En Afrique du Sud, des distributeurs d’un nouveau genre ont fait leur apparition dans certains townships de Johannesburg. Il ne s’agit pas de retirer de l’argent mais des médicaments, en majorité des antirétroviraux. Ces machines, inédites sur le continent, permettent aux patients de gagner un temps précieux pour récupérer leurs médicaments, et d’ainsi éviter les lenteurs du système de santé sud-africain.
Le « distributeur de pharmacie » comme les Sud-Africains l’appellent est identique à un distributeur bancaire. Seule différence, une interaction en direct avec un pharmacien est possible.
« Vous scannez votre carte, vous entrez votre mot de passe. Comme vous le voyez, vous pouvez ensuite choisir votre prescription et voir ce qu’il y a dessus, ou alors vous pouvez appeler un pharmacien en direct. Là, vous voyez, la pharmacienne est en train de finaliser la procédure. Mais avant de me donner les médicaments, elle va me poser quelques questions de sécurité. »
Résultat : en trois minutes, vous recevez votre traitement. Une révolution pour Thabo pour qui récupérer son traitement était synonyme d’absence au travail.
« A la clinique, on attend souvent entre 5 et 6 heures, ici ça ne prend que trois minutes. Donc avant je n’allais pas au travail, car si vous attendez 6 heures, vous n’avez pas le temps de travailler. Ce qui veut dire que vous devez être absent une journée par mois »
Simanjele Magao utilise, elle, le distributeur pour la première fois pour son traitement contre l’hypertension.
« Je trouve ça très simple. J’avais peur quand je suis arrivée. Mais en fait c’est intuitif pour quelqu’un comme moi. Et j’adore pour être honnête ! »
Les machines existantes aujourd’hui sont toutes situées dans des townships, une question de public et d’accessibilité pour le pharmacien Taffy Chinamhora.
« C’est dans les townships qu’on trouve le plus de personnes aux faibles revenus, donc ce sont eux qui utilisent le système public de santé. Dans les quartiers aisés, les gens ont des assurances maladie donc vont plutôt aller dans les hôpitaux privés. »
D’après Fanie Hendriksz, manager de l’ONG EPharmacy, dans 70% des cas, ce sont des antirétroviraux qui sont distribués, mais pas que.
« Vous ne voulez pas que le patient soit stigmatisé, vous ne voulez pas que les distributeurs soient connus pour être uniquement des distributeurs d’antirétroviraux. Donc nous distribuons un large panel de médicaments. Par distributeurs, vous pouvez avoir jusqu’à 6 000 traitements différents, contre le diabète, contre l’hypertension ou l’hypotension. »
Les distributeurs sont réservés seulement aux patients qui souffrent d’une maladie chronique et qui sont dans un état stable. Après les townships, les machines devraient arriver dans les campagnes l’an prochain.
Source : RFI