ACUPUNCTURE : une médecine qui soulage

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Tout comme la médecine moderne, l’acupuncture soigne les malades. Mais cette médecine chinoise  semble être méconnue au Burkina Faso. La médecine conventionnelle soigne avec la chirurgie et les médicaments tandis que l’acupuncture qui est une médecine traditionnelle chinoise soigne avec des aiguilles et des plantes. De plus en plus de malades y font recours. Et le 12 avril 2016, nous avons passé une heure dans le service d’acupuncture situé dans le Centre hospitalier universitaire Yalgado Ouédraogo de Ouagadougou (CHU-YO). Nous y avons rencontré les usagers et nous nous sommes entretenus avec le seul médecin pratiquant cette science chinoise vieille de plusieurs siècles.

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Dès le seuil de la porte d’entrée du service d’acupuncture, on pouvait constater l’affluence dans la salle d’attente dudit service en cette soirée caniculaire du 12 avril 2016. Visages serrés, regard hagard,  les patients attendent leur tour pour être soumis à l’acupuncture. La séance d’acupuncture dure 20 minutes à raison de deux séances par semaine pour tous les malades. Des séances devenues indispensables pour certaines personnes. Comme c’est le cas de cette dame de 70 ans qui ne peut plus se passer de cette médecine chinoise depuis qu’elle est entrée dans la phase de la ménopause. Pour faire face aux syndromes de la ménopause plus précisément les névrites, cette dernière a recours à l’acupuncture.

Alors que Dr Louis  Baziemo, en sueur, seul à s’occuper de tous les malades du service d’acupuncture, fait la navette entre les chambres et les lits, nous le suivons pour savoir comment il arrive à s’occuper de la multitude de patients qu’il reçoit chaque jour. Et quelques fois, nous nous attardons dans une chambre pour converser avec les malades. C’est ainsi que nous avons rencontré Fatou Dabiré/Ki, la quarantaine bien sonnée venue de Dano, localité située à  plus de 200 kilomètres de Ouagadougou pour sa séance d’acupuncture au CHU-YO. Elle avait fini de faire sa séance d’acupuncture et c’est avec un visage détendu et rayonnant qu’elle répond à nos questions. « Vraiment, je rends grâce à Dieu parce que je vais de mieux en mieux depuis que j’ai commencé l’acupuncture au CHU-YO », nous a-t-elle confié. En effet, Fatou Dabiré/Ki, souffre d’une hernie discale et elle raconte son calvaire : « Au début de la maladie, je souffrais énormément et me tenais à peine debout. C’est par le « bouche à oreille » que j’ai été informée de l’existence du service d’acupuncture à Ouagadougou. Je n’y croyais pas trop, mais je suis quand même venue. Après la première séance, la nuit tombée, j’ai dormi comme un bébé tellement je me sentais bien dans ma peau. J’ai fait deux fois 10 séances à raison de 2 séances par semaines. Aujourd’hui, (ndlr mardi 12 avril), je recommence une autre série de 10 séances. Si je ne fais pas les deux séances d’acupuncture par semaine je sens que mes nerfs sont engourdis et que je ne suis pas détendue. L’acupuncture me fait tellement de biens que j’ai convaincus beaucoup de collègues qui souffrent dans leurs corps à venir suivre des séances d’acupuncture. Il y’en a qui sont réticents parce que l’acupuncture se fait avec des aiguilles et ils ont peur d’être contaminé par le VIH et autres maladies transmissibles par le sang. Mais je suis arrivée ça les rassurer et ils promettent de faire l’expérience de l’acupuncture ».

Comme Fatou, la petite Deogracias Sandwidi, âgée de 4 ans, a aussi recours à l’acupuncture. Couchée sur le lit d’hôpital, sa maman à son chevet, elle avait des aiguilles plantées au niveau de la gorge et du bras. En fait, elle était en train d’effectuer sa séance d’acupuncture. Deogracias semblait se sentir bien. Mais ne pouvait exprimer ce qu’elle ressentait. En effet, explique la maman de Déogracias : « Mon enfant est âgée de 4 ans mais ne parle pas et ce, depuis sa naissance. A tout point de vue, elle ressemble aux autres enfants mais aucun mot ne sort de sa bouche.  On m’a conseillé de venir au service d’acupuncture du CHU-YO après avoir parcouru tous les hôpitaux de Ouagadougou. Après la consultation au service d’acupuncture, le médecin a dit que ma fille souffrait d’aphrasie, un trouble de langage. Après la première séance, j’ai constaté une amélioration chez ma fille.  Et quand on rentrait à la maison, en cours de route, j’ai vu de l’eau je lui ai montré en disant « l’eau ». Et elle s’est mise à répéter « l’eau ». Elle le répétait tant et si bien que tout le monde nous regardait sur la route. Et quelques jours après la première séance, elle pouvait dire « maman », « papa », mots qu’elle n’avait jamais prononcé. Nous sommes à la deuxième séance aujourd’hui (ndlr mardi 12 avril). En tout cas, je rends grâce à Dieu parce qu’elle va de mieux en mieux », s’épanche la maman de Deogracias Sandwidi. C’est à croire que l’acupuncture a un effet « magique » sur les patients.

Et cet effet, Laye Dianda, 17 ans, venu de Manga, située à 120 kilomètres de Ouagadougou, l’a certainement ressentie, lui qui est à sa troisième séance. A l’entendre, il y a eu beaucoup d’amélioration, car pour venir à la première séance, il a été transporté par quelqu’un. Aujourd’hui, il est à sa troisième séance, même si c’est difficilement, il a marché seul pour rejoindre le service d’acupuncture. C’est dire qu’il y a de l’amélioration depuis son accident. En effet, le jeune Alaye de 17 ans a fait une chute traumatique qui l’a rendue hémiplégique. A travers les malades que nous avons rencontrés, nous en concluons que l’acupuncture est utilisée pour soulager plusieurs patients atteints de diverses maladies et leur procurer un certain confort de vie.

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Entre deux séances d’acupuncture, Dr Louis Baziemo, chef de service acupuncture du CHU-YO répond à nos préoccupations : « L’acupuncture est une spécialité qui permet de prendre en charge surtout les malades qui ressentent beaucoup de douleurs. Avec l’acupuncture on peut poser des actes de diagnostics tout comme des actes de traitement. C’est fondamentalement une science de la chirurgie, parce qu’elle consiste essentiellement  en la manipulation de l’énergie. Ce qu’on appelle en chinois le « qui », « l’énergie essentielle », celle avec laquelle l’homme nait. L’acupuncture est une manipulation de cette énergie à travers l’insertion d’aiguilles fines. Et c’est cette stimulation qui va permettre au corps de produire des hormones ou de se régénérer afin d’aboutir à un but thérapeutique. Cette spécialité prend en charge les différentes formes d’algie, les migraines, les douleurs de dos, les douleurs de genoux, les hémiplégies, les paraplégies et autres difficultés de mouvement au niveau des doigts, du cou. L’acupuncture prend aussi en charge des problèmes gastriques tels la diarrhée, la constipation. Au niveau de la gynécologie, l’acupuncture intervient aussi quand il y a des problèmes d’aménorrhée, de dis-ménorrhée. En obstétrique, quand il y a des problèmes d’expulsion de fœtus, des cas de dystocie, l’acupuncture peut aider la femme, dans une période de 15 à 30 mn, à expulser le bébé quand il n’y a pas de problèmes d’étroitesse de bassin. Au niveau métabolique, l’acupuncture peut aider à rétablir un certain équilibre au niveau de l’organisme, en l’occurrence la prise en charge du diabète, de l’hypertension artérielle et autres ». Dr Louis Baziemo a tenu à préciser que « l’acupuncture est une spécialité médicale relevant du domaine de la médecine chinoise qui appartient au grand département de médecine interne. Cette spécialité de la médecine chinoise a près de 3 000 ans d’histoire et d’expérience ».

Mais le hic est que le service d’acupuncture est mal connu et dépourvu de personnel suffisant. « Je suis pratiquement le seul burkinabè, depuis 18 ans, qui a été formé en Chine. Et depuis 18 ans je travaille seul », souligne avec amertume Dr Louis Baziemo. Il poursuit : «  on a un problème de formation, d’information et de communication. Je suis seul et avec le nombre croissant de malades que je reçois ces derniers temps, je risque d’en pâtir physiquement ou mentalement. J’aurais aimé travailler avec des jeunes qui ont été formés à l’extérieure ou avoir la possibilité de former certains avec lesquelles je pourrai partager le travail. Autrement, quand je ne suis pas là, le service d’acupuncture est fermé et les malades doivent attendre alors qu’un malade ne doit pas attendre. Ce n’est pas bien mais c’est la réalité. Il faut que les autorités du Burkina Faso se rendent compte que la médecine est plurielle et les moyens sont pluriels. Donc je leur demande d’initier des bourses pour permettre aux médecins de se former et apprendre toutes les spécialités qui existent dans le domaine de la médecine ».

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