux environs de 8h, on constatait déjà des petits groupes par-ci et par-là devant le service des urgences médicales. Assis sur des nattes ou sur l’estrade, les accompagnants des malades hospitalisés dans ledit service, certains seuls, le regard hagard, d’autres causant entre eux, ne comprenaient pas trop ce qui se passait. Au fur et à mesure, le regroupement grossissait, et certains accompagnants de malades qui pensaient être bien installés, étaient obligés de ramasser leur natte, à contrecœur, afin de faire de la place aux manifestants. Idrissa Coulibaly, depuis le hangar dressé pour les accompagnants des malades, suivait silencieusement tout ce qui se passait. Pour savoir ce qu’il pense de ce rassemblement, nous nous sommes approché de lui et il nous a même invité à partager son banc. De prime à bord, il s’est dit surpris par le mouvement d’humeur dont il était témoin. Visiblement fatigué, les yeux rougis par le manque de sommeil, il nous confia qu’il est là avec son papa de 84 ans qui est hospitalisé dans les urgences depuis lundi. Malgré l’inquiétude qui se lisait sur son visage, il nous a fait comprendre que le personnel avait tout à fait raison de réagir de la sorte, après les agressions que certains d’entre eux ont subies. « Ce n’est pas normal que l’on agresse les agents de santé. Un peu de civisme quand même ! Il faut qu’on se respecte dans ce pays. Dieu merci, il y a un service minimum. Nous sommes sous un nouveau soleil et il faut que ce soleil brille pour nous tous.  Il n’y a pas de pays sans problème mais que Dieu donne des solutions à nos problèmes ». A 9h, la majorité des agents étaient devant les urgences médicales, point de rencontre pour le début de la marche. Et certains avaient même pris des dispositions particulières. En témoignent les chaussures fermées que certains agents portaient. Et ce serait une lapalissade de dire qu’ils étaient vêtus, en majorité, en blouse  blanche ou en blouse verte. Au lieu d’une marche comme prévu, il y a eu un changement de programme puisque le 8 février 2017, le ministre de la Santé, Smaïla Ouédraogo, a eu une rencontre avec la Direction du CHU-YO, la Direction de la police et la sous-section SYNTSHA dont le Secrétaire général est Hamadi Konfé. Et c’est ce dernier qui a fait le compte-rendu  de la rencontre qui a eu le lieu la veille, de 16h à 20h.  Il a confié à ses camarades qu’avec le ministre, les points abordés étaient relatifs à la santé des travailleurs, à la transparence dans la gestion, la participation du SYNTSHA à la vie du CHU-YO et aux conditions de travail. La question de la sécurité du personnel n’a pas été occultée. En effet, concernant ce dernier point, Hamadi Konfé a relevé que la Direction de la police a affirmé que tous les agresseurs ont été arrêtés, sauf un qui a réussi à quitter le pays. Et pour la sécurité des agents, le Secrétaire général a affirmé qu’il leur a été proposée « l’installation de la police au sein de l’hôpital, pour assurer leur sécurité ». Relativement à cette proposition, Hamadi Konfé a signifié qu’il n’était pas question que la police investisse les lieux, parce qu’«au début, ce sera pour notre sécurité et après, ils seront contre nous. La présence de la police constitue un danger pour nous et ce n’est pas un remède aux agressions des agents du CHU-YO ».

« Parmi nous, il y a des brebis galeuses »

Pour résoudre ce problème, le Secrétaire général de la sous-section estime que l’Etat doit prendre ses responsabilités en « soignant notre communication avec les malades et nous aider à avoir des pratiques saines avec les malades. On monte la population contre le personnel soignant et cela, à travers la politique de gratuité des médicaments que les agents de santé ont du mal à mettre en œuvre à cause de la rupture en médicaments. Dans ce contexte, quand on fait des ordonnances pour les malades, les patients s’énervent et s’en prennent aux agents de santé », a-t-il déploré avant d’ajouter que « la grande majorité des agents de santé travaillent consciencieusement mais parmi nous, il y a des brebis galeuses ».

Relativement aux conditions de travail, Hamadi Konfé  a indiqué qu’au cours de la rencontre avec le ministre, ils ont plaidé pour un renforcement du personnel du CHU-YO en médecins spécialistes et la dotation de l’hôpital en matériel nécessaire et en agents compétents, pour la bonne marche du travail. En ce qui concerne les infrastructures, il a été demandé «d’améliorer les conditions d’accueil des services cliniques afin de mettre fin à l’hospitalisation  des malades à même le sol, et aussi de mettre en état de fonctionnement permanent, les lavabos et les toilettes des services ». Beaucoup d’aspects ont été abordés au cours de la rencontre avec le ministre, au nombre desquels l’approvisionnement régulier  des services cliniques  et médico-techniques en consommables médicaux, la continuité des services médico-techniques (imagerie médicale, laboratoire) 24 heures sur 24 et tous les jours de la semaine, afin de « mettre fin aux souffrances des malades parfois grabataires et obligés d’effectuer de fréquents déplacements en ville en taxi, pour faire des examens qui devraient pourtant se faire au CHU-YO ».

Concernant la santé des travailleurs, le syndicat a demandé l’application du système d’exonérations pour le personnel, leurs partenaires, leurs ascendants et descendants et la disponibilité de cette exonération 24heures sur 24. Pour ce qui est de la transparence dans la gestion et la participation du SYNTSHA à la vie du CHU-YO, la question de la participation du SYNTSHA au conseil de direction, à la commission des marchés publics, à la commission d’élaboration du plan d’action, a aussi été posée. Par ailleurs, au cours de la rencontre, Hamadi Konfé a rapporté que sur la question de la loi 081, il a été dit qu’en ce qui concerne  les agents du CHU-YO, ils ne sont pas concernés par cette loi parce que l’hôpital est un Etablissement public de l’Etat (EPE). Pour tout dire, « c’est la plateforme revendicative de mars dernier que nous avons reconduite hier (ndlr : 8 février dernier) a expliqué le Secrétaire général ». « Il y a des points sur lesquels nous nous sommes entendus, mais il y a aussi eu des points divergents ». Tout compte fait, le sit-in qui était prévu pour ce 10 février, a été suspendu, a communiqué le Secrétaire général. « Mais nous restons vigilants et nous attendons de voir la réalisation des engagements du gouvernement ; sinon … ». C’est sur cette note de mise en garde des autorités que Hamadi Konfé a mis fin au rassemblement aux environs de 11h,  en appelant les agents à rejoindre leurs postes respectifs.

Françoise DEMBELE

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