Il est endocrinologue au Centre hospitalier universitaire de Ouagadougou (CHU-YO), en service de médecine interne. Lui, c’est Dr Yempabou et il travaille à soulager les enfants diabétiques à travers le programme américain « Life for à child ».
« Le programme « Life for a child » qui intervient depuis 2013 au Burkina Faso, est coordonné au niveau du Burkina Faso par le Pr Joseph Drabo. L’idée du programme est partie du fait que depuis plusieurs années, en collaboration avec le service de pédiatrie, on nous envoyait des enfants diabétiques. Le Pr Drabo s’est rendu compte que quand les patients du service pédiatrique viennent, ils sont pris en charge en hospitalisation et après, il n’y a pas de suite. Et en essayant de comprendre, il s’est rendu compte que c’était à cause de l’accès aux médicaments parce que les enfants diabétiques sont sous insuline, le seul traitement efficace contre le diabète des enfants. L’insuline n’est pas du donné parce que cela faisait dépenser au bas mot 25 000 F CFA par mois et par patient. C’est pour cela qu’on ne revoyait plus les enfants. Le Professeur a donc essayé de voir comment trouver un mécanisme pour pallier cet état de fait. C’est dans ce cadre qu’il a monté le projet et approché « Life for a child « qui intervenait au Mali. Le programme a accepté d’accompagner le Burkina Faso dans la prise en charge des enfants et adolescents diabétiques jusqu’à l’âge de 25 ans. Donc, jusqu’à l’âge de 25 ans, tous les enfants et adolescents que nous suivons, ont gratuitement l’insuline, le matériel de surveillance, parce que tous les diabétiques de type 1 doivent s’autocontrôler au minimum deux fois par jour mais normalement, chacun devait avoir six glycémies par jour qui coûtent énormément chères. L’appareil coûte en pharmacie entre 15 000 à 30 000 F CFA. Quant aux bandelettes qui ne sont pas réutilisables, la boîte de 25 qui correspond à une semaine de suivi, coûte 7 500 F CFA. Pour les enfants, il faut au minimum deux boîtes de cinquante bandelettes. Et « Life for a child « fournit les bandelettes pour deux contrôles par jour et c’est le minimum, car dans les recommandations, c’est six contrôles, c’est-à-dire que les diabétiques doivent contrôler leur glycémie avant et après chaque repas et tard dans la nuit. Ce qui fait que c’est tout un budget pour ceux qui n’ont pas les moyens. En plus de l’insuline et du matériel de contrôle, le programme nous donne aussi des aiguilles. Ce sont les trois axes que le programme accorde en accompagnement pour tous les enfants et adolescents jusqu’à l’âge de 25 ans. Après 25 ans, il faudra faire un lobbying auprès d’autres ONG ou au niveau du gouvernement pour que cette prise en charge puisse se poursuivre parce que ce sont des gens qui, pour la plupart, viennent de familles pas si aisées et même si ce sont des familles aisées, le coût de la prise en charge empiète sur le budget de la famille.
Les enfants suivis à Ouagadougou par le programme en 2019 sont au nombre de 123. A Bobo-Dioulasso, le programme intervient depuis 2016, et c’est autour d’une trentaine d’enfants suivis. Pour les enfants d’autres localités, on essaie de voir. Tant qu’il y a un médecin qui accepte de s’engager volontairement, on le prend. Les sites qui prennent les enfants en charge se trouvent à Koudougou, Ouahigouya, Mogtédo, Kombissiri et Manga.
Le plaidoyer est que le programme puisse continuer au-delà de 25 ans parce que l’espérance de vie d’un diabétique de type 1 sans insuline est d’une année « .
Propos recueillis par Françoise DEMBELE